Il est bon de noter qu’il n’existe pas de portrait de Wong Feihung et que la photo qui circule (comme ici) sur Internet est celle de l’un de ses fils, qui lui ressemblait le plus. En effet, la maison où il habitait ayant été brûlée par un gang rival de Foshan, les photos le furent également. Un éditeur prit une photo, avec l’accord de la femme de Wong Feihung, de l’un de ses fils, avec le devoir de préciser qu’il s’agissait d’une ressemblance et non de son mari. L’éditeur (M. Leung) a, semble-t-il, omis cette anecdote.

Wong Feihung (黃飛鴻), né Wong Sek-cheung et surnommé Tat-wun, est né le 9 juillet 1847 et décédé le 17 avril 1925. Sa renommée récente est due au fait qu’il est devenu le protagoniste de nombreux films et séries télévisées d’arts martiaux. Même s’il était considéré comme un expert du style Hung Gar, sa véritable renommée publique était liée à son activité de médecin : il pratiquait et enseignait l’acupuncture, le Dit Da et d’autres formes de médecine traditionnelle chinoise dans la désormais célèbre école Po Chi Lam (寶芝林), une clinique médicale à Canton (Guangzhou), province de Kwangtung (Guangdong).
Un musée dédié à ce célèbre héros a été construit dans sa ville natale, à Fatshan (Foshan), Kwangtung.

Enseigne de Po Chi Lam.

Nom alternatif 

Le prénom original de Wong était Sek-cheung ou Xixiang (锡祥) avant d’être changé en Fei-hung. Son nom de courtoisie était Dat-wan ou Dayun (錫祥), que l’on pourrait traduire par « atteindre les nuages ».

Un nom de courtoisie est un nom traditionnellement donné aux hommes chinois à l’âge de 20 ans, marquant leur passage à l’âge adulte.

LA VIE

Wong est né dans le hameau de Luzhou, village de Lingxi, qui fait aujourd’hui partie de la ville de Foshan, province du Guangdong, sous le règne de l’empereur Daoguang, durant la dynastie Qing.

À l’âge de cinq ans, Wong a commencé à apprendre le Hung Gar (洪家拳) auprès de son père, Wong Kei-ying. Il accompagnait souvent ce dernier lors de voyages de Foshan à Guangzhou, capitale de la province du Guangdong, où son père colportait des médicaments et pratiquait les arts martiaux dans les rues.

À l’âge de treize ans, il rencontra Lam Fuk-sing (林福成), un apprenti surnommé « Les trois ponts de fer », dans une rue de Foshan. Lam lui enseigna l’utilisation de la fronde ainsi que les mouvements essentiels d’une pratique martiale appelée Tiě xiàn quán (鐵線拳), le « Poing en fil de fer ».

Wong Feihung apprit ensuite auprès du maître de son père, son oncle Luk Ah Choi, avant que son père ne reprenne l’enseignement. Plus tard, il apprit le « Coup de pied sans ombre » de Sung Fai-tong (宋輝鏜) lors d’un combat.

Wong Feihung était très aimable, comme son père, et se fit de nombreux amis dans les milieux martial et médical, notamment parmi les fameux « Dix Tigres du Guangdong ». Grâce à ces amitiés et à ces rencontres fortuites, il fut exposé à une grande quantité de connaissances, généreusement partagées avec lui. Pour cette raison, il fut capable d’améliorer les enseignements de son père et de formuler un style comprenant une grande partie de ce que l’on retrouve aujourd’hui dans les styles du sud de la Chine.

Le coup de pied sans ombre (無影腳), également appelé « coup de pied fantôme », est une technique de coups de pied du répertoire Hung Gar. Elle a été rendue célèbre par Wong Feihung, réputé pour l’avoir utilisée avec efficacité.

En 1863, Wong ouvrit une école d’arts martiaux à Shuijiao (水腳), à Saikwan, dans la ville de Guangzhou. Ses étudiants étaient principalement des ouvriers du métal et des vendeurs de rue.

En 1886, Wong ouvrit la clinique médicale familiale, Po Chi Lam (寶芝林), à Ren’an, qui fait aujourd’hui partie de la route Xiaobei.

Selon la légende, dans les années 1860 ou 1870, Wong fut recruté par Liu Yongfu (劉永福), le commandant de l’Armée du Pavillon Noir, pour être médecin et instructeur d’arts martiaux auprès des soldats réguliers et de la milice locale à Guangzhou. Il accompagna également l’Armée du Pavillon Noir pour combattre l’Armée impériale japonaise lors de l’invasion de Taïwan (ancienne Formose) en 1895.

