Les différentes ethnies en Chine

– Présentation et Histoire

Présentation

Le peuple chinois se compose d’une mosaïque ethnique de 56 ethnies, résultat d’un long processus d’intégrations successives des populations des confins de l’ère de civilisation chinoise. L’ethnie Han représente près de 90% du total, alors que l’aire d’habitat des minorités couvre plus de 60% du territoire chinois et ces régions sont riches en ressources naturelles.

Grâce aux textes historiques, on peut établir la liste des barbares des confins de l’empire et constater l’essor du brassage ethnique lors du morcellement de la Chine du Nord en petits royaumes barbares sinisés du III au VIème siècles. Cependant, la notion de minorité ethnique (Ouïgour, Miao, Mongol, Tibétain, Yao, Zhuang) n’apparaît dans les textes qu’au XIIIème siècle.

Après la naissance de la République Populaire de Chine en 1949, le gouvernement chinois a reconnu officiellement l’existence de « minorités nationales » et a créé pour les plus nombreuses des « régions autonomes ».

La définition de ces groupes est essentiellement ethnolinguistique : elle repose sur les critères de langue, de culture et le sentiment d’appartenance.

Les Han sont considérés comme une seule ethnie malgré de larges différences internes. Ainsi, on n’en a pas séparé les Hakka (50 millions) que la langue et les coutumes différencient fortement des autochtone Han dans les régions du Jiangxi, du Guangdong et du Guangxi.

Les 55 minorités nationales se caractérisent par leur extrême diversité. Une classification linguistique utilisée en chine distingue deux principales familles subdivisées en groupes eux-mêmes formés d’ethnies. La famille altaïque comprend les groupes turc (Ouigours, Kazakhs), mongol, toungouz (Mandchous) et coréen. Dans la famille sino-tibétaine, on distingue les groupes sino-tai (Zhuang, Dai, Buyi, Dong, Li), tibéto-birman (Tibétains, Yi, Bai, Hani) et Miao-Yao. Ces nationalités comptent ensuite des effectifs très étalés, de 15 millions d’individus pour les Zhuang, à 2 000-3 000 pour les Loba des forêts du sud-est du Tibet et les Gaoshan du Fujian.

Aujourd’hui, les minorités se répartissent aux confins de la Chine, dans les marches du Nord, de l’Ouest et du Sud. En somme, les régions où les ethnies sont implantées culturellement (langue, écriture, religion), voire éparpillées (Yunnan, Guizhou).

Tableau des 56 Ethnies chinoises

Ethnie Population Régions d’habitat dominant
Han 1,043,480,000 Sur l’ensemble du territoire chinois
Zhuang 15,555,800 Guangxi, Yunnan, Guangdong, Guizhou
Hui 8,612,000 Ningxia, Gansu, Henan, Xinjiang, Qinghai, Yunnan, Hebei, Shandong, Anhui, Liaoning, Beijing, Mongolie Intérieure, Heilongjiang, Tianjin, Jilin, Shaanxi
Ouigour 7,207,000 Hunan, Xinjiang
Mandchou 9,846,800 Beijing, Hebei, Heilongjiang, Jilin, Liaoning, Mongolie Intérieure, Tibet
Miao 7,383,600 Guangdong, Guangxi, Guizhou, Hubei, Hunan, Sichuan, Yunnan
Yi 6,578,500 Guangxi, Guizhou, Sichuan, Yunnan
Mongol 4,802,400 Gansu, Hebei, Heilongjiang, Henan, Jilin, Liaoning, Mongolie Intérieure, Qinghai, Xinjiang, Yunnan
Tibétain 4,593,100 Gansu, Qinghai, Sichuan, Tibet, Yunnan
Bouyei 2,548,300 Guizhou
Dong 3,508,600 Guangxi, Guizhou, Hunan
Yao 2,137,000 Guangdong, Guangxi, Guizhou, Hunan, Yunnan
Coréen 1,923,400 Heilongjiang, Jilin, Liaoning, Mongolie intérieure
Bai 1,598,100 Hunan, Yunnan
Hani 1,254,800 Yunnan
Li 1,112,500 Hainan
Kazak 1,110,800 Gansu, Xinjiang
Dai 1,025,400 Yunnan
She 634,700 Fujian, Guangdong, Jiangxi, Zhejiang
Lisu 574,600 Sichuan, Yunnan
Gelao 438,200 Guangxi, Guizhou
Lahu 411,500 Yunnan
Dongxiang 373,700 Gansu, Xinjiang
Wa 352,000 Yunnan
Sui 347,100 Guangxi, Guizhou
Naxi 277,800 Sichuan,Yunnan
Qiang 198,300 Sichuan
Tujiav 192,600 Gansu, Guizhou, Hubei, Hunan, Qinghai, Sichuan
Tu 192,000 Gansu, Qinghai
Xibe 172,900 Jilin, Liaoning, Xinjiang
Mulam 160,600 Guangxi
Kirghiz 143,500 Xinjiang
Daur 121,500 Mongolie Intérieure, Heilongjiang, Xinjiang
Jingpo 119,300 Yunnan
Salar 87,500 Gansu, Qinghai
Blang 82,400 Yunnan
Maonan 72,400 Guangxi
Tadjik 33,200 Guangxi
Primi 29,700 Yunnan
Achang 27,700 Yunnan
Nu 27,200 Yunnan
Ewenki 26,400 Mongolie intérieure, Heilongjiang
Gin 18,700 Guangxi
Jino 18,000 Yunnan
De’Ang 15,500 Yunnan
Ouzbek 14,800 Xinjiang
Russe 13,500 Xinjiang
Yugur 12,300 Gansu
Bonan 11,700 Gansu
Monba 7,500 Tibet
Oroqen 7,000 Mongolie Intérieure, Heilongjiang
Derung 5,800 Yunnan
Tatar 5,100 Xinjiang
Hezhen 4,300 Heilongjiang
Gaoshan 2,900 Fujian, Taiwan
Lhoba 2,300 Tibet

