Le ba gua ou bagua (八卦)

« huit figures de divination » 

C’est un concept philosophique fondamental de la Chine ancienne utilisé dans le taoïsme et le Yi Jing, mais aussi dans d’autres domaines de la culture chinoise, tels que le feng shui, les arts martiaux ou la navigation.

Origine

Il y a deux origines possibles du Ba Gua :

La première serait la philosophie traditionnelle du  yin-yang. Les relations entre ces deux philosophies ont été décrites par Fuxi en ces termes :

Sinogramme Hànyǔ pīnyīn Traduction en français
無極生太極 Wújí shēng tàijí. Le Néant (wuji) engendre l’Absolu (taiji).
太極生兩儀 (即陰陽) Tàijí shēng liǎng yí (jí yīn yáng). Le taiji engendre deux formes (c’est-à-dire le yin et le yang).
兩儀生四象(即少陽、太陽、少陰、太陰) Liǎng yí shēng sì xiàng (jí shàoyáng, tàiyáng, shàoyīn, tàiyīn). Les deux formes engendrent quatre phénomènes, c’est-à-dire petit yang, grand yang (taiyang signifie aussi « soleil »), petit yin, grand yin (taiyin signifie aussi « lune »).
四象生八卦 (八八六十四卦) Sì xiàng shēng bāguà (bābā liùshísì guà). Les quatre phénomènes engendrent les huit trigrammes (huit fois huit font soixante-quatre hexagrammes).

Une  source possible serait le roi Wen de la dynastie Zhou ( 周朝)  : « Quand le monde commença, il y avait le Ciel et la Terre. Ensemble, ils donnèrent naissance à tout ce qui existe sur terre. Le Ciel est Qian-gua, et la Terre est Kun-gua. Les six autres gua sont leurs enfants. »

L’énigme des huit trigrammes 

Il existe deux ordres de présentation des huit trigrammes, celui de Fúxī (伏羲), appelé « Succession du ciel antérieur », et celui du roi Wen (文王), appelé « Succession du ciel postérieur ».

L’ordre de l’empereur Fo-Hi est le suivant 

(le nord est en bas) 

Nord = terre

Nord-est = foudre

Est = feu

Sud-est = lac

Sud = ciel

Sud-ouest = vent

Ouest = eau

Nord-ouest = montagne

Wen Wang ( 周文王), « roi Wen de Zhou »

L’ordre du roi Wen est le suivant 

(le nord est en bas) 

Nord = eau

Nord-est = montagne

Est = foudre

Sud-est = vent

Sud = feu

Sud-ouest = terre

Ouest = lac

Nord-ouest = ciel

La solution qui permet le passage d’un ordre à un autre est appelée « clé de Min Tou Men Fou », du nom d’un érudit chinois réfugié au Tibet après la révolution culturelle. Cette solution est connue sous la forme du texte lapidaire suivant:

Le roi se rend au nord-ouest

La reine se rend au sud-ouest

Le nouveau sud va au nord-est

Le nouveau nord va au sud-est

Les axes de la croix finale échangent leurs positions

Les termes « antérieur » et « postérieur » se rapportent en fait à deux états géométriques différents, l’un (antérieur) devant nécessairement précéder l’autre (postérieur).

Ce qui nous donne, en partant de l’ordre de Fo-Hi;

Le roi se rend au nord-ouest

La reine se rend au sud-ouest

Le nouveau sud va au nord-est

Le nouveau nord va au sud-est

Le lac et la foudre échangent contre le feu et l’eau

 

La motivation géométrique sur laquelle se fonde cette double permutation reste à élucider.

Description de chaque trigrammes 

K’IEN : LE CRÉATEUR Le créateur est dit ce qu’il y a de plus puissant au monde. Son animal symbolique est le cheval. Comme symboles, le ciel, le père, le jade, le froid, la glace, le métal, le rouge sombre, le dragon, le vêtement de dessus, la parole, le prince, la pierre précieuse, le rond, l’or. Toutes ces notions qui paraissent dispersées et contradictoires sont confirmées par les tirages; elles sont nécessairement symboliques. Dans le graphisme de K’ien, le soleil aide les plantes et les racines à croître. Le principe premier – un homme écartant les bras, figurant l’architecture divine, ce qui se trouve au commencement – s’abrite sous un toit. L’ensemble évoque bien la force et la puissance. On sait le rôle du père dans la civilisation Balance/Cancer de l’ancienne Chine.

