La Cité interdite ( 紫禁城 )

la Cité interdite

La Cité interdite紫禁城 ), généralement appelé par les Chinois le palais ancien (故宫), également appelé musée du palais (故宫博物院) est le palais impérial au sein de la Cité impériale de Pékin dont la construction fut ordonnée par Yongle, troisième empereur de la dynastie Ming, et réalisée entre 1406 et 1420. Cet immense palais (il s’étend sur une superficie de 72 hectares)  fait partie des palais les plus anciens et les mieux conservés de Chine. De nos jours, il est le musée du palais impérial, qui conserve les trésors impériaux de la civilisation chinoise ancienne et de très nombreuses œuvres d’art chinois de première importance : peintures, bronzes, céramiques, instruments de musique, laques, etc.

  • son nom complet est la « Cité pourpre interdite » (紫禁城), en référence à l’étoile nommée Zǐwēi Xīng (紫微星, la « petite étoile violette ») dans l’astronomie chinoise, c’est-à-dire l’étoile polaire de l’astronomie occidentale. En effet, comme le palais impérial se trouve au centre de Pékin et représentait le centre administratif de l’État, on lui donna un nom évoquant l’étoile qui est au centre de la rotation du ciel ;
  • le nom le plus courant à l’étranger est « Cité interdite », qui vient du fait qu’en tant que résidence des empereurs chinois, de leurs familles et de ceux qui étaient à leur service, son accès était interdit au peuple ;
  • en Chine actuellement, ce site est le plus souvent appelé Gùgōng (故宫), ce qui signifie « l’ancien palais » ;
  • le musée qui est abrité dans la « Cité interdite », ou musée du palais impérial, abrite plusieurs musées dont un musée de céramique et une pinacothèque ; il reste traditionnellement dénommé « musée du palais »[réf. souhaitée].

Description

Plan de la Cité interdite. Les lettres en rouge sont utilisées pour localiser les principaux bâtiments.

Elle couvre un quadrilatère de 72 ha dont 50 ha de jardins, s’étendant sur 960 m de long du nord au sud, et de 750 m de large d’est en ouest, entourée d’une muraille de 10 m de haut sur 6 m de large, elle-même cernée d’une douve large de 52 mètres, à laquelle on accède par quatre portes. La porte méridionale, Wu men, édifiée en 1420, reconstruite en 1647, restaurée en 1801, la plus imposante des portes du palais, se compose d’un bâtiment central à deux étages et neuf entrecolonnements en façade (L. 126 m).

La cité compte selon la légende, 9 999 pièces (en réalité, 8 704, d’après une étude menée en 1973). Le chiffre de 9 999, s’explique par le fait que, selon la tradition, seules leurs divinités avaient le droit de construire un palais comprenant 10 000 pièces. Les hommes, de ce fait, essayaient ainsi de se rapprocher aussi près que possible de leur idéal de perfection. Dans la culture chinoise, le chiffre 9 est symbole de longévité, et le nombre 10 000 représente symboliquement « une infinité dénombrable ».

La construction de la Cité interdite a duré 14 ans et plus d’un million d’ouvriers réduits à l’esclavage y auraient travaillé. Un premier palais était achevé en 1420 mais brûla en 1421. Entre 1420 et 1911, un total de 24 empereurs y ont résidé. Avant 1924, année où elle a été ouverte au public, personne d’autre que l’empereur et sa cour n’avait le droit de s’en approcher ni même de la regarder. Aujourd’hui, la Cité interdite est l’un des sites les plus visités en Chine et il abrite le plus grand musée de Chine, le musée national du Vieux Palais ou musée du palais impérial, qui possède plus d’un million d’œuvres.

Les parties construites ont divisé la Cité interdite en deux parties composées sur un axe de symétrie. Ces deux espaces, l’un tourné vers la vie publique et l’autre centré sur la vie privée, font du Palais un monumental siheyuan :

  • La cour extérieure (partie sud), constituait la partie officielle de la cité, où le souverain recevait ses ministres et présidait les grandes cérémonies officielles. Elle abrite notamment : le « pavillon de l’Harmonie suprême » (Taihe), le « pavillon de l’Harmonie parfaite » (Zhonghe) et le « pavillon de l’Harmonie préservée » (Baohe), ainsi que les bâtiments latéraux principaux, dont le « pavillon de la Gloire littéraire » (Wenhua) et le « pavillon des Prouesses militaires » (Wuying). Ce dernier bâtimentN 2 expose des peintures, par roulement.
    La cour extérieure est parcourue d’ouest en est par une rivière artificielle dénommée Jinshui He (c’est-à-dire : la « rivière aux eaux d’or ») provenant d’une dérivation des douves et servant aussi bien de décoration que de réservoir d’eau en cas d’incendie. Elle sert de dernier rempart symbolique protégeant la salle de l’Harmonie suprême.
  • La cour intérieure (partie nord), formait la partie privée, et servait donc aussi bien de cabinet de travail pour l’empereur, que d’appartements à la famille impériale et aux concubines. Elle comprend surtout le « pavillon de la Pureté céleste » (Qianqing), le « pavillon de l’Union » (Jiaotai) et le « pavillon de la Tranquillité terrestre » (Kunning), qui sont entourés respectivement par les « six pavillons de l’Est » et les « six pavillons de l’Ouest ».
Cité interdite : Porte de l’Harmonie Suprême.
Cité interdite : Porte du Midi, vue de la Cour intérieure.
Vue panoramique de la cour intérieure.

Environnement

La Cité interdite est entourée des jardins impériaux.

À l’ouest, se trouve le Zhongnanhai, un parc contenant deux lacs autour desquels se trouve, depuis 1949, le siège du gouvernement de la république populaire de Chine et du Parti communiste chinois6. Au nord-ouest, se trouve le parc Beihai, un parc très populaire contenant lui aussi un lac. Au nord, se trouve le parc Jingshan (la « colline de Charbon »), où s’est pendu en 1644 le dernier empereur Ming, Ming Chongzhen.

