Li Bai (李白)


Li Bai (李白, né en 702, mort en 762), connu également sous le nom de Li Taibai (李太白), est considéré comme l’un des plus grands poètes de la dynastie Tang en Chine.

Biographie

Les détails de la jeunesse de Li Bai demeurent flous. Il est possible que sa lignée remonte à un général de la dynastie Han et qu’il soit né en Asie centrale. À l’âge de cinq ans, il aurait déménagé avec son père dans le Sichuan. Son éducation, influencée non seulement par le confucianisme, mais aussi par des idées hétérodoxes, reflète l’environnement périphérique de cette province. Dès l’âge de quatorze ans, il commence à composer des poèmes dans le style officiel.

Li Bai devient le disciple d’un ermite, Zhao Rui, sur le mont Omei, ce qui lui permet de s’imprégner de la philosophie taoïste et d’une sensibilité à la nature qui marqueront ses écrits ultérieurs. À vingt-cinq ans, il entame des voyages à travers la basse vallée du Yangtse, séjourne à Yangzhou où il dépense des sommes considérables, puis épouse en 726 la petite-fille d’un ancien premier ministre à Anlu, dans le Hubei. Malgré une vie plutôt stable pendant une dizaine d’années, il n’arrive pas à s’imposer dans une carrière. Il décide alors de voyager à nouveau et rencontre le poète Meng Haoran, à qui il dédie un poème en 730. Il passe également du temps à Taiyuan, la capitale du Shanxi, puis se rend dans le Shandong, où il gravit le mont sacré Taishan. Au Zhejiang, il fait la connaissance du taoïste Wu Yun, qui l’introduit à la cour. Sous la protection du haut fonctionnaire He Zhizhang, il compose un poème en hommage à ce dernier après sa mort. Li Bai obtient un poste à l’académie Hanlin, qu’il perd deux ans plus tard, sans doute à cause de son goût pour l’alcool, qui lui aurait valu quelques indiscrétions. Il reprend alors ses voyages et croise Du Fu, un autre grand poète de l’époque Tang, à Loyang.

En 756, il se marie une quatrième fois et vit comme un ermite taoïste au pied des monts Lushan, tandis que son épouse devient nonne dans un monastère voisin. Pendant la révolte d’An Lushan, le prince Yong, mécontent que son frère Suzong hérite du trône, se rebelle. Il fait de Li Bai un poète de cour, mais après la défaite du prince, Li Bai est emprisonné. Exilé au Yunnan, il traîne avant de s’y rendre et ne parvient pas à y arriver avant l’amnistie de 759. Après son retour, il meurt en 762 chez Li Yangbing, un célèbre calligraphe, qui était son oncle et ami.

Sa mort en novembre 762 reste entourée de mystères. Selon l’Ancien Livre des Tang, il aurait été gracié mais serait mort à Xuancheng d’une consommation excessive d’alcool. Li Yangbing affirme qu’il est mort de maladie, tandis que Pi Rixiu évoque « pourriture et maladie ». Une légende prétend qu’il se serait noyé en plongeant d’un bateau pour saisir le reflet de la lune.

Brève biographie de Li Bai

Li Bai, poète romantique de la dynastie Tang, est vénéré par les générations suivantes comme un « immortel poétique 诗仙 » et est souvent associé à Du Fu sous le nom de « Li Du 李杜 ». Pour les distinguer d’autres poètes comme Li Shangyin et Du Mu, il est parfois appelé « Xiao Li Du 小李杜 », et avec Du Fu, « le grand Li Du 大李杜 ». Connu pour sa franchise, sa générosité, son amour de l’alcool et de l’écriture, il apprécie également la compagnie d’amis.

Li Bai (701 – décembre 762), dont le nom de courtoisie était Taibai 太白, était aussi désigné comme Qinglian Jushi 青莲居士 et « immortel relégué 谪仙人 ». Selon l’Ancien Livre des Tang, il aurait des origines dans le Shandong. Le Nouveau Livre des Tang mentionne qu’il serait le neuvième petit-fils de l’empereur Xingsheng Li Yi 李暠, partageant des ancêtres communs avec les rois de la dynastie Tang.

 ville natal de Li Bai

La collection de poèmes de Li Taibai 李太白集 a été transmise à travers les générations. La plupart de ses œuvres ont été écrites sous l’influence de l’alcool. Parmi ses poèmes notables figurent « La cascade de Wang Lushan 望庐山瀑布« , « La route difficile 行路难« , « Le chemin ardu vers Shu 蜀道难« , « Au vin, allons 将进酒 » et « Départ matinal de la ville de Baidi 早发白帝城« . Ses Ci et Fu ont été largement reconnus sous la dynastie Song, notamment dans le volume de Xiang Shan Ye Lu 湘山野录 de Wen Ying 文莹. Les « Ci de Li Bai » ont acquis un statut éminent en raison de leur importance et de leurs accomplissements artistiques.