Il devient très vite connu et respecté pour sa forte personnalité, son honnêteté et ses valeurs morales. Sa célébrité l’amènera à devenir l’instructeur de l’armée de Canton ainsi que le dirigeant de la milice civile. Il aurait acquis son renom de héros après avoir combattu et vaincu à lui seul un gang de trente-six hommes de la secte du lotus blanc. Sans compter ses compétences en kung-fu et en médecine, il était également célèbre pour l’excellence de sa danse du lion et on faisait référence à lui comme le « Roi des lions » où il représenta l’école de son père au grand tournoi de Pékin.

Liu Yongfu (劉永福), né le 10 octobre 1837 à Qinzhou dans le Guangdong et mort en janvier 1917, était un soldat de fortune chinois, commandant de l’armée des Pavillons noirs, d’anciens rebelles Taiping commandés par Liu Yongfu (1837-1917, Lưu Vĩnh Phúc ou Lưu Vĩnh Phước en vietnamien). Ils furent expulsés de Chine en 1864 vers le Tonkin, après l’écrasement de leur révolte (1850-1864). Les Annamites les utilisèrent contre les tribus des montagnes, entre le fleuve Rouge et la rivière Noire. À ce titre, Liu Yongfu obtint un rang officiel à la cour. Les Pavillons noirs harcelèrent ensuite les Français sur le fleuve Rouge. Un corps expéditionnaire commandé par Henri Rivière fut envoyé en 1881 : c’est la guerre franco-chinoise (1881-1885). Les Pavillons noirs combattirent alors avec les troupes impériales chinoises contre les Français (les impériaux toléraient ces anciens rebelles à condition qu’ils restent en dehors de la Chine). Ils participèrent notamment au siège des troupes françaises (principalement la Légion étrangère) à Tuyên Quang en 1885, au Tonkin.

À la fin de la guerre, en juin 1885, Liu Yongfu rentra en Chine et les Pavillons noirs furent officiellement dissous. La plupart se transformèrent alors en bandits, continuant à harceler les Français pendant plusieurs années. L’une de leurs troupes pilla notamment Luang Prabang en 1887. En 1895, Liu Yongfu devint le dernier chef de gouvernement de Formose avant l’occupation japonaise.

En 1912, la République de Chine fut créée suite à l’effondrement de la dynastie Qing. Au cours des premières années chaotiques de l’ère républicaine, de nombreux hommes d’affaires exploitant des lieux de divertissement à Guangzhou décidèrent d’embaucher des gardes (ou des videurs) pour protéger leurs établissements en cas de problème. Comme Wong avait été formé aux arts martiaux, il fut engagé par diverses entreprises pour assurer ce rôle.

En 1919, lorsque la Chin Woo Athletic Association ouvrit une succursale à Canton, Wong fut invité à se produire lors de la cérémonie d’ouverture. La même année, Wong Hon-sam, l’un des fils de Wong, qui travaillait comme garde du corps à Wuchow, fut assassiné par un rival connu sous le nom de « L’œil du diable » Leung (鬼眼梁), apparemment jaloux que Wong Hon-sam soit meilleur que lui en arts martiaux. Wong fut tellement affecté par cet incident qu’il cessa d’enseigner les arts martiaux à ses neuf autres fils.

Entre août et octobre 1924, la clinique médicale de Wong, Po Chi Lam, fut détruite lorsque le gouvernement nationaliste réprima le soulèvement du Corps des marchands volontaires de Guangzhou. Wong fut si abattu et affecté par la perte de Po Chi Lam qu’il tomba dans la dépression et tomba malade. Il mourut de maladie le 17 avril 1925 à l’hôpital Chengxi Fangbian (城西方便醫院), emplacement actuel de l’hôpital du Premier Peuple de Guangzhou (廣州市第一人民醫院), sur Panfu Road, dans le district de Yuexiu à Guangzhou.
Il fut enterré au pied de la montagne Baiyun (白云山). L’emplacement actuel de sa tombe est inconnu. On pense également que sa tombe, ainsi que d’autres de ce cimetière, ont été supprimées depuis longtemps en vue de futurs aménagements.


VIE DE FAMILLE

Il se maria quatre fois et eut neuf enfants. Ses trois premières femmes moururent jeunes et nous n’avons que peu d’informations à leur sujet. Sa quatrième épouse était Mok Kwai-lan. Avec ses fils, ainsi qu’avec ses élèves Lam Sai-wing (林世榮 : 1861-1943) et Dang Sai-king (鄧世瓊, 1877 ou 1879–1955), elle déménagea à Hong Kong où ils ouvrirent des écoles d’arts martiaux.