Au sud de la Cité interdite, s’étend l’immense place Tian’anmen, au centre de laquelle se trouve le mausolée de Mao Zedong.

Histoire

Dadu ou Khanbalik sous la dynastie Yuan.

Zhongdu, appelé aujourd’hui Pékin, était la capitale de la dynastie Jin (1115-1234), des Toungouses Jurchen qui furent également appelés Mandchous sous la dynastie Qing. Le Mongol Kubilai Khan, petit-fils de Gengis Khan, fonda la dynastie Yuan dans cette ville renommée Dadu, puis Khanbalik. Il place sa cité impériale à l’emplacement actuel de la Cité interdite.

Construction (1406-1420)

Quand la dynastie Ming lui succéda, Hongwu, le premier empereur, transféra la capitale à Nankin en 1369, et ordonna que la cité mongole soit rasée. Son fils Zhu Di fut nommé Prince de Yan, et s’établit à Beiping. Un palais princier fut construit dans cette ville. En 1402, Zhu Di renversa son neveu Jianwen et devint empereur sous le nom de Yongle. La capitale retourna à Beiping.

La construction de la Cité interdite commença en 1406, sur les plans d’un architecte en chef nommé Cai Xin et d’un eunuque annamite nommé Ruan An, assistés des ingénieurs en chef que furent Kuai Xiang et Lu Xiang. Les travaux durèrent 14 années en mobilisant environ un million d’ouvriers. L’axe principal du nouveau palais est tracé à l’est de l’ancien palais des Yuan, dans l’intention de « tuer » l’ancien emplacement à l’ouest, selon les principes feng shui. De même, la terre issue de l’excavation des douves a été amassée au nord du palais pour créer une colline artificielle, la colline du parc Jingshan (appelée colline de Charbon en raison de la noirceur de la terre extraite), protégeant le palais de la mauvaise influence du nord.

Dynasties Ming et Qing (1420-1912)

Cité interdite (1900-1901)

De son inauguration en 1420 à 1644, elle fut le siège de quatorze empereurs de la dynastie Ming. En 1644, quand elle fut envahie par Li Zicheng qui menait la révolte paysanne, l’empereur Chongzhen se pendit sur la colline Jingshan. Avec lui, disparaissait la dynastie des Ming.

La dynastie suivante, les Qing, s’établit également dans la Cité interdite, rompant avec la tradition qui voulait qu’une nouvelle dynastie s’installe dans un nouveau palais. Dix empereurs Qing vont se succéder à la Cité interdite de 1644 à 1912.

En 1860, durant la seconde guerre de l’opium, l’empereur Xianfeng (avec notamment une de ses concubines Cixi) doit quitter la Cité interdite pour sa lointaine (170 km au nord-est de Pékin) résidence de montagne de Chengde. Les forces franco-britanniques envahirent alors et saccagèrent l’ancien palais d’été (à 12 km au nord-ouest de la Cité interdite) qui était la résidence habituelle des empereurs (la Cité interdite étant surtout réservée aux cérémonies officielles). Elles occupèrent ce palais jusqu’à la fin du conflit. Du  au , l’impératrice douairière Cixi doit de nouveau quitter la Cité interdite à cause de la révolte des Boxers.

Après avoir été la résidence de vingt-quatre empereurs — quatorze de la dynastie Ming et dix de la dynastie Qing — la Cité interdite cessa d’être le centre politique de la Chine après l’abdication de Puyi, le dernier empereur de Chine, le .

Après la révolution

Selon les huit « Articles veillant au traitement favorable de l’Empereur après son abdication », arrangement conclu entre la maison impériale Qing et le gouvernement de la nouvelle république de Chine, Puyi était autorisé à — et même de fait obligé de — vivre dans les murs de la Cité interdite, lui et sa famille gardant l’usage de la « cour intérieure », tandis que la « cour extérieure » revenait aux autorités républicaines. Puyi y résida jusqu’en 1924, quand Feng Yuxiang prit le contrôle de Pékin après son coup d’État. Dénonçant l’accord pris avec la maison impériale Qing, Feng expulsa Puyi.

Ayant été le séjour des empereurs durant plus de cinq siècles, la Cité interdite regorgeait de trésors inestimables et de pièces d’une grande rareté. Cette collection fut cataloguée et exposée au public au sein d’un musée.

Cependant, à la suite de l’invasion de la Chine par le Japon, la sécurité de ces trésors nationaux a été compromise, et ils furent évacués de la Cité interdite. Après avoir été déplacés de place en place sur le territoire chinois pendant plusieurs années, Tchang Kaï-chek décida en 1947 de transférer à Taïwan un grand nombre de ces objets ainsi que ceux du musée national de Nankin. Ces trésors ont formé le cœur du musée national du Palais à Taipei. La nécessité de ce transfert fut très controversée durant cette période de guerre civile, mais aura peut-être permis de sauvegarder une partie du patrimoine national lors de la révolution culturelle qui sera déclenchée en 1966.

C’est depuis le balcon surplombant Tian’anmen, la « porte de la Paix céleste », donnant accès tant à la Cité impériale qu’à la Cité interdite, que Mao Zedong a proclamé la république populaire de Chine le .

Révolution culturelle (1966-1976)

Durant la révolution culturelle, le Premier ministre Zhou Enlai Zhou Enlai (周恩來), né le  à Huaiyin ) et mort le  à Pékin, était le premier Premier ministre de la république populaire de Chine en poste à partir d’ jusqu’à sa mort, sous les ordres de Mao Zedong, eut vent que les gardes rouges avaient prévu d’entrer dans la Cité interdite. Sachant comment les gardes rouges avaient agi avec d’autres monuments historiques, Zhou ordonna que les portes soient fermées et fit garder le palais par l’armée.

