Sun Lutang étudie le Xing-Yi Quan

Pendant la première année où Sun apprit le Xing-yi quan avec Li, il ne lui fut enseigné que la position statique San Ti. Il n’était pas autorisé à pratiquer quoi que ce soit d’autre. Sun se demandait pourquoi il n’apprenait que cette position statique, cependant, tant que son professeur lui disait de ne pratiquer que cela, il ne se plaignait pas.

Après six mois, Sun commença à sentir que sa poitrine et son estomac étaient « remplis » et que ses pieds étaient enracinés. Il commença à développer la puissance interne à partir de cette posture statique et se dit que c’était de ce véritable gongfu que tout découlait. Après ces expériences, il pratiqua encore plus diligemment cette position.

Après qu’il eut pratiqué cette posture pendant approximativement un an, son professeur le vit un jour en train de s’entraîner et se glissa derrière lui pour tester son niveau. Li frappa Sun dans le dos avec un coup de paume et la posture de Sun n’en fut pas affectée. Il comprit alors que Sun avait atteint un bon niveau de développement et possédait un grand potentiel. C’est pourquoi il invita Sun à vivre avec lui et commença à lui enseigner les cinq éléments et les douze animaux du Xing-yi quan. Sun pratiquait son Xing-yi quan avec tant d’ardeur qu’après seulement deux années de pratique, il avait développé le plus haut niveau de Xing-yi que l’on pouvait attendre de quelqu’un de son âge et de son expérience.

Pour le cinquantième anniversaire de l’érudit Zhang, Li et Sun allèrent lui rendre visite pour le féliciter. À cette occasion, Zhang suggéra que Li accepte Sun comme disciple formel. Li admit que Sun avait suffisamment étudié et pratiqué pour mériter une place dans sa lignée de Xing-yi quan et l’accepta en tant que disciple de la septième génération de sa branche.

Cette branche de Xing-yi remonte à Ji Ji Ke (aussi connu sous le nom de Ji Long Feng), puis fut transmise à Cao Ji Wu, ensuite à Dai Long Bang, à Li Neng Ran, à Guo Yun Shen, à Li Kui Yuan, et enfin à Sun Lu Tang.

Après que Zhang eut proposé à Li d’accepter Sun comme disciple, Li lui fit à son tour une suggestion. Il dit :
« Maintenant que j’ai accepté un disciple formel sur vos encouragements, je vous invite à accepter un gendre, et à permettre à Sun d’épouser votre fille. »

La fille de Zhang, Zhang Zhao Xien, avait alors seize ans et Sun dix-huit. Zhang et Li pensaient qu’ils formeraient un beau couple, et les fiançailles furent décidées. Toutefois, Sun ne souhaitait pas se marier tout de suite. Il désirait consacrer encore du temps à la pratique des arts martiaux avant de penser à entretenir une famille.

Li dit à Sun qu’il lui avait enseigné tout ce qu’il savait. Il lui suggéra que, s’il souhaitait en apprendre davantage sur le Xing-yi quan, il pourrait le présenter à son propre professeur, Guo Yun Shen. Sun était très enthousiaste à l’idée de travailler avec Guo, mais quelque peu inquiet de savoir qui prendrait soin de sa mère. L’érudit Zhang le rassura : il dit qu’il prendrait sa mère sous son toit et veillerait sur elle pendant que Sun étudierait avec Guo. Sa mère prise en charge par Zhang, Sun pouvait poursuivre son apprentissage des arts martiaux. Li emmena Sun dans le comté de Shen, dans la province du Hebei, pour le présenter à son professeur, Guo Yun Shen.

Guo Yun Shen avait étudié le Xing-yi quan avec Li Neng Ran (aussi connu sous le nom de Li Luo Neng). Guo adorait se battre lorsqu’il était jeune. Quand il rencontra Li pour la première fois avec l’intention d’apprendre le Xing-yi, Li refusa de lui enseigner à cause de son tempérament belliqueux. Il lui dit que tant qu’il ne réformerait pas sa nature, il ne lui enseignerait jamais les arts martiaux.

