Sun Lu Tang était très enjoué à l’idée d’aller à Pékin pour étudier avec Cheng Ting Hua, mais il retourna d’abord visiter sa mère à Bao Ding et dire à l’érudit Zhang et à sa fille qu’il souhaitait repousser le mariage pour quelque temps encore. Il reçut leur permission et se mit en route pour Pékin afin d’y étudier avec Cheng. Celui-ci accepta Sun comme étudiant et commença à lui enseigner le Ba Gua Zhang. Sun Lu Tang était âgé à cette époque d’une trentaine d’années. Cheng commença l’enseignement de Sun en Ba Gua Zhang par la pratique de la marche en cercle.
Après que Sun ait pratiqué pendant un moment, Cheng dit qu’il allait lui montrer quelque chose à propos de la méthode de combat du Ba Gua Zhang. Il demanda à Sun de l’attaquer et de ne pas se retenir. Sun attaqua avec Beng Quan. Cheng utilisa le jeu de jambes évasif du Ba Gua pour se dégager rapidement de la trajectoire de l’attaque et instantanément se positionna derrière Sun. Celui-ci continua à attaquer, toutefois, chaque fois qu’il se déplaçait vers Cheng,, celui-ci finissait derrière lui. Finalement Sun se tourna une fois et encaissa la « double paume écrasante » de Cheng pour se retrouver projeté sur plusieurs mètres. Sun fut très impressionné par Cheng et fut déçu de son propre niveau de compétences. Cheng dit à Sun que ce qu’il avait utilisé était seulement les arcanes de base du Ba Gua Zhang ; l’art de la paume des huit trigrammes était bien plus profond que ce qu’il avait démontré.
Liang Ke Quan, un professeur de Ba Gua et de Xing Yi à Pékin qui étudia le Ba Gua avec le fils de Cheng Ting Hua, Cheng You Xin, raconte une histoire à propos des débuts de Sun avec Cheng. Liang rapporte que pour sa première année de pratique avec Cheng, Sun ne fut autorisé à pratiquer que des postures statiques et la marche en cercle. Toutefois il allait pratiquer de son propre chef d’autre chose dans le dos de son enseignant. Il existait une place derrière la Cité Interdite ou étaient entreposés de vieux canons couchés. Il allait frapper ses canons quotidiennement et après plusieurs mois, il pouvait les frapper et les faire se déplacer de façon légère bien qu’ils pesaient plusieurs centaines de livres par pièce.
Après que Sun ait été avec Cheng depuis environ un an, un artiste martial célèbre vint à Pékin depuis le sud afin de défier Cheng Ting Hua. Cheng envoya ses meilleurs étudiants combattre le sudiste mais tous ses étudiants furent vaincu. Cheng devint nerveux à l’idée de perdre sa réputation et se prépara à combattre le visiteur lui-même. Alors qu’il partait, Sun le retint et dit « Je vais le combattre.» Cheng dit, « La seule chose que vous ayez pratiqué est la marche en cercle, comment espérez-vous vaincre cet homme qui a défait mes étudiants les plus avancés ? » Sun répliqua, « il a vaincu tous les autres, alors s’il me vainc moi, cela n’aura aucune incidence, toutefois s’il vous battait vous, vous perdriez votre réputation.»
Cheng partit voir le boxeur du Sud et lui dit qu’il avait encore un étudiant contre qui il devrait combattre et Sun s’avança. Lorsque le combat débuta, Sun bougeait autour de son adversaire et le frappait comme il frappait les canons derrière la cité interdite. Sun le frappa si fort qu’il l’éjecta par la fenêtre de l’immeuble. Cheng Ting Hua était si content qu’il frappa de la paume le banc sur lequel il était aussi et le brisa en deux. L’artiste martial du Sud s’agenouilla devant Cheng et dit, « Le Sud fut vaincu devant le grand Cheng Ting Hua.»