Zhou Enlai (周恩來) ;né le 5 mars 1898 à Huaiyin - mort le 8 janvier 1976 à Pékin, était le premier Premier ministre de la république populaire de Chine en poste à partir d'octobre 1949 jusqu'à sa mort, sous les ordres de Mao Zedong.

De nos jours

La Cité interdite a été profondément rénovée et les travaux continuent sans interruption. Les autorités ont veillé à préserver le palais d’une commercialisation trop voyante, limitant le commerce privé à la vente de souvenirs et la restauration légère dans des espaces ménagés à l’intérieur des bâtiments ; un café à l’enseigne Starbucks a pu s’y établir en 2000, déclenchant plus tard une controverse qui l’amènera finalement à fermer ses portes en 2007.

En 2006-2007, dans le cadre de l’accueil des Jeux olympiques de Pékin 2008, le gouvernement chinois a fait appel à un expert bois, Jean-Luc Sandoz, dans le but d’expertiser les structures de bois du Pavillon de l’Empereur de la Cité interdite. Ce pavillon a été restauré intégralement et rouvert à l’occasion des Jeux olympiques d’été 2008.

La Cité interdite a été inscrite au patrimoine mondial de l’humanité en 1987 par l’UNESCO. C’est aussi la plus grande collection de constructions en bois au monde.

Une exposition lui a été consacrée au Louvre avec une étude parallèle des empereurs de Chine et des rois de France, sous la direction de JP Desroches en 2011.

Dans la culture populaire

Jean-Michel Jarre y donna un concert le  ainsi que sur la place Tian’anmen, pour l’année de la France en Chine.

Forbidden City (en français « La Cité interdite ») est le titre d’un morceau instrumental de l’album Dragon’s Kiss du guitariste Marty Friedman.

Les films suivants se déroulent (partiellement) dans la Cité interdite :

  • Le Dernier Empereur (1987) ;
  • Tanguy (2001) ;
  • La Cité interdite (2006) ;
  • Les Seigneurs de la guerre (2007) ;
  • Karate Kid (2010) ;
  • Le Portrait interdit (2017).

Dans le jeu vidéo Les Sims 3 : Destination Aventure, le joueur peut visiter la Cité interdite.

Le jeu vidéo Chine : Intrigue dans la Cité interdite s’y déroule intégralement.

La Cité interdite peut être construite comme merveille mondiale dans plusieurs opus de la franchise de jeux vidéo Sid Meier’s Civilization (Civilization IIICivilization IVCivilization VCivilization VICivilization : Call to power et Call to power II).

Une réplique à l’échelle 1/1 de la cité interdite a été construite dans les studios de cinéma chinois Hengdian World Studios.

TSINGTAO UNE BIERE UNE HISTOIRE

TSINGTAO UNE BIERE PAS COMME LES AUTRES

La ville de Qingdao, située sur les rives de la mer Jaune au Nord-Est de la Chine, a été conquise en 1897 par la flotte allemande qui y a établi une base navale. En 1898, la ville fut cédée à l’Allemagne par les Mandchous pour 99 ans. À l’occasion de cette colonisation, les Allemands établirent, dès 1903, pour leurs besoins personnels, la brasserie de Qingdao (青岛啤酒廠 / 青島啤酒廠). Le 15 août 1903, la Deutsche Bank a levé un capital social de 400 000 dollars mexicains en argent, et les hommes d’affaires allemands et britanniques de la Hong Kong Anglo- Germanic Beer Company ont créé conjointement la Germanic Beer Company Tsingtao Co., Ltd. à Qingdao. La capacité de production annuelle est de 2 000 tonnes, produisant de la bière légère et de la bière brune. En conséquence, le prédécesseur de la brasserie Tsingtao est entré sur la scène de l’histoire et a ouvert le prélude au siècle de la brasserie Tsingtao. La brasserie Tsingtao est l’une des premières entreprises de production de bière. À l’époque de la République de Chine, « boire de la bière Tsingtao » était l’une des choses les plus modernes de l’époque.

Le 7 novembre 1914: la garnison allemande de Tsingtao, sur la côte chinoise, capitule devant l’armée japonaise. les Chinois la récupérèrent en 1922. La production fut par la suite reprise par les Chinois, après la Seconde Guerre mondiale. Cent ans après, l’unique bataille de la Première guerre mondiale en Asie orientale continue de nourrir la tenace animosité entre Pékin et Tokyo.

vieilles photos de la brasserie Tsingtao datée vers 1904

Loin des tranchées, le siège de Tsingtao (aujourd’hui Qingdao), bataille méconnue de la Grande guerre, n’a fait que quelques centaines de morts — peu par rapport au carnage en Europe.

Mais l’évènement témoigne de l’impuissance de la jeune République chinoise, née en 1911, devant les affrontements étrangers sur son sol.

Il aura d’importantes répercussions: l’Allemagne perdit un territoire stratégique de son empire au profit du Japon, qui conforta ainsi ses visées expansionnistes en Asie. La nouvelle donne contribuera puissamment au sursaut de la conscience nationale chinoise.

L’anniversaire du siège de Tsingtao intervient alors que le Premier ministre japonais Shinzo Abe est attendu à Pékin à l’occasion du forum annuel de l’Apec, réunissant les dirigeants de l’Asie-Pacifique.

« C’est une petite bataille, relativement oubliée, mais extrêmement emblématique de la manière dont des puissances étrangères s’arrachaient des territoires chinois sans se soucier de la Chine », a souligné l’historien britannique Jonathan Fenby, dans une récente conférence à Pékin.

Surtout, le siège de Tsingtao allait intensifier l’hostilité des relations entre Pékin et Tokyo, a-t-il indiqué.

– Villas, bière et base navale –

Lorsque la guerre éclate à l’été 1914, la Chine connait déjà une période de graves troubles après l’effondrement de la dynastie impériale Qing. Des parties du pays –ports ouverts et concessions– sont sous le contrôle de puissances occidentales.