Guo trouva un travail de serviteur juste à côté de la maison de Li et se mit à observer en secret Li et ses élèves pratiquer le Xing-yi. Il pratiqua Beng Quan (poing de pulvérisation) seul pendant trois ans. Un jour, Li Neng Ran vit Guo pratiquer Beng Quan et constata qu’il était déjà très doué pour cette technique. Il comprit que Guo était sincère dans son désir d’étudier le Xing-yi quan et accepta alors de lui enseigner.

Après que Guo eut étudié quelques années auprès de Li, il obtint un travail de chasseur de primes. À cette époque, la loi stipulait qu’un chasseur de primes était autorisé à capturer les criminels et à les ramener, mais ceux-ci devaient être amenés vivants.

Un jour, Guo poursuivait un bandit qui terrorisait les voyageurs sur une route fréquentée. Il réussit à le trouver alors que celui-ci se battait avec le service d’escorte local. Guo se joignit à la rixe et captura le hors-la-loi. Mais après sa capture, le bandit sortit une arme dissimulée et tenta de tuer Guo. Celui-ci le frappa et le tua sur-le-champ. Conscient d’avoir enfreint la loi, Guo se rendit de lui-même aux autorités. La peine pour ce genre de crime était la mort, cependant les conseillers du magistrat local supplièrent ce dernier de considérer le fait que Guo possédait un talent exceptionnel dans la pratique des arts martiaux. Au lieu d’être exécuté, Guo fut condamné à trois ans de prison.

Guo Yunshen (郭雲深 1822 -1901)

Pendant son incarcération, Guo était menotté, mais il continuait à pratiquer son Xing-yi quan. Lorsqu’il sortit de prison, il était encore plus accompli qu’en y entrant.

Durant ce séjour en prison, Guo développa ce qui allait être connu sous le nom de ban bu Beng Quan (poing de pulvérisation en demi-pas) et devint si célèbre pour la puissance de cette frappe que l’on disait de lui :
« Son poing de pulvérisation en demi-pas peut vaincre toutes choses sous le Ciel. »

Après avoir été libéré, Guo se rendit au service d’escorte qui exerçait dans la région où le bandit qu’il avait tué opérait. Il leur dit que, puisqu’il avait éliminé le bandit, la route était désormais sûre et que leur travail en était facilité. Il déclara que la compagnie lui devait de l’argent pour le service qu’il leur avait rendu. En raison de ses capacités martiales, ils ne voulurent pas se quereller avec lui et lui donnèrent de l’argent. Cependant, Guo revint régulièrement pour en réclamer davantage, et le service d’escorte commença à s’en lasser. Au lieu de l’affronter directement, ils envoyèrent une lettre à son enseignant, Li Neng Ran.

Li Neng Ran rappela Guo auprès de lui et lui dit qu’il ne devait plus déranger le service d’escorte. Puis il ajouta :
« De plus, ton gongfu n’est pas aussi bon que tu le crois. Tes capacités n’égalent pas celles de ton frère de pratique, Che Yi Zhai. »

En disant cela, Li souhaitait lui donner deux leçons : la première, qu’il ne devait pas être aussi arrogant, car, aussi fort soit-on, il se trouve toujours meilleur que soi ; la seconde, qu’il devait revenir terminer son apprentissage. Après que Guo eut étudié les cinq éléments du Xing-yi quan, il ne voulut en effet rien apprendre de plus. Il était devenu si puissant dans l’application des cinq phases qu’il n’avait jamais perdu un combat et en conclut qu’il n’avait plus rien à apprendre. Li l’encouragea pourtant à étudier les formes avancées et les pratiques à deux (An Shen Pao, ainsi que les cycles d’engendrement et de contrôle des cinq éléments), mais Guo pensait que c’était une perte de temps et quitta Li avant d’avoir complété sa formation en Xing-yi quan.

En entendant que son professeur estimait que les aptitudes de Che Yi Zhai étaient supérieures aux siennes, Guo entra dans une grande colère et partit pour la province du Shanxi afin de trouver Che Yi Zhai et le défier.