L’évolution des différentes ethnies au cours de l’Histoire de la Chine

Avant l’empire

La plus ancienne dynastie chinoise, les Xia, vivait dans les Plaines centrales du bassin du Fleuve Jaune et côtoyait les Qiang au nord-ouest, les Dongyi dans l’est entre le fleuve Huaihe et le mont Taishan, et les Sanmiao au sud dans la vallée du Yangtsé.

Le royaume Huaxia naquit de l’assimilation des populations des confins (Qiang, Rong, Kunyi, Miao et Man entre autres).

Les guerres et intégrations firent chuter le nombre d’États de 2000 à 100 pendant la période des Printemps et Automnes, puis à 7 durant les Royaumes Combattants.

Sous Qin Shihuangdi

Suite à l’unification du pays en 221 av. J.-C. par Qin Shihuangdi premier empereur des Qin, les ethnies Dongyi (fleuve Huaihe), les Nanman (bassin du Yangtsé), les Baiyue (Guangdong, Guangxi, Fujian et Zhejiang), les Zhurong, les Ze, les Bu et les Yanlang vécurent sous l’autorité de l’empereur.

Pour les contrôler, il instaura des préfectures et des districts relevant directement de l’autorité centrale, ce qui n’empêcha pas la subsistance de puissances rivales provoquant de longs et graves conflits

Sous les HAN

206 av. J.-C.- 220 ap.J.-C. Les Huaxia absorbèrent de nombreuses tribus pour former la nation Han. À la fin du deuxième siècle avant Jésus-Christ, la dynastie des Han contrôlait les Qiang du Nord-Ouest. En 119 av.J.-C., les Wusun firent leur entrée dans l’empire, suivis en 110 av. J.-C. par les Man sur l’île de Hainan, dans le sud, et en 91 av. J.-C, par les Xiongnu du Sud.

Parallèlement, les Xiongnu du Nord commencèrent à émigrer vers l’Europe, mouvement qui se terminera par de nombreuses guerres entre la tribu dirigée par Attila (les Huns)et les puissances locales.

Enfin, en 60 av. J.-C., la dynastie des Han institua un gouvernement régional dans l’actuel Xinjiang, fusionnant ainsi plus d’une trentaine de cités-États.

Pour un temps, les Xianbei, occupant le territoire abandonné par les Xiongnu du Nord, furent une menace pour la dynastie, jusqu’à la conclusion d’une alliance avec les Han de l’Est par leur chef Budugeng.

Sous les dynasties WEI, JIN, NORD, SUD (220-581)

Pendant cette période de 300 ans, les diverses puissances importantes en Chine se firent une lutte de factions. La période est marquée par des déplacements de populations, des annexions et des assimilations de grande envergure.

Vers la fin du règne des Han de l’Est, de nombreuses ethnies minoritaires (Rong et Kunyi) franchirent la Grande Muraille pour se mêler aux Han (qui ne représentent alors plus que 50% de la population) dans les Plaines centrales.

Les années qui suivent la disparition des Jin de l’Ouest (265-316) sont caractérisées par une nouvelle période de fragmentation (23 puissances locales et sept groupes ethniques émergeant dans la partie septentrionale du pays et au Sichuan) connue comme celle des  » Cinq tribus et des Seize États « .

À cette époque, les Fuyu et les Yilou vivaient dans le Nord-Est, les Rouran, les Tiele et les Turcs étaient actifs dans le Nord et le Nord-Ouest, et les Tuguhun et les Di vivaient sur le plateau Qinghai-Tibet.