Ayant rejoint tardivement les aventures coloniales, l’Allemagne avait obtenu en 1897 Tsingtao, port sur la mer Jaune dans l’est de la Chine, dont elle fera l’une de ses bases navales dans l’Asie-Pacifique (à côté de la Nouvelle-Guinée et des îles Samoa et Marshall).

Villas de pierres grises et bâtiments d’architecture germanique sur des collines plantées de pin dominent toujours la vieille ville de Qingdao –connue mondialement pour sa bière de marque « Tsingtao », autre héritage légué par les Allemands.

A la même époque, le Japon est une puissance en pleine modernisation, confortée par ses victoires militaires éclatantes sur la Russie tsariste et la Chine impériale.

Appelé à soutenir le Royaume-Uni, son allié, le Japon lance rapidement ses troupes, appuyées de navires britanniques, à l’attaque de Tsingtao.

Les hostilités débutent fin août, mais le siège ne commence que le 31 octobre: huit jours plus tard, les militaires allemands hissent le drapeau blanc, et les autorités japonaises s’installent dans la ville.

Un souvenir cuisant pour la Chine: « A l’époque, les Japonais étaient prêts à nous chercher querelle, tout comme Shinzo Abe » – l’actuel Premier ministre japonais, accusé par Pékin de glorifier le « passé militariste » de son pays -, s’indigne un vieil homme dans un parc de Qingdao.

Le transfert de pouvoir sera entériné en 1919 par le Traité de Versailles, qui, en donnant aux Japonais un contrôle élargi sur la péninsule du Shandong, où se trouve Qingdao, scandalisera la Chine et jettera dans la rue une jeunesse indignée.

– ‘Humiliation nationale’ –

L’occupation japonaise (1937-1945) renforça le sentiment d’humiliation en Chine, et ce lourd passif n’a cessé d’envenimer depuis les relations avec le Japon, accusé par Pékin de ne pas assumer « son passé d’agression ».

Noriyuki Nakama, homme d’affaires japonais en visite à Qingdao, pense qu’il faut remettre en contexte le siège de 1914: « Le Japon avait peur du colonialisme occidental, cela l’a poussé à vouloir accroître sa puissance et s’étendre (…) c’était sans doute difficilement évitable ».

Aujourd’hui, aucune rencontre formelle entre le Premier ministre nippon et le président chinois Xi Jinping n’est attendue à Pékin: la Chine « jouera son rôle pour recevoir tous ses hôtes » à l’Apec, mais le Japon « doit se confronter aux problèmes existants » et « faire preuve de sincérité », a insisté le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi.

Dans un parc de Qingdao, une inscription indique en grands caractères: « N’oubliez jamais l’humiliation nationale » — dans la ligne des slogans patriotiques et volontiers anti-nippons du Parti communiste.

« Tous les Chinois savent parfaitement que les relations sino-japonaises sont exécrables », commente Zhu Yuhua, un expert culturel rencontré au musée de Qingdao dédié à 1914. « C’est une évidence ».

En 1949, Qingdao fut libérée et la brasserie reçut son nom de famille, « Brasserie publique Tsingtao ». Cependant, à cette époque, le houblon était encore dépendant des importations américaines.

En 1950, sur le site expérimental du houblon à Licun, Qingdao, le premier houblon chinois est enfin né. Jusqu’à présent, la brasserie Tsingtao a finalement achevé sa localisation et surmonté tous les obstacles pour devenir une marque de renommée mondiale et la fierté de la Chine. La brasserie Tsingtao a tourné la première publicité cinématographique en Chine et a été une véritable pionnière de cette tendance.

Une bouteille de bière « relie » le monde pour ouvrir la vie de la brasserie Tsingtao

À l’heure actuelle, l’activité principale de la brasserie Tsingtao est la fabrication et la vente de bière. Ses produits comprennent principalement la brasserie Tsingtao, qui se positionne comme une bière de milieu à haut de gamme, et la bière Laoshan, qui se positionne comme une bière bas de gamme. La brasserie Tsingtao est l’entreprise la plus rentable de l’industrie brassicole chinoise. Selon le classement de la production, la brasserie Tsingtao a été classée sixième plus grand fabricant de bière au monde par le rapport Barthur, un rapport faisant autorité sur l’industrie mondiale de la bière. Aujourd’hui, la brasserie Tsingtao est exportée dans plus de 100 pays et régions du monde. On peut dire qu’une bouteille de bière relie le monde.

DE NOS JOURS

En 1994 et 1995, Tsingtao acquiert les entreprises brassicoles Yangzhou Brewery et Xi’an Hans Brewers.

Entre 1997 et 2004, Tsingtao acquiert une quarantaine d’entreprises brassicoles en Chine, augmentant fortement sa taille.

En 2005, le groupe américain Anheuser-Busch (ou AB) qui détenait 5 % des parts du groupe augmente sa part de capital à 27 %, pour 182 millions de dollars US. InBev rachète ces 27 % en .

Depuis Anheuser-Busch InBev a vendu sa participation, le japonais Asahi détient environ 20 % de Tsingtao, alors que Suntory a signé avec elle un partenariat visant à créer deux coentreprises à Shanghai. En , Fosun prend une participation de 17,90 % dans l’entreprise brassicole Tsingtao pour 844 millions de dollars, participation vendue par Asahi.

Comment s’y rendre

Si vous souhaitez visiter la brasserie de Qingdao, prenez la ligne de bus n° 205, 217, 221 ou 604 et descendre directement au musée.

Horaires et Tarifs

Le droit d’entrée au musée est de 60 RMB de mai à octobre et 50 RMB de novembre à avril.

Horaires d’ouverture :
De juillet à septembre : 08h00 à 18h00
De octobre à juin : 08h30 à 17h30

Quartiers asiatiques de Paris (巴黎唐人街)

Quartiers asiatiques de Paris

Nom chinois
Chinois 巴黎唐人街
Traduction littérale Chinatown de Paris

Les tours des Olympiades.