Lorsque Guo arriva chez Che, celui-ci fut très heureux de le voir et dit :
« Petit frère, je suis si heureux que tu sois venu me rendre visite, allons manger quelque chose. »

Guo répondit :
« Non, je suis venu ici pour me battre avec toi. »

Che tenta de le dissuader, mais Guo insista, et Che finit par accepter. Guo tenta à plusieurs reprises d’utiliser son fameux Beng Quan. Che restait toujours à bonne distance, puis, alors que Guo frappait encore, il se déplaça rapidement sur le côté et exécuta Pi Quan (mouvement de séparation), mais il retint sa frappe et l’arrêta à quelques centimètres de la tête de Guo.

Comprenant que Che avait l’avantage, Guo s’arrêta et déclara :
« Comme notre professeur l’a dit, tu es meilleur que moi. »

Après cet incident, Guo n’ennuya plus la compagnie d’escorte et retourna chez Li Neng Ran pour terminer son apprentissage.

Sun Lu Tang découvre les arts martiaux

Un jour, Fu Quan était dehors dans un champ en train de s’occuper de moutons lorsqu’il entendit des hurlements de foule. Il escalada une colline voisine et aperçut un groupe de gens pratiquant les arts martiaux. L’enseignant était un vieil homme d’environ soixante-dix ans, de stature moyenne. Ses yeux regorgeaient d’esprit et, lorsqu’il démontrait son art, ses mouvements étaient rapides, vifs et précis. Sun n’avait jamais vu d’arts martiaux auparavant et fut fasciné par ce qu’il vit. Il décida alors que, le lendemain, il irait trouver ce professeur et lui demanderait de le prendre comme élève.

Le jour suivant, Sun trouva la maison de l’enseignant et s’agenouilla devant lui pour lui demander la permission de devenir son élève. Au premier abord, le professeur pensa qu’il plaisantait. Il lui demanda d’où Sun venait, et celui-ci raconta au professeur l’histoire de la mort de son père et expliqua qu’il travaillait pour un homme qui le battait. Le professeur fut ému par l’honnêteté de Sun et sa sincérité. Il lui demanda pour quelle raison il souhaitait étudier les arts martiaux. Sun répondit qu’il voulait pouvoir répondre aux assauts répétés de son employeur et de son fils. Le vieil homme répondit : « Les arts martiaux ne reposent pas uniquement sur le combat, leurs principes sont très profonds. » Sun se montra inflexible et ne voulut pas renoncer à cet apprentissage. Le professeur lui demanda alors s’il pourrait supporter les privations que cela exigerait. Sun répliqua qu’il pouvait supporter n’importe quel type de souffrance, pourvu qu’il puisse étudier les arts martiaux. Le professeur, dont le surnom était Wu, consentit alors à accepter Sun comme élève.

Sun était âgé de dix ans lorsqu’il commença à étudier avec ce premier professeur. Chaque jour, après le travail, il allait s’entraîner et étudiait jusqu’au milieu de la nuit. Son professeur avait lui aussi eu une vie très difficile lorsqu’il était jeune, et il compatissait à la situation de Sun. Après s’être aguerri dans la pratique martiale, Wu était devenu très vertueux et aidait les gens opprimés. Une fois, il fut amené à aider quelqu’un qui était maltraité, et, au cours de l’altercation, il tua l’agresseur. Le gouvernement réclama son exécution pour ce crime et c’est pourquoi il s’enfuit de chez lui. Pour vivre, il démontrait les arts martiaux dans la rue et mendiait de l’argent. Plus tard, il rejoignit la rébellion des Taiping (1850-1864) et combattit les soldats de la dynastie Qing. Après la dispersion des Taiping, il revint à la démonstration d’arts martiaux dans les rues pour subsister. Il était expert en Shaolin et en Ba Ji quan, ainsi que dans les dix-huit armes traditionnelles. Il excellait aussi dans le lancer de billes d’acier, les armes à feu, et possédait le qing gong (gongfu de la légèreté).