Mok Kwai-lan (莫桂蘭 15 octobre 1892 – 3 novembre 1982)

 

Lam Sai-wing, né en 1860 et décédé en 1943, est le plus célèbre des élèves de Wong Fei-hung, un maître de hung-gar un style de kung fu.

 

Deng Fang (1879-1955), un artiste martial chinois, est né dans le comté de Sanshui, connu sous le nom de « Vieux Tigre de Xiguan ».

Techniques d’entraînement

Les techniques et les méthodes d’entraînement du style hung-gar ont très peu évolué au cours des siècles. Ce style repose sur l’étude de cinq animaux : le tigre, la grue, le léopard, le dragon et le serpent. Chaque animal possède ses propres caractéristiques, selon ses qualités et son importance : le tigre correspond à la puissance, à la force et au courage ; la grue à l’agilité et à la vigilance ; le léopard à la vitesse ; le dragon au contrôle et à la qualité spirituelle ; le serpent à la puissance et à la force intérieure.

Après vingt années de pratique, il développe un enchaînement appelé les « dix formes de poing », ainsi que « le poing à motif double » et enfin le sup juet sao, connu sous le nom de « dix mains meurtrières » ou « dix poings spéciaux », une technique qui combine dix positions de combat individuel : dragon, tigre, grue, serpent, léopard, bois, métal, terre, feu et eau. Le sup juet sao est issu du fu hok sok ying kuen (Boxe de la grue et du tigre).

C’est une série de dix principes que Wong Fei-hung considérait comme les méthodes destructrices les plus efficaces du hung-gar. Son efficacité permit à Wong de devenir un véritable héros en Chine, lui qui ne perdit jamais un combat de toute sa vie.

Ces grands principes sont :
– attaquer les yeux,
– couper la respiration,
– casser le visage,
– exploser les oreilles,
– briser les reins,
– tordre les tendons,
– casser les doigts,
– disloquer les articulations,
– casser les coudes,
– troubler le système nerveux.

Cette technique étant trop dangereuse, elle n’était enseignée qu’à un nombre restreint de disciples.

Wong Fei-hung semble également avoir été très doué pour le maniement des armes, sa spécialité étant le bâton long de bois, avec lequel il vainquit le gang d’une trentaine de combattants, ainsi que le trident.

Soldats maniant la fourche du tigre et le bouclier en rotin.

Films sur Wong Fei-hung

Wong Fei-hung, considéré comme le Robin des Bois chinois, est devenu un héros légendaire, et de nombreux films hongkongais sont basés sur son histoire. Au total, plus de cent films traitent de la vie de Wong Fei-hung, mais seuls huit acteurs ont interprété ce rôle.

Kwan Tak-hing fut le premier à incarner ce héros au cinéma en 1949. Il joua ce rôle pendant vingt et un ans dans une série, créant ainsi la plus longue saga de l’histoire du cinéma, avec plus de quatre-vingt-cinq films. Il continua à interpréter Wong Fei-hung dans quelques films supplémentaires pendant encore onze ans.

Jackie Chan interpréta Wong Fei-hung dans Le Maître chinois (1978) et sa suite Combats de maître (1994). Plus récemment, dans Le Tour du monde en quatre-vingts jours (2004), son personnage Passepartout est secrètement présenté comme le frère de Wong Fei-hung, lequel est joué par son ami Sammo Hung.

Jet Li joua Wong Fei-hung dans les épisodes 1, 2, 3 et 6 de la série Il était une fois en Chine. Dans les épisodes 4 et 5, il est remplacé par Chiu Man Cheuk. Jet Li interpréta également ce rôle dans Last Hero in China.

Donnie Yen interpréta Wong Fei-hung dans Hero Among Heroes. Il avait auparavant joué le père de Wong Fei-hung dans Iron Monkey : La légende démasquée, de Yuen Woo Ping, où le jeune Wong Fei-hung était incarné par Sze-Man Tsang.

Gordon Liu joua également Wong Fei-hung dans Le Combat des maîtres.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Posts récents

école du lion d’or

L’école du lion d’or, association Pai Liang Qiao, fut fondée en 2014 par Philippe Reus, élève du maître Hu Dong Liang, dernier descendant de l’école du Lotus Blanc.

Inscrivez-vous !

Inscrivez-vous pour recevoir la newsletter de l'école du lion d'or !