 K’OUEN : LE RÉCEPTIF Le réceptif est la terre, la mère, la passivité, le noir, la foule, l’obscurité, une étoffe, le chaudron, l’économie, le veau avec la vache, un grand char, la forme, la multitude, l’enfant, le jaune, la jupe, la mouche, le carré, le sac, le tronc. Du point de vue symbolique, la terre supporte la vie comme une étoffe, un vêtement. Dans le chaudron, les choses cuisent jusqu’à maturité, la terre, de même, est le grand creuset de la vie. La mère s’occupe de la nourriture, fonction essentiellement lunaire. La lune brille de nuit; le veau et sa vache sont des symboles de fécondité, etc… De même que toute vie sort de terre, les rameaux sortent dû tronc, etc.. Le graphisme de ce trigramme montre un axe symétrique par rapport à deux mains opposées agissant dans un sens de fécondité, mais aussi d’équilibre, des forces en présence. Il s’agit d’un repos, d’une inertie féconde, d’un abandon à une volonté cosmique. Une plante sortant de terre se développe à gauche. État neutre donc, mais puissamment fécond, non pas absence de force, mais son support naturel, tout comme sur le plan humain l’utérus attend le germe pour le nourrir.

TCHEN : L’ÉVEILLEUR Le Yang et le Yin se trouvaient parfaitement figurés, à leur extrême, dans les deux précédents trigrammes. Il s’agissait du plus extrême du masculin (K’ien) et du plus extrême du féminin (K’ouen). Le symbolisme des traits continus évoquait le mâle et ses organes de génération par lesquels la vie continue. Celui des traits discontinus, coupe, trou, cavité, replis, ruissellement, les organes génitaux féminins, dans lesquels descend le germe, où il s’élabore, et où l’enfant vient au monde et au souffle de vie. On comprend leur place respective de père et de mère, la famille étant pour l’ancienne Chine, le lieu où s’élabore une fécondité et où se perpétue l’esprit ancestral. Du reste, aujourd’hui, la dislocation de la famille ne figure-t-elle pas la dislocation de la société et  » la lutte des classes  » ? L’Éveilleur est le fils aîné, le bambou jeune et vert, le jonc, le roseau le mouvement, le tonnerre, le jaune sombre, ce qui s’étend, le dragon (animal mythique), la décision, la véhémence, l’agatisation, les pieds, la secousse, le tambour, le retour à la vie, le corbeau, ce qui est fort et croît de façon luxuriante. Au point de vue annalistique, la grande rue, qui dépend de  » L’Éveilleur  » est au printemps la route menant tout élément vers la vie. Bambou, roseau, jonc, ont une croissance très rapide. Etc…

 K’AN : L’INSONDABLE, L’ABÎME Ici, le trait plein, yang, se trouve entre deux traits yin, qui l’assiègent et le minent. Il ne faut pas croire pour celà que ce trigramme est  » mauvais « . Il fait partie d’un plan cosmique où il est difficile de rien isoler. Les jugements de valeur ne peuvent être portés que par rapport à une situation donnée. Ainsi, pour la nature, un processus d’oxydation cellulaire ou de pourrissement est aussi indispensable qu’un processus de nutrition et de croissance. La graphie de K’an désigne une plante et, à sa droite, à côté, des souffles vomis d’une bouche, qui peut être une cavité, un gouffre, une grotte, comme autrefois Delphes, bouche dont les mystères orphiques constituaient un élément et un processus nécessaires, religieux et sacré. C’est la raison pour laquelle, dans une tentative d’élucidation pour les étudiants ou lecteurs connaissant l’astrologie, nous relions les effets de K’an et son principe à Mars/Pluton, une action dirigée vers le bas (les ténèbres), en tout cas vers le yin, où elle se dissout sans pour autant perdre sa force. Ces influx, liés à  » la descente aux enfers  » qui constitue une souffrance, une crise, une purification et la mort ou la paralysie d’une partie du  » moi « , précédant une ouverture à d’autres valeurs, peuvent être dangereux. Les vapeurs émises de cette  » bouche  » (signe du Taureau, celui de la bouche, face à celui du Scorpion, signe des enfers et de la métamorphose) sont des vapeurs délètères (qui mettent la vie en danger, vu la racine grec délétêrios : nuisible) et méphitiques. La lave volcanique doit brûler (elle s’accompagne d’ailleurs d’acides et de gaz délétères) avant d’être un support fécond pour la végétation et la vie nouvelles. K’AN est l’oreille, les fosses, le piège, l’arc, la flèche, l’occulte, le secret, le voleur, la lune, l’appartement retiré (intérieur), le rouge, les calamités, les maux d’oreille, la mélancolie, les malaises cardiaques, l’eau, le porc, le fossé, le renard. Embûche, détour, indécision. Le fait de se redresser et de se courber. Analogiquement, ce dernier fait est celui du serpentement de l’eau. La courbure de l’arc et de la flèche procède de la même vision analogique. Le sang étant le liquide du corps, la couleur du trigramme est le rouge, (couleur plus affaiblie que K’ien). Les êtres venant et se sauvant en secret sont des voleurs. Etc.. 