Sun Lu Tang était un étudiant exceptionnel. Après la première année de pratique, il devint particulièrement efficace dans les bases et commença l’étude du Hong Quan. Sun étudia également le système des soixante-quatre paumes du combat spontané, le gongfu de la légèreté, le qigong du « garçon vierge » et la manipulation d’armes secrètes. Wu reconnut l’intelligence et les capacités naturelles de Sun et put lui enseigner à un rythme très rapide. Après deux années d’étude, Sun était le meilleur boxeur de la région. Afin qu’il ne devienne pas trop insolent, son professeur lui rappelait que, bien qu’il progressât rapidement, il ne voyait encore qu’un aspect de la réalité de la pratique martiale et qu’il ne devait donc pas être trop fier de ce qu’il avait accompli.

Son professeur lui raconta une histoire de sa propre jeunesse, à l’époque où il venait d’atteindre un bon niveau de pratique pour son âge. Il pensait alors être très fort et intervint pour aider quelqu’un qui se faisait battre. L’adversaire qu’il affronta était un artiste martial hautement accompli, et Wu fut grièvement blessé. Il raconte que son adversaire aurait pu le tuer sans l’intervention d’un moine de Shaolin, témoin du combat, qui intervint pour le sauver avant qu’il ne soit trop tard. Le moine ramena Wu au temple de Shaolin, où il resta deux ans pour étudier. Au temple, il étudia le Tan Tui, les soixante-quatre paumes du combat spontané, les soixante-douze qin na et le qing gong.

Après que Sun eut étudié avec son professeur pendant trois ans, sa mère apprit qu’il pratiquait les arts martiaux. Cela la rendit très anxieuse, car elle pensait qu’il était trop frêle et risquait de se blesser. Elle partit le voir avec l’intention de lui dire de ne plus pratiquer. Cependant, lorsqu’elle arriva, elle s’aperçut qu’il était plus fort et en meilleure santé qu’il ne l’avait jamais été et n’essaya pas de l’empêcher de continuer. Sun était toujours mince et paraissait fragile, mais le fait de le voir en meilleure santé lui permit de comprendre que la pratique martiale lui était bénéfique.

Lorsqu’il eut approximativement douze ans, son patron accorda une demi-journée de congé à ses employés afin qu’ils puissent célébrer le Nouvel An. Sun avait prévu de rentrer chez lui pour rendre visite à sa mère. Alors qu’il était sur le point de partir, le fils du patron entra et commença à le malmener. Il dit : « Tu pratiques les arts martiaux ! Si tu penses être bon, voyons si tu peux combattre mon cousin. » Le cousin, qui était de huit ans l’aîné de Sun, entra dans la pièce. Il était très grand et fort, à l’image des pratiquants de lutte chinoise (Shuai Jiao). Le cousin attrapa Sun par la chemise et le traîna dans la cour. Une fois dans la cour, l’agresseur le saisit par le col et le pantalon, le souleva au-dessus de sa tête et le projeta. Tandis qu’il était jeté en l’air, Sun se retourna et retomba sur ses pieds. Cela rendit le cousin furieux, mais Sun était tout aussi en colère de voir sa chemise en lambeaux. Alors que son adversaire accourait à nouveau pour le saisir et le projeter, Sun le frappa au niveau du plexus solaire, puis dans le dos. Lorsque le cousin heurta le sol, il vomit toute la nourriture du Nouvel An qu’il venait d’ingurgiter.

Le fils du patron de Sun courut chercher son père. Le patron sortit dans la cour avec un énorme bâton en déclarant qu’il allait battre Sun à mort. Les autres serviteurs le retinrent et tentèrent de le convaincre de ne pas frapper Sun. Le patron hurla à ce dernier de quitter sa maison et de ne jamais revenir, sinon il le battrait jusqu’à ce que mort s’ensuive. Sun quitta donc les lieux et se rendit chez sa mère.

La seule chose qui intéressait le jeune Sun Fu Quan était les arts martiaux. Il ne voulait pas travailler, seulement s’entraîner. Pour se nourrir et alléger le fardeau de sa mère, il ne mangeait que des légumes sauvages qu’il trouvait. Comme beaucoup d’artistes martiaux de cette époque avaient mauvaise réputation, les villageois pensaient qu’il deviendrait un bandit. Cela renforça sa détermination. Il leur dit que non seulement il serait un très grand artiste martial, mais qu’un jour il aiderait ce village et rendrait tous ses habitants fiers.

