Sun Shurong (孫叔容: 1918-2005)

Maître Sun Shurong (孫叔容, 12 octobre 1918 – 22 mai 2005) est née à Beijing. Elle était la deuxième fille de Sun Cunzhou 孫存周 (1893-1963) et la petite-fille de Maître Sun Lutang (孫祿堂, 1861-1932), le fondateur du style Sun Tai-chi-chuan. Dès son enfance, elle a été initiée au Tai-chi-chuan et au Xing Yiquan par son grand-père et son père. À l’adolescence, elle a assisté son père dans l’enseignement de l’art martial familial tout en poursuivant son entraînement aux armes et au Bagua Zhang du Style Sun.

En 1953, à l’âge de 35 ans, elle déménagea avec son père au parc de Beihai (北海公園). Après le décès de ce dernier en 1963, elle dut se déplacer vers le parc Yuetan (月壇公園), où elle enseigna bénévolement pendant six ans, formant plus de 200 érudits durant cette période.

Au printemps 1979, elle fut engagée comme consultante par l’Association de Wushu de la ville de Kaifeng, où elle fut chargée d’enseigner la boxe du style Sun à l’Université du Henan. Des dizaines de milliers de pratiquants d’arts martiaux et d’érudits furent officiellement formés dans son école.

En 1983, lors d’une visite à des parents à Shenyang, elle fut invitée par des passionnés du style Sun et donna de nombreuses conférences. Ses interventions étaient très prisées et attiraient rapidement un large public. (À noter : l’expression chinoise « 聞風而至 » Wén fēng ér zhì signifie que les gens accourent dès qu’ils entendent une nouvelle intéressante.)
Sun Shu Rong ne tenait pas compte ni de la nuit ni de la fatigue pour donner ses discours, qu’elle assurait matin et soir.

En 1984, elle fut engagée comme consultante auprès de l’Association de recherche du style Sun de Tai-Ji Quan de Pékin (北京孙氏内家拳研究会).

En 1988, elle fut nommée « boxeuse spéciale » (特约拳师, Tèyuē quánshī) à l’Université du Henan, tout en enseignant également le Tai-chi-chuan et le Xing Yiquan dans la province de l’Anhui (安徽省). Maître Sun Shurong ne se contentait pas d’enseigner : elle pratiquait aux côtés de ses élèves, sans aucune distinction de classe sociale.

Elle avait également une « sœur d’arme », Zu Ya Yi (祖雅宜), originaire du comté de Dingxing, dans la province du Hebei, née en 1922 dans une famille de marchands. Adolescente, Zu Ya Yi devint la disciple préférée de Maître Sun Cunzhou, à Kaifeng, où elle l’aida à guider et à former les disciples.

Zu Ya Yi (祖雅宜)

En novembre 1990, Sun Shu Rong a fondé l’Association de recherche du style Sun à Kaifeng (开封氏内家拳研究会) et en a été la présidente. Ses disciples ont participé à divers concours d’arts martiaux, obtenant de bons résultats. En août 1996, huit disciples ont pris part à la 4e assemblée annuelle internationale du comté de Wenxian (温县), remportant deux premières places, deux secondes et deux troisièmes places.

Honneurs et réalisations

Sun Shurong a non seulement préservé l’héritage traditionnel de son grand-père, mais a également œuvré pour le développement futur du Style Sun. Avant la popularisation d’Internet, elle a soutenu Yang Lan dans la création du site « Sun’s Inside Boxing ». Après des années de travail acharné, ce site est devenu un outil essentiel pour la promotion de la boxe de la famille Sun. Des passionnés de Wushu à travers le pays et au-delà ont pu apprendre le style Sun grâce à ce site, permettant à de nombreux disciples perdus de renouer des contacts.

Maître Sun Shurong a su utiliser les moyens modernes pour favoriser l’apprentissage. Elle a toujours été là pour aider ses disciples en difficulté, même ceux qui étaient au chômage. Par exemple, lorsqu’un de ses élèves, Zhang Jun Yi, a rencontré des problèmes familiaux, elle lui a immédiatement remis 1 000 yuans (environ 126 euros) et a mobilisé ses disciples pour l’aider financièrement.