 KEN : L’IMMOBILISATION Le trigramme se lisant de bas en haut, nous voyons les traits yin (ouverts en leur centre) laisser passer le courant de forces, qui s’immobilisent contre le trait yang, pesant sur l’ensemble, et amenant une immobilité et une rigidité totales. La fermeté, la solidité, l’arrêt, la permanence, en découlent. Le schéma graphique représente un oeil au-dessus d’un homme debout. Ken gouverne l’immobilisation, le chien, le rat, les oiseaux à bec noir, le chemin détourné, les portes, les pierres, les ouvertures, les fruits et semences, la montagne, le moine, le nez, les eunuques, les gardiens, la solidité. Analogiquement, les sentiers détournés sont ceux des chemins de montagne, les gardes immobiles près des portes font figure de rigidité, etc… Le chien, de même, veille près des ouvertures, etc…

 SOUEN : LE DOUX (transcrit phonétiquement, aussi, HSUAN ou SOUN : De part et d’autre du plateau d’une table, deux mandarins se trouvent en discussion (ils tiennent un sceau, dont une partie, comme preuve, demeurait aux archives). SOUEN, le doux, représente la fille aînée et adulte, le travail, le blanc, le haut, le long, l’avance et le recul, l’indécision, l’acte d’entrer, la précipitation, le front large, la poule, l’odeur, la cuisse, le bois, le vent, l’élévation, un bénéfice prochain, la branche de l’arbre, la trame de l’étoffe, les hommes âpres aux gains, la véhémence, les hommes aux cheveux gris, le cordeau. L’acte d’entrer se réfère au schéma lui-même et il offre naturellement un sens sexuel (symbole vaginal et col de l’utérus, relié à la jeune fille adulte, c’est-à-dire nubile. On sait le rôle joué dans les fabliaux du Moyen-âge par la clé et la serrure; une telle interprétation à la fois mystique et érotique est aussi celle admirable de poésie – du Cantique des Cantiques). Le blanc est une couleur yin (c’est la couleur funéraire chinoise, et l’ensevelissement du corps, qui va, en tant que dépouille mortelle, opérer une transformation essentielle à l’abri des regards, est un temps yin). L’avance et le recul sont dépeints par le vent, à la direction changeante et fugitive. Les hommes aux cheveux gris et clairsemés ont du blanc dans leur chevelure. La violence est le défaut des hommes âpres au gain et le trigramme se change peu à peu en son contraire, suivant la loi de l’équilibre Yin/Yang, c’est-à-dire en TCHEN.

 LI, CE QUI ADHÈRE, CE QUI S’ATTACHE Sa graphie représente un yak, animal de trait qu’on voit sur les hauts plateaux, et qui remplace notre boeuf. De même que sur notre plan astrologique, le taureau est un signe de force, d’accroissement (ceux-ci procurés par la chair et la nutrition : Vénus/Lune, les maîtres du signe) nous retrouvons ici l’idée essentielle de force. A. ses côtés un oiseau, équilibre, beauté et possibilités spirituelles du domaine symbolisé par l’élément aérien. Li est ce qui s’attache, le feu, la fille cadette, la cuirasse, le casque, la sécheresse, la tortue, le crabe, l’escargot, la moule, le caret, les lances, les armes, le soleil, l’éclair, le rapprochement ou la séparation, le faisan, l’oeil, la postérité, les reptiles, le ventre proéminent. L’analogie vient du caractère du trigramme, ferme à l’extérieur, mou à l’intérieur (le gros ventre…) et de ses significations de ,feu, sécheresse et chaleur. Le crabe par exemple est mou à l’intérieur de sa carapace, etc..