Peu de temps après avoir été congédié, Sun se sentit honteux et déprimé de ne pouvoir subvenir aux besoins de sa mère ni garder un travail. Un jour, il lui dit qu’il allait mendier du riz. Il se sentait si mal qu’au lieu de mendier, il sortit et se pendit. Immédiatement après qu’il eut serré le nœud autour de son cou, deux voyageurs passèrent et coupèrent la corde. Sun n’était pas encore mort, ils le ramenèrent donc chez sa mère. Les deux braves voyageurs parlèrent avec Sun et le convainquirent que, si mauvaises que soient les circonstances, il ne devait pas attenter à sa vie. L’un d’eux donna un peu d’argent à Sun et à sa mère, et ils l’utilisèrent pour se rendre à Bao Ding, rendre visite à l’oncle de Sun.

L’oncle du jeune Fu Quan tenait une boutique où il vendait des pinceaux de calligraphie. Il donna un travail à Sun comme commis dans son échoppe. Pendant qu’il travaillait dans le magasin de son oncle, Sun pratiquait la calligraphie chaque jour. Il était trop pauvre pour acheter du papier ou de l’encre, aussi utilisait-il du papier de brouillon sur lequel il écrivait avec de l’eau. L’oncle de Sun était un homme bon et son magasin connaissait un certain succès. En plus du logement et de la nourriture qu’il fournissait à Sun et à sa mère, il lui donnait périodiquement de l’argent pour le travail accompli. C’est grâce aux relations de son oncle que Sun put continuer sa pratique martiale à Bao Ding.

L’oncle de Sun avait deux amis très proches. L’un, surnommé Zhang, était un érudit ; l’autre, nommé Li Kui Yuan, était un pratiquant d’arts martiaux qui dirigeait la compagnie d’escorte Tai An.

Li Kui Yuan était un élève en Xing-yi quan du fameux Guo Yun Shen. Il rencontra ce dernier un jour alors qu’il escortait un convoi. À cette occasion, il défia Guo dans une rencontre amicale afin de tester son propre niveau. Li était réputé pour son travail de jambes et ses coups de pied. Pendant l’affrontement, Li tenta de placer un coup de pied sur Guo. Guo bloqua ce coup d’un geste qui sembla n’être qu’une légère tape, mais Li fut projeté de plusieurs pas en arrière et tomba au sol. Lorsqu’il se releva, il n’était pas blessé. Parce que Guo avait accepté le défi, l’avait vaincu de façon fulgurante sans lui faire de mal, Li sut qu’il avait affaire à un pratiquant très accompli. Il courut après Guo, tomba à genoux devant lui et demanda à devenir son élève. Guo consentit à l’enseigner et Li commença alors son apprentissage du Xing-yi quan. Il étudia avec lui pendant plusieurs années. Comme Li était déjà aguerri en arts martiaux, Guo lui transmit rapidement son enseignement et il perfectionna grandement ses habiletés. Après avoir étudié avec Guo, Li hérita du surnom d’« habileté divine ».

Un jour, l’oncle de Sun Lu Tang se préparait à envoyer un cadeau à son ami, le savant Zhang, et demanda à Sun d’écrire le nom et l’adresse du destinataire sur le paquet. Lorsque Zhang reçut le cadeau, il fut tout aussi impressionné par la calligraphie de son adresse que par le contenu du paquet. Zhang rendit visite à l’oncle de Sun pour savoir qui en était l’auteur. Lorsqu’il apprit que c’était le neveu de ce dernier, il déclara : « Vous ne m’aviez jamais parlé d’un jeune homme de votre famille doté d’un tel talent. » Zhang dit alors à Sun, qui était âgé d’environ quinze ans à cette époque, qu’il pouvait venir aussi souvent qu’il le souhaitait pour en apprendre davantage sur la calligraphie.