Les déplacements de populations dans les Plaines centrales provoquèrent des contacts plus étroits et des assimilations au sein des diverses tribus, et un grand nombre de réfugiés de guerre han se déplacèrent vers le sud, dans les bassins du Yangtsé et de la rivière des Perles, et vers le nord, au-delà de la Grande Muraille.

Sous les dynasties SUI ET TANG (581-907)

Pendant cette période, la Chine se réunifie et les contacts politiques, économiques et culturels entre les groupes ethniques s’intensifient (dynastie des Sui, 581-618). En 630, la dynastie des Tang conquit les Turcs de l’Est qui vivaient au nord et au sud du désert de Gobi, puis, en 657, les Turcs de l’Ouest du Xinjiang actuel et de l’Asie centrale, avant leurs alliés Gaochang, Yanqi, Guizi, Shule et Yutian.

Face à la montée en puissance des Ouïgours sur l’ancien territoire des Turcs, le gouvernement des Tang conféra les titres de « Gouverneur de Hanghai » et de « Huairen Khan » aux dirigeants locaux. Puis en 713, ce fut le dirigeant de l’État de Zhen (ethnies Sumo et Mohe) dans le Nord-Est qui reçut les titres de « Dashing Grand Général de la Garde de gauche » et « Prince de l’État de Bohai du gouvernement des Tang « .

Enfin, toutes les puissances ethniques locales succombèrent au charme du système des préfectures, districts et circuits de la cour des Tang où il fut instauré : les Shiwei dans les bassins des fleuves Nenjiang et Heilong, les Zhao du Sud (« Roi des Zhao du Sud »), les Baiman (« Roi du Yunnan ») et les Wuman (« Inspecteur impérial ») dans l’actuel Yunnan, puis les Li, les Liao, les Wuximan, les Siyuanman et les Moyao dans le Sud-Ouest et le sud de la Chine du Centre.

Les chefs de tribus furent nommés gouverneurs et inspecteurs impériaux, postes héréditaires conférant le pouvoir de diriger en tant qu’autorités locales.

Sous la direction des bureaux des gouverneurs, on dressa des listes de recensement et instaura la collecte des taxes aux échelons de la préfecture, de la sous-préfecture et du district, bien au-delà de la juridiction éventuelle du Trésor central. La dynastie Tang réussit à constituer un système de 856 préfectures, sous-préfectures et districts à l’échelle de la Chine, ce qui força le gouvernement central des Tang à entretenir des liens étroits avec les nombreuses nationalités du pays.

Sous les 5 Dynasties ET 10 États (907-979)

Au cours de cette période, la Chine connut à nouveau une ère de fragmentation qui dura 70 ans. Ces puissances rivales furent principalement mises en place par les Han, et les Tang postérieurs furent la seule dynastie créée par des ethnies minoritaires (les Shatuo des Turcs).

Parallèlement à ces puissances rivales coexistaient l’État de Qidan (Khitan, par la suite rebaptisé État de Liao) des Qidan, l’État de Dali (formé par les Baiman et plusieurs autres petits États) ainsi qule les Etats des Ouïgours, des Tufan, des Di et des Qiang. Durant les périodes des Song, des Liao et des Kin (960-1234), les régimes séparatistes furent absorbés par les Song (960-1279) qui devinrent la puissance du sud, et les États de Qidan (Liao, 916-1125) et de Kin (Nuzhen, 1115-1234) dans le nord.

Sous les Song (960-1279)

Sous la dynastie des Song, les Dangxiang de la tribu Qing mirent en place le régime des Daxia (Xia de l’Ouest, 1032-1227) qui entraîna la Chine dans une autre période de 300 ans d’incertitudes.

En 1206, Genghis Khan consolida toutes les tribus mongoles sous le règne de la Horde d’Or, puis conquit successivement les États des Gaochang-Ouïgours, des Liao de l’Ouest, des Xia de l’Ouest, des Jin, des Dali et des Tufan pour former un empire mongol qui devint en 1271 la dynastie des Yuan (1271-1368). En 1279, la chute des Song du Sud (1127-1279) soumet le pays au régime centralisé des Yuan.

Les Yuan instaurèrent alors des « gouvernements provinciaux » (le Nord-Est, la Mongolie intérieure, le Xinjiang, le Guangdong, le Guangxi, le Yunnan et le Guizhou) avec pouvoir d’administrer les régions où habitaient les ethnies minoritaires, et établirent des départements administratifs spéciaux pour gérer le Tibet, le Penghu et Taïwan.

Les chefs de tribus furent dotés de postes héréditaires de dirigeants locaux avec pouvoirs administratifs permettant de mobiliser des soldats, d’enrôler des travailleurs, de collecter les taxes et les tributs au nom de la cour.