Les quartiers asiatiques de Paris sont des quartiers parisiens où est représentée une part importante de population d’origine asiatique avec des commerces et restaurations en lien avec leurs cultures d’origine.

Le plus grand est le « triangle de Choisy », situé dans le 13e arrondissement de Paris entre les avenues de Choisy, d’Ivry et le boulevard Masséna, ainsi que sur la dalle des Olympiades et dans les rues environnantes. Y vivent principalement des populations d’origine chinoise, vietnamienne, cambodgienne, laotienne, qui tiennent la plupart des commerces du quartier. La majorité de ces populations habitent les tours de la porte de Choisy, de la porte d’Ivry et des Olympiades. Parmi ces habitants, on compte également des Chinois venus de Polynésie française et de Guyane française mais également diverses ethnies vietnamiennes, sino-vietnamiennes, sino-indonésiennes provenant de Nouvelle-Calédonie. Son influence s’étend également au sud vers Ivry et Vitry.

Le quartier du Temple et le quartier des Arts-et-Métiers sont les plus anciens quartiers chinois de Paris.

Les deux autres quartiers asiatiques de Paris sont situés, l’un à Belleville et le dernier autour des rues Sainte-Anne et des Petits Champs pour les Japonais et les Coréens

Description

Triangle de Choisy

La carte du Triangle de Choisy et des Olympiades, Paris.

  • Triangle de Choisy
  • Les Olympiades

Le quartier asiatique du 13e arrondissement occupe surtout le triangle formé par l’avenue de Choisy, l’avenue d’Ivry et le boulevard Masséna, ainsi que les rues environnantes et la vaste dalle des Olympiades. Dans ce périmètre, la présence asiatique est forte à cause du quasi-monopole des asiatiques sur les commerces : restaurants, boutiques de bibelots, coiffeurs et magasins d’alimentation dont les deux grands supermarchés Tang Frères (propriété d’un Chinois laotien) et Paristore. Contrairement aux apparences, le quartier n’est pas habité majoritairement par des Asiatiques, mais il sert de lieu de rendez-vous à l’ensemble des communautés de culture chinoise et indo-chinoise d’Île-de-France. On y trouve ainsi le siège de plusieurs institutions telles que l’Association des résidents en France d’origine indo-chinoise.

Le jour du Nouvel An chinois a lieu une grande parade qui traverse les rues animées par les danses des lions et des dragons.

Le quartier asiatique du 13e ne présente pas une architecture pittoresque comme le Chinatown de Londres ou celui de San Francisco, et les toits en forme de pagode du centre commercial des Olympiades n’ont pas de rapport avec la présence des Asiatiques car cet ensemble a été construit avant leur arrivée.

Située dans le quartier, la médiathèque Jean-Pierre-Melville est spécialisée dans les langues asiatiques. Il faut aussi citer la présence, non loin, de la Bibliothèque universitaire des langues et civilisations.

Quartiers chinois

Belleville

D’autres quartiers parisiens, tels que le quartier de Belleville (principalement une partie du boulevard et la rue de Belleville), concentrent également une population asiatique d’origine chinoise venue de l’ancienne Indochine française mais surtout venant de Chine continentale (en particulier de la ville de Wenzhou, Zhejiang).

Quartier des Arts-et-Métiers

Un autre quartier chinois, plus ancien mais moins visible, occupe le 3e arrondissement (rue au Maire et rue Volta, plus résidentielles et offrant quelques lieux de cuisine chinoise authentique, rue du Temple et rue des Gravilliers, plus commerciales). Sociologiquement séparé des autres quartiers asiatiques de Paris, ce quartier est habité de personnes originaires de Chine, souvent de la région de Wenzhou, qui travaillent généralement dans le commerce en gros de maroquinerie et de bijouterie fantaisie, et dans les industries textiles ou d’import-export du quartier.

Quartiers japonais et coréen

Quartier de la rue Sainte-Anne

Enfin, un quartier japonais, puis coréen, qui offre de nombreuses boutiques et restaurants spécialisés, s’est développé à partir des années 1990 aux alentours du croisement des rues Sainte-Anne et des Petits-Champs, à cheval sur les 1er et 2e arrondissements, à partir de l’Office national du tourisme japonais et de Japan Airlines situés au 4, rue de Ventadour.

15e arrondissement

Le 15e arrondissement de Paris, qui présente une communauté coréenne, a établi des liens institutionnels avec Seocho-gu à Séoul. De nombreux magasins ou restaurants y sont également implantés. De plus, la mairie organise chaque année le Festival coréen.

Histoire

Origines

Initialement, la plus ancienne communauté chinoise est celle du quartier des Arts-et-Métiers, rue Volta et rue au Maire, qui vit une première famille s’installer dans le quartier dans les années 1900. Essentiellement dans les métiers de la maroquinerie, les activités artisanales ont subsisté jusque dans les années 1990, remplacées ensuite par des activités commerciales.

Le premier restaurant chinois parisien ouvre en 1912 dans le Quartier latin: il s’agit de L’Empire céleste, toujours en activité, situé au 5, rue Royer-Collard.

Les Chinois travaillant pour les Alliés pendant la Première Guerre mondiale et qui restent en France après le conflit s’installent dans le 3e arrondissement.

Un petit quartier chinois s’est aussi constitué autour de la gare de Lyon à la fin de la Première Guerre mondiale. La raison en est que c’est par cette gare que les travailleurs chinois ramenés de Chine pour suppléer aux bras manquants de la Grande Guerre (usines, travaux agricoles, ouvrages militaires comme les tranchées, etc.) devaient être rapatriés via Marseille et que certains ne voulant pas retourner en Chine se sont établis dans ce quartier.

