Le feng shui (風水)

Le feng shui (風水, qui signifie littéralement « le vent et l’eau ») est un art millénaire d’origine chinoise qui a pour but d’harmoniser l’énergie environnementale (le qi, ) d’un lieu de manière à favoriser la santé, le bien-être et la prospérité de ses occupants. En Chine, on l’appelle généralement la discipline fēng shuǐ xué (风水学, « étude du vent et de l’eau »). Cet art vise à agencer les habitations en fonction des flux visibles (les cours d’eau) et invisibles (les vents) pour obtenir un équilibre des forces et une circulation de l’énergie optimale. Il s’agit de l’un des arts taoïstes, au même titre que la médecine traditionnelle chinoise ou l’acupuncture, avec lesquelles il partage un tronc commun de croyances.

À l’opposé des pratiques du feng shui de l’arrangement du « ciel postérieur » qui concerne la vie de l’homme en tant qu’être vivant (yang), l’autre variante du feng shui est l’utilisation de l’arrangement du « ciel Antérieur » (yin). Celui-ci est principalement utilisé pour l’organisation des lieux de sépulture, ceux-ci étant choisis et orientés suivant des principes permettant d’assurer la pérennité des descendants sur plusieurs générations. Ces lieux étaient gardés secrets afin d’éviter les malveillances envers les familles. Agir sur la configuration d’un lieu de sépulture correspond, selon la pensée extrême-orientale, à faire une action sur tous les membres des descendants de cette famille.

Le feng shui est considéré plus comme un art qu’une science, c’est-à-dire fondé sur une croyance millénaire et non sur l’analyse et la déduction.

Étymologie

Le terme signifie littéralement « vent » (fēng) et « eau » (shuǐ). Cet art fut tout d’abord appelé kānyú shù (堪輿術/堪舆术) (ou simplement kānyú (堪輿/堪舆), kān(堪/堪) « observation » et  (輿/舆) « char », puis « terre » et shù signifie « art ». Kānyú shù signifie donc « l’art de l’observation de la terre » ; certaines interprétations considèrent que kān désigne la voie du ciel et  la voie de la terre. Le nom fēng shuǐ apparaît pour la première fois dans le zàngshū (葬書/葬书) ou Traité des sépultures écrit par Guō Pú (郭璞 276-324) :

Guō Pú (郭璞 276-324)

« Les Classiques disent que le qi se disperse par le vent et qu’il est arrêté par l’eau. Les Anciens l’ont collecté pour prévenir sa dissipation, ils l’ont guidé pour assurer sa rétention. Ainsi ils ont nommé (cette méthode) feng shui. »

Un autre terme moins fréquent est Qīngniǎo shù (青鳥術), « art de l’oiseau bleu ». Oiseau bleu est selon le Zuo Zhuan le nom d’un fonctionnaire chargé de l’astronomie et du calendrier. Selon le « Yúnjí qīqiān » (雲笈七籤/云笈七签), ouvrage taoïste des Song, c’est le personnage qui enseigna à l’Empereur jaune comment diviser l’espace.

Histoire

La première trace d’utilisation des principes de base du feng shui en Chine remonte approximativement entre 4000 et 4500 av. J.-C. Dans la province de Yangshao, on a découvert des tombes où était appliqué un système de placement et d’organisation suivant des principes qui fonderont plus tard les bases du feng shui. Cet art ancien porte le nom de Kan Yu ou Kwan Yu. Les premiers éléments remarquables sur ce site étaient fondés sur les principes des quatre « Animaux célestes » et des orientations cardinales.

L’on doit à Shui Jin Gui (vers 4000 av. J.-C.) la découverte des huit trigrammes (bagua 八卦), qui constitueront les 64 hexagrammes du Yi Jing, et à Wen Wang leur transcription. Shui Jin Gui fait partie des trois augustes de la mythologie chinoise (三皇, sānhuáng). La mission de l’Empereur, à l’époque, était de conduire son peuple dans la sécurité (guerre, conflit) et l’abondance (éviter les famines).

Les trois augustes de la mythologie chinoise (三皇, sānhuáng)

Interdit sous le régime de Mao Zedong, il est aujourd’hui redevenu populaire et les peuples d’Asie de l’Est y font appel pour améliorer leur qualité de vie, leur santé au sein de leur habitat, la rentabilité de leurs locaux commerciaux.

Principes de base

Le Yi Jing ou Livre des transformations est l’ouvrage le plus ancien du taoïsme, il décrit le fonctionnement de la vie sur Terre. Dans ce livre sont décrits les principes du ba gua (huit trigrammes), des soixante-quatre hexagrammes, des cinq transformations (wu xing) du He Tu et du Luo Shu. Les soixante-quatre hexagrammes servent à la divination propre au Yi Jing.