Les disciples ont vite compris que Maître Sun Shu Rong n’était pas seulement une enseignante, mais aussi une figure maternelle. Ses efforts tout au long de sa vie ont été consacrés au développement du Style Sun, et elle a su transmettre son savoir pour les générations futures.

Le 22 mai 2005, à 10 h 48, elle est décédée à l’hôpital de cardiologie de Beijing, à l’âge de 87 ans.

Hommage et remerciements

Je tenais à remercier profondément Maître Ivan Ang, gardien du style Sun de Tai-chi-chuan, pour son engagement constant envers la préservation de cet héritage exceptionnel. Grâce à son travail, à sa bienveillance et à sa collaboration étroite avec Maître Sun Wanrong, la tradition familiale perdure et continue de rayonner à travers le monde.
Je souhaite également lui exprimer toute ma gratitude pour le magnifique cadeau qu’il m’a offert récemment : une photographie des filles de Maître Sun Shurong. Ce geste a touché mon cœur bien au-delà des mots, car il a ravivé en moi un souvenir précieux, un fragment d’enfance resté vivant depuis tant d’années.
J’avais neuf ans lorsque j’ai rencontré Maître Sun Shurong. C’est mon propre maître qui, voyant ma fascination, m’avait encouragé à aller vers elle, malgré ma timidité légendaire — une timidité d’autant plus ironique que mon surnom d’enfant était Sun Wukong, « le Grand Sage, égal du ciel ».
Rouge comme une pivoine, mais décidé, j’ai pris mon courage à deux mains pour lui demander si je pouvais devenir, ne serait-ce que pour un moment, son élève.
À ma grande surprise, elle m’a souri et m’a simplement dit :
« Bien sûr. Au travail ! »
Pendant une heure entière, elle me fit refaire encore et encore l’ouverture du style Sun. Chaque tentative était suivie d’un « non » doux mais ferme, avant même que mon pied droit n’ait fini de tourner. Je m’épuisais, je me tendais, je me crispais — et chaque fois, la réponse restait la même.
Jusqu’au moment où, lassé de mes propres efforts, j’ai relâché mon corps et laissé venir un sourire, presque par abandon, en me disant :
« De toute façon, ce sera faux… »
Et là, miracle.
Pour la première fois, elle dit :
« Voilà. Enfin ! »
Je ne comprenais plus rien : le mouvement me semblait identique.
Elle s’est alors approchée, et avec ses deux index posés aux coins de sa bouche, elle m’a montré un sourire.
Puis elle a ajouté :
« Il te manquait cela. Si tu viens pratiquer avec moi, ce n’est pas pour faire la tête ou pour vouloir combattre. Aimer la vie, jouer… voilà ce qui ouvre la voie. L’entraînement intense, c’est bien. Mais pour vraiment apprendre, il faut savourer. »
Cette phrase, ce moment, cet éclat de sagesse simple et lumineux…
Ce fut la petite cerise sur le gâteau des enseignements que m’avait déjà transmis mon maître.
Je n’ai que peu pratiqué avec elle au fil du temps, mais Maître Sun Shurong restera à jamais dans mon cœur, tout comme mon maître. Et aujourd’hui encore, grâce à Maître Ivan Ang et à son dévouement, ces souvenirs continuent de vivre, de se transmettre et d’inspirer.

Le Parc Beihai (北海公園) est un jardin impérial de Pékin, vieux de plus de 1 000 ans. Son nom signifie littéralement « mer du nord » et fait référence au lac qui constitue l’essentiel de sa superficie, situé au nord du Zhongnanhai (littéralement « mers du sud et du centre »).

Le parc Yuetan, ou parc du temple de la Lune, a été construit en 1530 sous le nom de « temple Xiyue » (la lune et la nuit), où les empereurs des Ming et Qing venaient adorer le Dieu de la Lune. Il a été ouvert au public en 1955 et est l’un des quatre célèbres autels de Pékin (avec le Temple du Ciel, le Temple du Soleil et le Temple de la Terre), étant le plus petit des quatre parcs impériaux.

NB : Voici le lien vers notre page YouTube présentant une vidéo de la forme de Ba Gua Zhang à l’épée par Maître Sun Shu Rong (八卦剑孙叔容老师). N’hésitez pas à vous abonner à notre page !

 

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