Dans les années 1920, quelques étudiants chinois se sont installés dans le 13e arrondissement, où ils ont créé avec Zhou Enlai la section française du Parti communiste chinois.

Après la Seconde Guerre mondiale, des Chinois de l’îlot Chalon (situé près de la gare de Lyon) reprennent des ateliers du quartier des Arts-et-Métiers et du Marais, abandonnés par les Juifs victimes de la déportation. Ils sont pour la plupart originaires de Wenzhou (province du Zhejiang, près de Shanghai, où la France possède une concession jusqu’en 1946), d’où le surnom actuel de « Little Wenzhou ». En 1949, la Chine populaire de Mao Zedong ferme ses frontières et le nombre de Chinois à Paris stagne jusqu’aux années 1980. La communauté chinoise (et non asiatique, comme dans le 13e arrondissement, qui couvre plusieurs pays d’origine), continue à être vivante dans les années 2010.

Vagues d’immigration

Toutefois les premières vagues d’immigration asiatique massive ont commencé au milieu des années 1970, avec les réfugiés fuyant la situation politique en Asie du Sud-Est (guerres au Viêt Nam, au Laos, et au Cambodge, suivies de l’arrivée au pouvoir des communistes dans ces trois pays). En particulier, les communautés chinoises de ces pays, persécutées, ont grossi les rangs des réfugiés et sont à l’origine de la création de ce « Chinatown ». Originaires du sud de la Chine, leurs dialectes, le teochew et le cantonais, sont encore les plus utilisés dans le quartier. Ils ont choisi le 13e arrondissement en raison de l’abondance de logements disponibles : les tours venaient d’être construites dans le cadre de l’opération Italie 13, mais elles n’avaient pas rencontré le succès escompté auprès du public visé, les jeunes cadres parisiens. De ce fait, les tours étaient vides d’occupants. Par la suite, d’autres vagues de réfugiés ou d’immigrés ont créé dans le quartier des communautés cambodgiennes, laotiennes, thaïlandaises. Des Chinois nés en Chine sont aussi arrivés ces dernières années. Le quartier est souvent considéré comme une étape transitoire lors de l’arrivée en France. Les personnes arrivées dans les premières vagues d’immigration sont, dans beaucoup de cas, parties vivre dans d’autres quartiers ou en banlieue.

L’immigration asiatique a dû faire face au début à une certaine méfiance de la part des habitants du quartier, mais les nouveaux venus ont été assez largement acceptés. Ils apportaient des commerces et de la vitalité au quartier. En occupant les tours du quartier Choisy-Ivry, ils ont sauvé de l’échec une opération immobilière qui n’avait pas réussi à séduire les cadres parisiens.

La prostitution chinoise à Paris s’est développée à partir des années 1990. Elle se situe principalement sur les trottoirs de certains quartiers, où les prostituées sont surnommées « les marcheuses », et dans des salons de massage.

En 2016, la communauté chinoise francilienne (une grande partie des 600 000 à 700 000 personnes d’origine chinoise vivant en France, originaires notamment de Wenzhou) sont propriétaires de 45 % des bars tabacs franciliens (contre 25 % en 2005) et rachètent 50 % des établissements mis en vente dans la région francilienne, concurrençant en cela les historiques bougnats. Ils sont pour la plupart issus de la deuxième génération de migrants, dans la mesure où il faut posséder la nationalité française pour devenir propriétaire d’un débit de tabac. Ils bénéficient d’une bonne organisation et d’une entraide financière au sein de leur communauté, même si des rumeurs de blanchiment d’argent existent.

Particularités

 

 

Une pagode bouddhiste gérée par lest située sur la dalle des Olympiades, derrière la tour Anvers juste à côté de la galerie commerciale Oslo (entrée nord).

  • Un second temple bouddhiste, géré par l’Association des résidents en France d’origine indochinoise est situé rue du Disque(rue couverte liée au parking souterrain) sur la gauche de la rue souterraine dont la sortie débouche sur l’avenue d’Ivry. Le temple est dédié à la divinité Bodhisattva Guanyin.

 

Bodhidharma (達摩)

Bodhidharma (達摩)

« Le zen va droit au cœur. Vois ta véritable nature et deviens Bouddha. »

Bodhidharma (sanskrit en devanāgarī : बोधिधर्म « enseignement de sagesse » ; chinois simplifié : 菩提达摩pútídámó ou 達摩, dámó fin du ve et début du vie siècle), moine bouddhiste persan originaire d’Inde, est le fondateur légendaire en Chine de l’école Chan, courant contemplatif (dhyāna) du mahāyāna, devenue au Japon l’école zen connue en Occident. L’école Chan prétendant remonter au Bouddha, Bodhidharma est considéré comme son 28e patriarche et comme son premier patriarche chinois.

Il existe peu d’informations biographiques qui lui soient contemporaines, et les indications subséquentes ont été surchargées de légendes. Les principales sources chinoises divergent sur ses origines, le faisant venir soit d’Inde ou d’Asie centrale.

Dans tout l’art bouddhique, Bodhidharma est dépeint sous les traits d’un non-Chinois au mauvais caractère, barbu un peu hirsute, aux grands yeux surmontés de sourcils broussailleux et à l’air sombre. Il est surnommé « Le grand voyageur » et « Le barbare aux yeux clairs » (chinois : 碧眼胡 ; pinyin : Bìyǎnhú) dans les textes chán.

En plus des textes chinois, de nombreuses traditions populaires courent sur les origines de Bodhidharma.

Le Nouveau recueil de biographies des moines éminents le fait arriver en Chine durant la dynastie Liu-Song (420-479), opinion retenue par la majorité des spécialistes, mais L’Anthologie de la salle du patriarche situe sa venue sous les Liang (502-557). Toutes les sources s’accordent pour situer l’essentiel de son activité dans le royaume des Wei du Nord.