Le ba gua (huit trigrammes), et les soixante-quatre hexagrammes

Le premier principe du feng shui vient de la dualité du yin et du yang présents dans notre univers, le tai ji. Le yin et le yang regroupent chacun des qualités, sachant qu’on ne peut pas être tout yin ou tout yang. Le yang est de par nature tout ce qui est actif, exposé à la lumière, le masculin, le mouvement, l’eau. Le yin est assimilé à tout ce qui est inactif, à l’ombre, le féminin, le statisme, la montagne. Sur le plan du feng shui au sein de notre habitat nous pouvons assimiler nos pièces de vie au yang et au yin, en fonction de l’activité de ces pièces. Une chambre sera assimilée à une activité yin, une entrée à une activité yang.

De ce premier principe découle le ba gua (八卦) avec la création des huit trigrammes. Nous distinguons le ba gua du Ciel Antérieur (provenant du He Tu), qui correspond au non manifesté, le Wu Ji, et le ba gua du Ciel Postérieur (provenant du Luo Shu) qui correspond à notre monde manifesté, le tai ji.

Les cinq éléments sont : le bois (mu, ), le feu (huo, ), la terre (tu, ), le métal (jin, ) et l’eau (shui, ). Ces cinq éléments sont le wu xing ou les cinq transformations du qi. Ces cinq éléments servent à classifier toute chose de notre monde physique, de notre tai ji.

Qi 

L’objectif du feng shui est l’identification et l’optimisation des flux de qi (氣, (souffle vital environnemental, ou flux d’énergie naturelle), pinyin : ). Ces flux sont identifiés en fonction des principes de base yin yang, wu xing (cinq éléments), identification par rapport à l’interaction des trigrammes du ba gua du ciel antérieur et postérieur.

Ces flux de qi sont identifiés par les formes et les matières composant l’environnement, le wu xing (cinq éléments).

Ces flux de qi sont identifiés par l’activité, l’eau, la tendance yang, de façon yin par la montagne, l’inactivité.

Ces flux de qi sont identifiés de par leur orientation en référence aux huit trigrammes du ba gua.

Ces flux de qi sont identifiés au sein d’une enceinte, de par leur nature à la circulation des flux des méridiens de médecine traditionnelle chinoise, principe commun avec le feng shui. À ce titre le feng shui est considéré comme une médecine de l’habitat.

Dans la cosmologie taoïste rien n’est figé et la qualité du qi varie avec le critère temporalité.

Le yin et le yang

En feng shui, le principe du yin et du yang est utilisé pour évaluer et déterminer la nature d’un environnement. Celui-ci sera, par exemple à dominante yin, yang, ou en parfait équilibre.

Le yin et le yang sont en mouvement perpétuel. Rien n’est immuable, rien n’est figé, tout est en perpétuel mouvement. Il s’agit là d’un des fondements du principe yin et yang.

C’est dans une notion de rapport que se comprend ce principe.

Par exemple, l’eau peut être yin sous forme de glace, par rapport à l’eau liquide qui sera alors de nature yang. Tout comme cette eau liquide sera de nature yin si on la compare à de la vapeur qui sera alors la forme la plus Yang de cette eau.

Par analogie à la nature yang, nous retrouvons le masculin, l’activité, la chaleur, le mouvement, les chiffres impairs. Pour ce qui est de la nature yin, les analogies sont, par exemple, le principe féminin, réceptif, le calme, le froid, l’inertie, les chiffres pairs, etc.

Ainsi la nature yin pour les montagnes, les immeubles en milieu urbain, les formes hautes, les zones rurales par opposition à la nature yang pour la fluidité, l’eau, les routes en milieu urbain, les zones actives.

Les activités extérieures déterminent les énergies activées à l’intérieur d’une structure habitée.

Pour exemple, nous retrouvons ce type d’application dans la pratique des Étoiles Volantes du Xuan Kong Fei Xing, pour déterminer la nature yin ou yang de l’activation de chaque influence.

Les cinq transformations ou wu xing

Les cinq transformations ou cinq éléments (五行) permet une classification des éléments de notre monde; le tai ji. Nous avons trois cycles principaux entre ces cinq éléments. Un cycle de « production », un cycle de « contrôle » et un cycle d’« affaiblissement ».

Les cinq éléments sont : le bois (, ), le feu (huǒ, ), la terre (, ), le métal (jīn, ) et l’eau (shuǐ, ). Ces cinq éléments sont assimilés à des comportements du qi. Une forme triangulaire sera assimilée au feu, à la couleur rouge, à un mouvement ascendant et une saveur amère, à une saison chaude. Une forme ronde sera assimilée à l’élément métal, aura un mouvement de contraction, assimilé à la couleur blanche et aura une saveur piquante. Ces cinq éléments font appel à nos sens de perception afin d’effectuer un classement en fonction de ces critères découlant de ces cinq comportements.