Vie personnelle et contributions majeures :

Un génie dès son jeune âge

Li Bai, né en 701 à Chang’an (长安), dans la ville de Feuilles Brisées (碎叶城, aujourd’hui au Kirghizistan), déménage avec son père vers l’âge de cinq ans dans le canton de Qinglian (青莲乡) dans le comté de Zhangming (彰明县), Mianzhou (绵州, aujourd’hui Jiangyou 江油, Sichuan 四川). Ses antécédents familiaux demeurent obscurs.

En novembre 705, la mort de Wu Zetian (武则天) coïncide avec ses débuts d’études. À quinze ans, en 715, il commence à écrire de nombreux poèmes qui gagneront l’éloge de personnalités influentes et participe à des activités sociales. Passionné d’escrime, il aspire à vivre comme un chevalier errant.

À dix-huit ans, en 718, Li Bai choisit de se retirer dans les montagnes Dakuang de Daitian (aujourd’hui Jiangyou, Sichuan) pour approfondir ses études. Il parcourt des comtés voisins, acquérant une vaste expérience et un savoir approfondi.

Wu Zetian (武则天)

Rencontre avec Du Fu

Au cours de l’été de la troisième année de Tianbao (天宝), Li Bai arrive à Luoyang (洛阳), la capitale de l’est, où il rencontre Du Fu, l’un des plus grands poètes de l’histoire de la littérature chinoise. À cette époque, Li Bai jouit déjà d’une grande renommée, tandis que Du Fu, bien qu’étant dans la fleur de l’âge, se trouve dans une position difficile.

Bien que Li Bai ait onze ans de plus que Du Fu, il ne se montre pas arrogant face à lui. Les deux poètes, partageant un amour commun pour le vin et une vision artistique, tissent une amitié sincère. Lors de leur séjour à Luoyang, ils planifient de se retrouver à Liangsong (梁宋, aujourd’hui Kaifeng et Shangqiu 商丘) pour explorer le taoïsme et rechercher l’immortalité.

Les réalisations de Li Bai en poésie

Li Bai excelle dans les poèmes Yuefu (乐府), Gexing (歌行) et les quatrains (绝句), innovant avec des styles variés et imprévisibles. Ses quatrains, d’une simplicité élégante, véhiculent des émotions profondes sans artifice.

Parmi les poètes de la dynastie Tang, Wang Wei (王维) et Meng Haoran (孟浩然) sont reconnus pour leur maîtrise des quatrains de cinq caractères, tandis que Wang Changling (王昌龄) et d’autres brillent dans ceux de sept caractères. Li Bai est unique en ce sens qu’il excelle dans les deux formes.

Dans ses poèmes, il utilise des techniques telles que l’imagination, l’exagération, et la métaphore, créant des œuvres d’une beauté saisissante et émotive. Ses écrits romantiques dégagent un sentiment d’audace et de liberté.

Les poèmes de Li Bai ont eu un impact considérable sur les générations suivantes, influençant des poètes tels que Han Yu (韩愈), Meng Jiao (孟郊), Li He (李贺) durant la dynastie Tang, ainsi que Su Shi (苏轼), Lu You (陆游) et Xin Qiji (辛弃疾) au cours de la dynastie Song, et Gao Qi (高启), Yang Shen (杨慎) et Gong Zizhen (龚自珍) durant les dynasties Ming et Qing.

 

Poésie

Les éditions des poèmes de Li Bai faites à partir du xie siècle se fondent principalement sur deux séries de manuscrits : la collection conservée par Li Yangbing et celle de Wei Hao, lettré que Li Bai avait rencontré en 754.

La poésie de Li Bai se caractérise par sa spontanéité et porte la marque du taoïsme, mêlant rêve et réalité. Outre les thèmes taoïstes, ses poèmes traitent de l’alcool, des femmes et de la nature sauvage. Sur ce dernier thème, Li Bai a été influencé par Xie Lingyun qui est au début du Ve siècle le précurseur de la poésie de paysage. Plus généralement Li Bai a porté à la perfection des genres et des thèmes poétiques anciens, à l’opposé de Du Fu, introducteur de genres et de thèmes nouveaux. Les deux poètes s’appréciaient cependant, et Du Fu a écrit quatorze poèmes dédiés à Li Bai.