Durant ses temps libres, Sun commença donc à aller chez Zhang pour pratiquer. C’est là qu’il rencontra pour la première fois Li Kui Yuan. En rencontrant Sun, Li trouva un jeune garçon honnête et très intelligent. En apprenant que Sun avait déjà une formation en arts martiaux, Li lui proposa de lui enseigner le Xing-yi quan. L’amour de Sun pour les arts martiaux n’ayant pas faibli, il fut ravi d’avoir trouvé un nouveau professeur.

Sun Lutang (孫祿堂 1860 – 1933)

Aujourd’hui, presque tous ceux qui pratiquent les styles dits « internes » des arts martiaux chinois peuvent affirmer que les arts du Bagua Zhang (八卦掌), du Xing-yi quan (形意拳) et du Tai-chi-chuan (太極拳) sont les plus populaires de cette famille, et qu’ils sont excellents pour la préservation de la santé. Ils pourront également expliquer comment, à un certain degré, ces arts sont liés à la philosophie chinoise et au taoïsme.

Cependant, vers la fin du XIXᵉ siècle, alors que ces arts jouissaient d’une grande popularité auprès de ceux qui les pratiquaient uniquement pour des fins martiales, on prêtait fort peu d’attention à la philosophie ou à leur aspect thérapeutique. Il n’existait pas non plus de regroupement de ces styles au sein d’une même famille. Avant le changement de siècle, ceux qui pratiquaient ces arts étaient principalement des fermiers sans instruction, qui étudiaient dans l’espoir d’obtenir des emplois tels que garde du corps, gardien de résidence ou escorte de convois et de caravanes.

Les Chinois instruits regardaient les artistes martiaux de haut, les considérant comme des brutes de basse condition. Comme Sun Lutang l’écrivit dans la préface de son livre sur le Xing-yi quan :

« Il y avait dans les Anciens Temps un grand préjudice, car les lettrés méprisaient les arts martiaux tout comme leurs pratiquants, qui étaient fort peu instruits. »


 La naissance de la « famille interne »

Le premier regroupement de ces arts sous le nom de « famille interne » apparut en 1894. Le maître de Bagua Zhang Cheng Tinghua (程廷華 1848-1900), et ses amis Liu De Kuan (劉德寬 1826–1911), Li Cun Yi et Liu Wei Xiang, formèrent une organisation martiale dans le but de perfectionner leurs arts, de favoriser l’harmonie entre les différents cercles martiaux et d’élever le niveau de leurs élèves.

Cette « fraternité » comptait :

  • Cheng Ting Hua pour l’école du Bagua Zhang,

  • Liu De Kuan pour l’école du Tai-chi-chuan,

  • Li Cun Yi et Liu Wei Xiang pour l’école du Xing-yi quan.

Ils convinrent que leurs élèves pourraient librement étudier avec les autres maîtres afin d’approfondir leurs connaissances. Grâce à cette collaboration, ces enseignants améliorèrent leurs méthodes et décidèrent que les trois arts, bien qu’ayant leurs spécificités, appartenaient à une même famille.

Pour nommer cette famille, ils choisirent d’abord Nei Jia Quan (« boxe interne »). Plus tard, en découvrant qu’un art plus ancien portait déjà ce nom, ils tentèrent de le remplacer par Nei Gong Quan (« boxe des habiletés internes »). Cependant, le nom Nei Jia Quan était déjà solidement ancré dans les esprits.

C’est ainsi que les arts du Bagua Zhang, du Xing-yi quan et du Tai-chi-chuan furent regroupés en une même famille et devinrent connus sous le nom de « styles internes ». Les premiers ouvrages publics faisant référence à cette classification furent ceux publiés par Sun Lutang (孫祿堂) au début du XXᵉ siècle.


Le mythe du « Wudang Wushu »

Par le passé, ces trois arts furent également regroupés sous l’appellation « Wudang Wushu », ce qui amena beaucoup de gens à croire, à tort, qu’ils trouvaient leur origine chez les taoïstes des monts Wudang.

En réalité, chacun de ces arts peut être clairement retracé en dehors des monts Wudang, et parmi les trois, seul le Bagua Zhang est directement issu des pratiques taoïstes.

D’où vient alors le nom « Wudang » ?