Ces mesures placèrent alors les localités de nationalités minoritaires sous un contrôle du gouvernement central encore plus strict que celles-ci ne l’avaient connu pendant la période des préfectures et des sous-préfectures de l’époque des Song et des Tang. Les gouvernements provinciaux furent créés avec des administrations mixtes composés d’officiels locaux avec postes héréditaires et d’officiels à mandat temporaire envoyés par la cour des Yuan.

Supérieur à cet échelon, des postes remplis par des officiels de la cour exerçaient un premier contrôle complété par un contrôle direct de la cour sous la forme d’officiels envoyés par le gouvernement central ou recrutés parmi les chefs ethniques.

Sous les Ming (1368-1644)

En renforçant le contrôle des régions frontalières et en créant des voies de communication pour favoriser la croissance du commerce entre les divers groupes tribaux, les dirigeants des Ming provoquèrent la chute de l’économie féodale en Chine.

Néanmoins, dans certaines régions habitées par les minorités, des structures économiques féodales perdurèrent jusqu’aux années 1960. Ainsi, en 1616, Nurhachi, un chef tribal Mandchou, assimila les divers groupes de la tribu des Nuzhen, et, en 1635, créae l’État des « Kin postérieurs », renommé « Qing » en 1636

Sous les Qing (1644-1911)

Dans le nord, les Qing unifièrent les trois groupes mongols (Mongols du Sud, Mongols du Nord ou Khalthas, et Mongols de l’Ouest ou Qirats), qui vivaient autour du désert du Gobi. le gouvernement des Qing renforça son contrôle dans les régions du Xinjiang et du Tibet régions en matant les rébellions de la tribu mongole Jungar, les Ouïgours et les classes supérieures du Tibet qui collaboraient avec les Mongols au Xinjiang et au Tibet, et préserva l’unité au pays.

Le gouvernement des Qing consolida son contrôle dans le Nord-Est parmi les ethnies minoritaires du bassin du fleuve Heilongjiang en repoussant l’invasion de la Russie tsariste puis établit un gouvernement provincial et des administrations de district sur l’île de Taiwan, établissant ainsi complètement sa souveraineté sur la Chine entière et ramenant tous les peuples formant la nation chinoise sous un régime centralisé.

Somme toute, force est de constater d’une part que la lutte pour l’unification fut la principale préoccupation de chaque dynastie en dépit du peu d’espoir d’élimination des divisions intérieures de la Chine que représente un régime autocratique féodal, et d’autre part qu’à chaque nouvelle étape vers l’unification, les divers groupes ethniques, leur économie et leur culture, connurent une évolution positive, et forgèrent un relation plus étroite entre eux.

Sous la République Populaire de Chine

La République Populaire de Chine comporte 56 communautés ethniques. Les Han représentent 91% de la population globale contre 8,9% pour les 55 autres communautés ethniques. Les régions autonomes représentent 64,3% de la superficie du territoire national et comptent 160 millions d’habitants, dont 72 millions de membres de minorités ethniques.

Pour assurer l’égalité, l’union et la prospérité de toutes les communautés ethniques, le gouvernement chinois pratique un système d’autonomie des régions peuplées de minorités. Ce sont les organismes autonomes de ces régions qui les administrent.

Actuellement, la Chine compte 5 régions autonomes, 30 départements autonomes, 121 districts bannières autonomes et près de 1200 cantons ethniques dans les régions pluri ethniques. Toutes les communautés ethniques chinoises jouissent de droits égaux et les principaux postes de direction des 156 autorités autonomes locales sont occupés par des cadres de minorités ethniques. Ainsi, au Tibet, plus de 70% des cadres sont Tibétains ou d’autres minorités ethniques.

Le gouvernement central accorde une grande attention à l’écart en matière de développement économique et social entre les régions peuplées de minorités ethniques et le reste du pays. Pour cela, les minorités ethniques disposent d’avantages spéciaux pour développer leur économie et leur culture. Chaque année, l’État leur affecte plus de 30 milliards de yuan à titre d' »allocations aux régions peuplées de minorités ethniques », de « subventions pour le développement des zones frontalières », de « subventions budgétaires », de « fonds pour aider le développement des régions économiquement sous-développées », de « fonds pour aider des régions pauvres peuplées de minorités ethniques à se suffire en nourriture et vêtement », et d' »allocations spéciales ».

Actuellement, des réseaux de radio télédiffusion et un système complet d’édition, d’imprimerie et de distribution sont élaborés dans les régions peuplées de minorités ethniques. L’espérance de vie dans ces régions est de plus de 60 ans et a doublée depuis la fondation de la République Populaire de Chine en 1949.

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