TOUEI ou TUI : LE JOYEUX C’est le lac, la plus jeune fille, la bouche, la langue, le gosier, une magicienne, écraser et briser en multiples, tomber, jaillir, la sérénité, la sentence de justice, la balance, la petite fille, le marais, le bélier, le devoir, la décision dans l’union ou la séparation, la dureté, la concubine, le mouton, le plaisir. Le graphisme du signe évoque un gosier et une bouche qui partage – par son avis – une question en deux sanctions égales ou deux décisions. D’où justice, équilibre et sérénité. Le graphisme du signe évoque un gosier et une bouche qui partage – par son avis – une question en deux sanctions égales ou deux décisions. D’où justice, équilibre et sérénité.

Hexagrammes

(Les huit trigrammes du ba gua)

Ils sont au nombre de soixante-quatre et résultent de la combinaison de deux trigrammes.

Divers

  • On trouve une version modifiée du ba gua sur le drapeau de la Corée du Sud (seulement quatre trigrammes)
  • Le manga Orion de Masamune Shirow utilise le ba gua comme source de magie ainsi que dans le manga naruto ou le personnage Neji Hyûga utilise les 64 paumes du hakke (八卦六十四掌) ou les Les 128 Poings du Hakke (八卦百二十八掌)
  • Dans la série télévisée Lost, on retrouve le ba gua sur les logos du projet fictif Dharma Initiative.
  • À Taïwan, en mandarin oral, ba gua, symbole des changements, désigne aussi les potins (que ces changements font naître) ; par exemple : bāgùa xīnwén (八卦新聞), « presse people » ou « presse à scandale ».
  • Dans le film Les trois royaumes, la disposition en huit trigrammes constitue une formation militaire. Celle-ci permet d’enfermer l’ennemi pour l’emprisonner puis l’exterminer de l’intérieur.

1. Dans la philosophie chinoise, le yin (chinois simplifié :  ; chinois traditionnel : ) et le yang (traditionnel : , simplifié : , pinyin : yáng) sont deux catégories complémentaires, qui sont utilisées dans l’analyse de tous les phénomènes de la vie et du cosmos. Ce ne sont en rien des substances, ni des « forces » ou des « énergies » mais ce sont simplement des étiquettes pour qualifier les composantes différentes d’une dualité, en général opposées et complémentaires. Le yin et le yang n’existent pas en eux-mêmes ni hors d’une relation les liant.

Liés par leur étymologie à des oppositions concrètes entre ciel couvert et ciel dégagé, ombre et lumière, le yin et le yang prennent une tournure de plus en plus abstraite quand vers le troisième siècle avant notre ère, ils investissent le champ de la cosmologie en tant que « puissances d’animation qui président au dynamisme de la nature et à la transformation des êtres et des choses ».

Le symbole du Yīn et du Yang, le tàijí tú est bien connu maintenant dans le monde entier. Le Yin, représenté en noir, évoque entre autres, le principe féminin, la lune, l’obscurité, la fraîcheur, la réceptivité, etc. Le Yang quant à lui (laissant apparaître le fond blanc), représente entre autres le principe masculin, le soleil, la luminosité, la chaleur, l’élan, etc.

2. Fuxi ou Fu Hsi (sinogrammes : 伏羲 – 伏犧 pīnyīn : Fú xī) est un personnage mythique de la mythologie chinoise dont l’origine remonte à l’antiquité, héros civilisateur, chef du peuple Huaxia, fondateur de la médecine traditionnelle chinoise, créateur de caractères chinois, et le premier dieu des trois Augustes (三皇, sān huáng). Il apparait aussi sous les noms de Paoxi (庖犧-庖棲 Páo xī), Mixi (宓羲 Mì xī), Taihao (太昊-太皞 Tài hào), Baoxi(包牺 Bāo xī), Fuxi (伏戏 Fú xì),Xihuang (牺皇 Xī huáng), Huangxi(皇羲 Huáng xī), Fuxi(伏牺 Fú xī). Les textes les plus anciens qui enregistrent le mythe de Fuxi sont écrits à l’époque de Royaumes combattants et de Han occidentaux. Fuxi est né à Chengji (成纪 Chéng ji), à l’ouest de la Chine aujourd’hui. Il vivait à l’époque Paléolithique. Les Chants de Chu mentionnent son mariage avec sa sœur Nuwa, le deuxième dieu des trois Augustes, dieu qui donne naissance aux êtres humains. Dès la dynastie de Tang, Fuxi et son épouse Nuwa sont présentés comme les inventeurs des rites du mariage. Selon Shiji de Sima Qian, Fuxi et Nuwa sont représentés avec les bustes d’être humain et les corps de serpent. Il a inventé le Bagua (八卦, bāguà), concept dans la philosophie fondamentale en ancienne Chine, utilisé dans le Taoïsme et le Yi Jing.

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