Durant la dynastie Ming (1368–1644), un pratiquant nommé Sun Shi San enseignait un style appelé Nei Jia Quan. La première trace écrite de ce style apparaît vers la fin de cette dynastie. Un disciple du Nei Jia Quan, Wang Zheng Nan, eut un élève nommé Huang Bai Jia, fils de l’érudit Huang Zong Xi.

À la mort de Wang Zheng Nan, Huang Zong Xi écrivit un panégyrique relatant son art et sa vie. Plus tard, Huang Bai Jia rassembla ces écrits et publia un livre intitulé Nei Jia Quan, dans lequel il affirmait que cet art prenait sa source chez le taoïste Zhang San Feng, des monts Wudang.

Or, aucune lignée claire ne relie Zhang San Feng à Wang Zheng Nan. L’origine réelle de ce Nei Jia Quan demeure donc inconnue.

En 1894, lorsque le groupe de Cheng Ting Hua fonda l’association du Bagua Zhang, Xing-yi quan et Tai-chi-chuan sous le nom de Nei Jia Quan, le public associa à tort ces arts à ceux décrits dans le livre de Huang Bai Jia, renforçant l’idée erronée d’une origine taoïste commune à Wudang.

Le nom « Boxe du Wudang » fut ensuite institutionnalisé lorsque la Central Martial Arts Academy classa ces arts comme « styles du Wudang » en 1928, pour les distinguer des styles issus du Shaolin.


 Le rôle décisif de Sun Lu Tang

Le premier à établir clairement, par écrit, un lien entre les arts « internes », le Yi Jing (Livre des Mutations) et la philosophie taoïste fut Sun Lu Tang.

Après avoir étudié le Bagua Zhang avec Cheng Ting Hua, celui-ci l’encouragea à voyager dans les monts Emei (Sichuan) et dans les monts Wudang (Hubei) afin d’étudier le taoïsme et le Yi Jing. Sun suivit ce conseil entre 1894 et 1896.

En 1915, il publia son premier ouvrage, L’étude de la boxe de la forme et de l’intention, après avoir étudié :

  • le Tai-chi-chuan,

  • le Xing-yi quan,

  • le Bagua Zhang,

  • la philosophie taoïste,

  • le Yi Jing,

  • les arts taoïstes de longévité.

Ce livre marqua un tournant dans la perception des arts martiaux par la population instruite. À cette époque, la Chine souffrait : famines, corruption, opium, mauvaise santé générale. Le peuple était surnommé par les étrangers « les Malades de l’Asie ».

Dans le cadre d’un effort national, le nouveau gouvernement républicain introduisit l’enseignement des arts martiaux dans les écoles pour renforcer la santé du peuple. Sun publia son livre notamment pour promouvoir les arts martiaux comme pratiques thérapeutiques et prophylactiques. Il y écrivit :

« Un pays puissant ne peut se composer d’un peuple faible. Nous ne pouvons rendre le peuple fort sans entraînement physique. La fortification du peuple à travers l’entraînement physique est la voie du renforcement du pays. »

Le livre de Sun fut le premier à :
 regrouper le Xing-yi quan, le Bagua Zhang et le Tai-chi-chuan en une seule famille,
 les relier explicitement au Yi Jing et au taoïsme.

Il a largement façonné notre conception moderne des « arts internes ».

Confucius (孔子)

Confucius

Naissance
-551
Zou, pays de Lu
Décès
479 av. J.-C.
Qufu, pays de Lu
Sépulture
Cimetière de Confucius ( 孔林 ).
Nationalité
Chine
École/tradition
Confucianisme
Principaux intérêts
Éthique, politique
Influencé par Zi Chan, Lao Zi, Zhou Gong  ( 子產 , 老子 , 周公 ).
A influencé
Mencius, Xun Zi, Zhu Xi        (  孟子 , 荀子, 朱熹 )
Adjectifs dérivés
Confucianisme , Confucéen : Le confucianismeRújiā (儒家) « école des lettrés » puis Rúxué (儒学) « enseignement des lettrés »
Père
Shu Liang He 叔梁紇 )
Mère
Yan Zhengzai  (顏徵在)
Fratrie
Meng Pi  ( 孟皮 
Enfant
Kong Li  ( 孔鯉 )

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