Sun prit des notes sur tout ce que Cheng lui avait enseigné et ceci forma les bases de ce qui allait devenir plus tard ses écrits sur le Ba Gua Zhang. Après avoir étudié avec Cheng pendant trois ans Sun fut très aguerrit dans le Ba Gua à mains nues, de l’épée et de la lance. Le Maître lui dit qu’il avait appris rapidement grâce à ses antécédents et ses habiletés naturelles. Il lui donna le surnom de « plus ingénieux qu’un singe en alerte.» Après que Sun ait fini ses trois ans d’étude avec Cheng, celui-ci lui dit que rester ici plus longtemps ne l’aiderait pas beaucoup. Il ajouta, « J’ai enseigné plus d’une centaine de personnes. Aucun de mes autres étudiants n’est aussi intelligent et diligent que Sun. Je lui ai transmis tout mon savoir et désormais son niveau est invincible en ce monde. »
Cheng dit à Sun qu’il avait besoin de partir s’évaluer dans le monde. Il était réticent à l’idée de partir, mais le Maître soutint dit qu’il devait partir. Il dit aussi à Sun que son niveau de Gong Fu était tel que s’il devait se retrouver à combattre, son professeur ne « perdrait pas la face » et dit, « Les principes de la boxe de notre école sont intimement liés à la théorie du Yi Jing. Si vous désirez atteindre les plus hauts niveaux de pratique, il est nécessaire pour vous d’étudier l’origine de cet art et donc, de comprendre la théorie du Yi Jing. Je sais que certaines personnes dans la Province de Sichuan sont particulièrement aguerries dans ces théories. Vous devriez partir pour las – bas. » Avant que Sun ne parte, Cheng lui dit de bien se rappeler ceci, « la fierté vous causera du tort alors que vous tirerez toujours parti de l’humilité.» Cheng lui donna alors le nom « Lu Tang ». Ce fut depuis cet instant qu’il fut connu dans les sphères martiales sous le nom de Sun Lu Tang.
Sun Jian Yun relate un cas où ce changement de nom causa quelques confusions plus tard dans sa vie… L’un des autres étudiants de Ba Gua Zhang de Cheng Ting Hua, Zhou Yu Xiang enseignait le Ba Gua Zhang et le Xing Yi Quan à Tianjin ( Zhou a étudié le Xing Yi Quan avec Li Cun Yi ). Sun était en ville et passait visiter Zhou. Bien qu’ils étaient de la même école de Ba Gua Zhang, ils n’étudièrent pas à la même époque avec Cheng et de ce fait ne se rencontrèrent jamais. Lorsque Sun entra dans l’école de Zhou, celui-ci lui demanda son nom et Sun répondit, « Mon nom est Sun Lu Tang.» Zhou n’avait jamais entendu ce nom, il connaissait seulement le nom de Sun Fu Quan, et donc ne savait pas qui était ce visiteur. Zhou demanda s’il pratiquait les arts martiaux. Sun, réalisant que Zhou ne savait pas qui il était, dit, « Oui je pratique le Gong Fu du Shaolin ». Son attitude portait à croire qu’il pensait son style supérieur à celui que le visiteur pratiquait. Il dit, « Pourquoi ne me montreriez-vous pas quelque peu votre Shaolin.» Zhou attaqua Sun de manière douce et celui-ci put appliquer son art. Il en montra une application. En guise de réponse Zhou dit, « Cela ne semble pas être du Shaolin à mes yeux. Essayons encore. » Cette fois-ci, Zhou l’attaqua avec plus de force, en essayant de réellement le frapper. Sun évita le coup et frappa Zhou de telle manière que sa tête passa à travers le plafond – bas, constitué de papier. Zhou dit, « Ceci n’est pas du Shaolin. Je reconnais cela comme étant du Xing Yi Quan. Qui êtes-vous ? » Sun répliqua, « Comme je vous l’ai dis, je m’appelle Sun Lu Tang, également connu sous le nom de Sun Fu Quan. » Zhou dit alors, «Désormais je sais qui vous êtes. Nous sommes frères d’armes ! Pourquoi ne m’en avez-vous pas fait part? » Zhou s’excusa alors pour ses manières un peu rudes.
Un rencontre amicale semblable est arrivé à Sun et un autre des étudiants de Li Cun Yi, Ma Yu Tang. Sun travaillait comme garde du corps d’un officiel du gouvernement à Xing Tang dans la province du Hebei. Sun et Ma se connaissait l’un l’autre de nom, mais ne s’était jusque là jamais rencontrés. Ma Yu Tang était connu pour être un grand plaisantin et amateur de blagues. Il était parti visiter l’endroit où vivait Sun en espérant le rencontrer. Il était dehors un soir et reconnut l’officiel du gouvernement connu comme étant l’employeur de Sun. Bien que Ma ne sache pas à quoi ressemblait Sun, il se figura que l’homme qui voyageait avec l’officiel devait être celui-ci. Lorsque l’officiel entra dans un petit immeuble, Sun attendit dehors dans une allée étroite. Ma se glissa derrière Sun et bondit sur lui dans une attaque factice. Sun se retourna rapidement et saisi Ma de telle façon qu’il ne pouvait plus bouger. Sun cria, « Qui êtes-vous !?» Ma répondit, « Je suis Ma Yu Tang. Nous sommes du même système de Xing Yi Quan.» Sun dit, « Oui, j’ai entendu parler de vous et pensais bien que c’était vous qui devait m’attaquer de la sorte. Vous êtes le seul assez fou pour faire une telle chose !» Ils se mirent à rire ensemble et devinrent alors bons amis.