Biographie

Il n’existe que très peu d’indications solides sur sa vie. Les sources biographiques les moins succinctes sont aussi les plus tardives, ce qui augure mal de leurs fiabilités. La plus ancienne est la brève notice de Tanlin (曇林 ; 506-574), disciple de Huike — ou selon certains, de Bodhidharma lui-même — dans la préface de Deux Entrées et quatre pratiques. Cette dynastie étant considérée par certains comme d’origine indo-iranienne, cela permettrait de réconcilier les informations de Tanlin avec la mention d’un Bodhidharma persan rencontré à Luoyang entre 516 et 526 par Yang Xuanzhi (楊衒之); une autre hypothèse avancée est que le Persan et le premier patriarche du Chan sont deux personnes différentes. La date de 440 a été avancée pour sa naissance.

Selon le Nouveau recueil des biographies de moines éminents (645) de Daoxuan (道宣), il est d’origine brahmane. Il arrive dans le royaume de Nanyue (donc par bateau) sous les Liu-Song (420–479) et traverse le Chang Jiang en direction du royaume des Wei du Nord avant la fin de la dynastie. Selon l’auteur, Bodhidharma serait mort avant 534 au voisinage de la rivière Luo où Huike l’aurait enterré dans une grotte. Certains ont de ce fait émis l’hypothèse qu’il aurait pu mourir lors des exécutions ordonnées à cet emplacement en 528 par l’empereur Xiaozhuang.

Dans l’Anthologie de la salle du patriarche (952), la légende de Bodhidharma est déjà bien constituée. Il est présenté comme disciple de Prajñātāra. Il arrive en Chine en 527 durant la dynastie Liang (502–557) et a avec l’empereur Wudi* une entrevue restée célèbre :

Lorsque l’empereur lui demande combien de mérites il a engrangés par la construction des monastères et par la copie des soutras, Bodhidharma répond : « Aucun mérite ». L’empereur : « Quels sont les vrais mérites ? » Bodhidharma : «  La sagesse pure est merveilleuse et parfaite, son essence est vide et paisible. De tels mérites, on ne peut pas les acquérir par des méthodes mondaines. » L’empereur : « Quel est le sens suprême de la noble vérité ? » Bodhidharma : « La vaste vacuité sans noblesse ». L’empereur : « Qui est devant moi? » Bodhidharma : « Je ne sais pas ».

Wudi des Han

(* Wudi ou Wu-ti fut le nom de plusieurs empereurs de Chine, et désigne en général l’empereur Wudi des Han (-141 à -87). Il peut néanmoins également s’agir de : l’impératrice Wudi (Zhou) (610-705), plus connu sous le nom de Wu Zetian).

L’empereur Wu des Liang étant incapable de comprendre la signification profonde du dharma, Bodhidharma traverse le fleuve Yangzi en 527 et entre dans le royaume des Wei, il s’arrête au monastère Shaolin du mont Song au Henan où il médite pendant neuf ans devant un mur, d’où est venu son surnom de « Brahmane contemplant un mur ».

Selon l’Anthologie, Bodhidharma, mort avant 536, fut enterré sur le mont Xiong’er (熊耳山) à l’est de Luoyang. Néanmoins, trois ans après, un fonctionnaire des Wei occidentaux (534-556) nommé Songyun (宋雲) l’aurait rencontré dans le Pamir alors qu’il cheminait vers l’Inde avec une seule sandale. Il lui prédit la mort prochaine de son souverain. Peu après le retour de Songyun, la prédiction se réalisa. La tombe de Bodhidharma fut ouverte et on n’y trouva qu’une sandale.

Dans La Transmission de la lampe (1004), Daoyuan (道原) prétend que Prajñātāra changea son nom originel de Bodhitāra en Bodhidharma, et qu’il ne mourut pas en Chine mais se mit un jour en route pour l’Inde sans cérémonie, tenant en main une de ses sandales.

Selon la légende Shaolin et Chan, en 475, il se rendait au monastère Shaolin, pour prêcher le Dharma selon la voie du bouddhisme mahāyāna. Mais les moines lui refusèrent l’accès. Il s’assit et fixa son regard sur le mur d’enceinte du monastère. Il y médite pendant 9 ans, en position Zazen. Il parvint (au moins de façon symbolique) à trouer le mur par son regard. Ce qui força le respect des moines et lui permit d’entrer. Il y développa l’enseignement Shaolin. Vers l’an 520, il quitta le monastère et resta en Chine, pour inaugurer le Zen.

Héritage

Philosophie et méditation

Bodhidharma et Huike. Encre sur papier, par Sesshũ, époque de Muromachi, xve siècle, Japon.

Bodhidharma a transmis son enseignement contemplatif à Huike (487-593) en lui confiant les quatre volumes du Soutra de l’Entrée sur l’Ile (sk. Lankāvatārasūtra, ch. Léngjiā ābāduōluó bǎojīng 楞伽阿跋多羅寶經) qu’il jugeait convenable pour délivrer les Chinois, Huike est devenu le deuxième patriarche de l’école de la méditation en Chine. Ce serait en effet le soutra principal des premiers moines Chan selon l’Histoire des maîtres du Lanka (楞伽師資記 Léngjiā shīzī jì) du moine Jingjue (淨覺; 683–750). Ce soutra, qui se rattache à la philosophie yogacara, insiste sur l’importance de dépasser la dualité et l’inutilité du langage pour la transmission du dharma.

                                                                            « Le zen va droit au cœur.
                                                                               Vois ta véritable nature
                                                                               et deviens Bouddha. »

Dans Deux entrées et quatre pratiques et le Nouveau Recueil de biographies des moines éminents, la technique de méditation de Bodhidharma est appelée « contemplation de mur » (壁觀 bìguān). L’auteur du second ouvrage précise qu’il s’agit de « calmer l’esprit » (安心 ān xīn). Ce terme a été interprété littéralement par la tradition, qui décrit Bodhidharma méditant immobile face à un mur pendant plusieurs années. Néanmoins, certains pensent qu’il s’agit d’une expression imagée et que le biguan pourrait être ce que l’on nommera plus tard le zazen (坐禪zuòchán).