Li Bai a laissé plus de mille poèmes, dont la majorité sont des « poèmes de style ancien » (gu ti shi) qui par leur souplesse avaient la faveur du poète. Mais il a aussi écrit des « poèmes de style moderne » (jin ti shi), des « poèmes à chanter » (yuefu) et des « airs anciens » (gu feng).

La carte du poème, « Shàng yángtái » (上阳台帖), carte « Sur le Temple Yangtai »), unique exemple restant de la calligraphie de Li Bai, aujourd’hui conservé au musée de la Cité interdite à Pékin

 poèmes transcrits

Dans la montagne question et réponse (山中問答)

問余何意棲碧山
笑而不答心自閑
桃花流水窅然去
別有天地非人間

Vous me demandez pourquoi je perche sur la montagne émeraude
je ris, sans répondre, le cœur libre
les fleurs de pêchers, au fil de l’eau s’éloignent
ciel et terre ici diffèrent du monde ordinaire

 Air ancien (42ème)

古風第四十二首

搖裔雙白歐 鳴飛滄江流
宜與海人狎 豈伊雲鶴儔
寄影宿沙月 沿芳戲春洲
吾亦洗心者 忘機從爾游

Dans un ébrouement d’ailes, deux blanches mouettes
Elles crient en survolant la rivière azurée
Familiers avec ceux qui les aiment vraiment
Comment se lieraient-elles avec les grues mesquines ?
Elles dorment sur le sable au clair de lune
Et jouent en liberté sur les îlots printaniers
je possède moi aussi un esprit purifié
Oubliant mes soucis, pour flâner je vous suis.

 

 le mont cuivre

銅山

我愛銅官樂
千年未擬還
要須回舞袖
拂盡五松山

J’aime le mont Cuivre , c’est ma joie
Mille ans j’y resterais sans retour
Je danse à ma guise : ma manche flottante
Frôle, d’un seul coup tous les pins des cimes !

visite au maître Yong dans son ermitage

群峭碧摩天
逍遥不记年
撥雲尋古道
倚樹聽流泉
花暖青牛卧
松高白鹤眠
語來江色暮
獨自下寒煙

parmi une foule de pics émeraude qui frôlent le ciel
tu vis librement, oubliant les années
écartant les nuages je suis un sentier antique
m’appuyant aux arbres j’écoute couler les sources
dans la tiédeur des fleurs des buffles noirs sont couchés
à la cime des pins des grues blanches dorment
tandis que nous parlons, sur le fleuve se posent les couleurs du crépuscule
seul, je redescends dans la brume froide

 


chant du voyageur

海客乘天風
將船遠行役
譬如雲中鳥
一去無蹤跡

le voyageur des mers chevauche les vents du ciel
il appareille sa jonque pour de longues expéditions
comme un oiseau dans les nuages
une fois parti pas la moindre trace

assis seul devant le mont Jingting

獨坐敬亭山

眾鳥高飛盡
孤雲獨去閑
相看兩不厭
隻有敬亭山

Les oiseaux s’éloignent très haut et disparaissent
Un nuage solitaire s’efface avec nonchalance
Le mont et l’homme se contemplent sans cesse
Je sens que seul existe le mont Jingting propice

A l’an nouveau : tout passe

古來萬事東流水
人間苦賽樂浮雲

Depuis que le monde est monde toutes choses sont éphémères
comme l’eau qui galope vers l’est
Dans ce monde des humains, la joie et la tristesse sont toujours plus éphémères que les nuages passagers


Postérité

Caractères 壮观 / 壯觀, « grandiose/magnifique » écrits par Li Bai en 735 sur la falaise ou se trouve le Xuankongsi

La personnalité de Li Bai a fait de lui un personnage de roman et de théâtre. Il est par exemple au xviie siècle le personnage principal de l’un des contes des Trois recueils d’histoires de Feng Menglong.

Plusieurs poèmes de Li Bai, traduits et adaptés en allemand par Hans Bethge furent publiés, avec d’autres poèmes en 1907 sous le titre Die chinesiche Flöte (la flûte chinoise). Ce recueil passa dans les mains de Gustav Mahler qui mit alors en musique en 1907-1908 dans sa symphonie Das Lied von der Erde (Le Chant de la Terre), six poèmes chinois de l’Anthologie dont quatre de Li Bai : La Chanson à boire de la douleur de la TerreDe la jeunesseDe la beautéL’Homme ivre au printemps, respectivement premier, troisième, quatrième, cinquième mouvements de l’œuvre.

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