Les légendes : Shaolin et chan

D’après la légende, Bodhidharma aurait créé et enseigné le kung-fu Shaolin aux moines du temple Shaolin, pour les aider à se défendre des animaux et des brigands qui rodaient autour du monastère. Les recherches académiques contestent cette thèse dès le xviiie siècle, et certains historiens datent la création de cette légende au xviie siècle, avec la mention de pratiques physiques à Shaolin (qi gong) dans des passages du Yì Jīn Jīng (estimé postérieur au xviie siècle).

La tradition rattache également Bodhidharma à la création du bouddhisme chan, au temple Shaolin. Les recherches académiques contestent cette thèse légendaire. Même si Bodhidarma avait prêché des doctrines influençant les penseurs Chan, la plupart des historiens considèrent que la désignation de Bodhidharma comme fondateur du Chan n’a pas de caractère historique.

Une légende lie Bodhidharma à la culture du thé : après avoir médité 7 ans immobile face à un mur, il se serait endormi. Pour éviter que cela ne se reproduise, il se serait coupé les paupières. En tombant à terre elles auraient donné naissance à deux plants de thé, bien utile pour maintenir éveillé les pratiquants du zazen.

Une autre légende veut que, après 9 ans de méditation, les jambes et les bras de Bodhidharma auraient pourri, ce qui serait à l’origine des statuettes sphériques de Bodhidharma et des culbutos Daruma au Japon .

L’influence au Japon

Le zen né au Japon hérite du chan chinois, et du son coréen implantés par Bodhidharma, 28ème patriarche notamment au sein de temples voués à la pratique des arts martiaux.

C’est Eisai (1141-1215) qui après un voyage d’étude en Chine va rapporter au Japon cette pratique du chan, bouddhisme zen issu de l’école Rinzai. Il revient au Japon en 1191. Au sein de l’aristocratie japonaise il se heurte aux écoles du bouddhisme japonais apparues aux ixe siècle et au viiie siècle (comme l’école Tendai, Shingon ou encore celle de la terre pure). Ainsi, en 1199 il quitte Kyoto pour la ville de Kamakura où le Shogun et les membres de sa caste de samuraïs accueillent avec enthousiasme ses enseignements zen orientés vers les arts-martiaux. Hôjô Masak, veuve du Shogun Minamoto no Yoritomo, donne à Eisai une autorisation pour construire le temple Jufuku-ji, le premier centre zen à Kamakura.

Dès lors au Japon Bodhidharma (達磨) est appelé Daruma (だるま) qui vient de Dharma et se trouve fort considéré au sein de la caste du bushido . Ainsi dès les débuts de la période Edo et des 250 ans de paix mis en place par le Shogunat Tokugawa, la voie du sabre suivie par les castes de samouraïs s’est tournée plus encore vers le bouddhisme issu du Daruma. Takuan Soho (1573-1645) prélat de la secte Rinzai (auteur notamment de l’Esprit Indomptable, Écrits d’un maître zen à un maître de sabre) côtoya et influença considérablement Yagyu Munenori (Heiho kadensho) et Miyamoto Musashi (Traité des cinq roues) le plus célèbre samouraï du Japon aujourd’hui appartenant au trésor national japonais, artiste et philosophe qui représenta à plusieurs reprises le Daruma.

Autres

En Malaisie, on raconte que Bodhidharma dans son voyage depuis l’Inde aborda à Palembang où il passa un bon moment avant de se diriger vers le nord du pays. Il se serait ensuite rendu au Siam puis dans différentes régions de l’Asie du Sud-Est, propageant la méditation et les arts martiaux, avant de se rendre finalement en Chine.

Trois ans après la mort de Bodhidharma, l’ambassadeur Song Yun du nord de Wei l’aurait vu marcher en tenant une chaussure dans les montagnes du Pamir. Song  demanda à Bodhidharma où il allait, ce à quoi Bodhidharma lui répondit « Je rentre à la maison ». Lorsqu’on lui a demandé pourquoi il tenait sa chaussure, Bodhidharma a répondu:

« Vous saurez quand vous atteignez le monastère de Shaolin. Ne mentionnez pas que vous m’avez vu ou vous rencontrerez un désastre ».

Après son arrivée au palais, Song dit à l’empereur qu’il avait rencontré Bodhidharma en chemin. L’empereur a déclaré que Bodhidharma était déjà mort et enterré et le fît arrêter pour avoir menti. Au monastère de Shaolin, les moines les ont informés que Bodhidharma était mort et avait été enterré dans une colline derrière le temple. La tombe a été exhumée et s’est avérée contenir une seule chaussure. Les moines dirent alors  » Le Maître est rentré chez lui  » et se prosternèrent trois fois :  » Depuis neuf ans il était resté et personne ne le connaissait ; Portant un soulier à la main il rentra chez lui tranquillement, sans cérémonie

Bibliographie

Attribution de textes

Les historiens ne pensent pas que Bodhidharma ait laissé des traces écrites de son enseignement, ce qui serait d’ailleurs conforme à la notion de transmission du dharma sans recours au langage. Néanmoins, lui ont été attribués :

  • Deux entrées et quatre pratiques (er’ru sixing lun 二入四行論)
  • La Stance de la transmission du dharma sans paroles
  • Sermon de la lignée du sang (xuemai lun 血脈論), japonais : ketsumyaku ron
  • Sermon de la destruction des apparences (poxiang lun 破相論)
  • Sermon de l’éveil (wuxing lun 悟性論)

école du lion d’or

L’école du lion d’or, association Pai Liang Qiao, fut fondée en 2014 par Philippe Reus, élève du maître Hu Dong Liang, dernier descendant de l’école du Lotus Blanc.

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