Les couleurs à la base du feng shui étaient utilisées pour choisir un terrain en fonction de l’environnement. Un sol de couleur rouge avait une nature feu, une montagne de nature terre (de forme carrée) était néfaste pour une construction sur ce terrain car la terre affaiblit les effets du feu. Une personne désire activer une énergie feu dans son intérieur, alors elle devra mettre des formes triangulaires, des matériaux de nature feu.

Au même titre mettre un poster représentant la mer ne donnera pas un effet eau selon la cosmologie taoïste, car ce poster est du papier qui n’est pas de nature eau.

Le facteur temporel

La transformation cyclique des propriétés du qi fait intervenir la notion de temps, très importante en feng shui (comme en acupuncture ou en médecine traditionnelle chinoise).

Le Tong Shu ou calendrier chinois est utilisé pour connaître et identifier les influences annuelles, mensuelles et journalières. Le changement de l’année chinois a lieu au mois de février et les influences sur les qualités de qi varient à partir de chaque nouvelle année suivant un cycle de 60 années (60 jia Zi).

La boussole

Le luopan (羅盤) est un outil indispensable à la pratique du feng shui et à tout « maître des directions ».

Le luopan est une boussole comprenant plusieurs anneaux. Chaque anneau correspond à des indications spécifiques suivant les formules utilisées. Nous rencontrons trois types principaux de luopan : le San He 三合 (les trois harmonies), le San Yuan 三元 (les trois cycles) et le Zhong He qui combine les deux précédents. Chaque école a son propre luopan qui regroupe les formules utilisées par cette école.

Le ba gua

Le Ba Gua du ciel antérieur et le Ba Gua du ciel postérieur.

Le ba gua signifie les 8 guas 八卦 est un diagramme octogonal utilisé dans les analyses feng shui. Le sud est toujours placé en haut et le nord en bas. Cette disposition est en relation avec le champ magnétique terrestre. Chaque direction de l’octogone (nord, nord-est, etc.) possède des qualités particulières liées à la course du Yin et du Yang .

Il existe deux représentations du ba gua : celle du « ciel antérieur » et celle du « ciel postérieur ».L’arrangement du ciel antérieur représente la nature originelle de l’univers ou les forces opposées se font face, l’Eau du trigramme Kan , fait face au Feu du trigramme Li . Le métal du trigramme Qian 乾 fait face à la Terre du trigramme Kun . Des forces qui ne se rencontrent jamais. L’arrangement du ciel postérieur représente la nature du monde dans lequel nous vivons par l’engendrement successif de ces forces de l’univers, qui représentent les différentes étapes de la vie, identifiés par la valeur des huit trigrammes.

Le ba gua du ciel postérieur et du ciel antérieur sont à l’origine des formules utilisées en feng shui, de par les relations entretenues entre ces deux mondes distincts, lors d’un passage de l’un à l’autre.

Le bāguà zhǎng (八卦掌) peut être aussi un art martial interne qui représente les huit trigrammes.

Histoire

Aubes lointaines

Il y a plusieurs milliers d’années que les devins et les sages de la Chine ancienne, les fang shi ont jeté les bases du feng shui. La légende stipule que la boussole fut inventée pendant le règne de l’Empereur jaune et fut d’abord utilisée pour la navigation. Elle fut ensuite modifiée pour l’usage en feng shui.

Pour les habitants de la Chine ancienne, les éléments naturels, comme le vent et l’eau, matérialisent l’énergie du ciel et de la terre. En mouvement, cette énergie est nourricière, excessive ou au contraire stagnante, elle possède des qualités destructrices.

Les premières tribus chinoises sont dirigées par des rois-chamans dont le premier était l’Empereur Fu Xi. Il fait partie des Trois Augustes, ou « Sages ». Ces praticiens connaissaient les voies du vent et de l’eau qui ont pouvoir sur les éléments. L’un d’eux est le sage Fú Xī (伏羲/伏犧), aujourd’hui vénéré comme protecteur des sciences et des arts divinatoires, notamment en raison de sa découverte du Hétú (河圖/河图 comportement cyclique du fleuve).

Fuxi 伏羲/伏犧)

Le sinologue James Legge rapporte que le Yi Jing affirme que, près de trois millénaires avant notre ère, un animal mythique (Cheval-Dragon) sortit du Fleuve Jaune et, portant empreint sur son dos un arrangement de marques, aurait inspiré à Fú Xī l’idée du Hétú.

Yu le Grand est un autre roi-chaman dont on dit qu’il a reçu d’un immortel l’ouvrage intitulé Livre de la maîtrise des Eaux. D’après la légende, il découvrit le schéma Luòshū, qui exprime le comportement cyclique du fleuve Luò, sur la carapace d’une tortue. Lorsqu’il devient roi après la mort de l’empereur Shun, Yu possède aussi la faculté de comprendre les changements terrestres et célestes qui affectent le vent et l’eau, ainsi que le cycle des saisons.

Huang Di, l’empereur jaune, fut un souverain légendaire qui acquit la maîtrise des caractéristiques propres à la topographie. Selon la légende chinoise, la Dame des neuf béatitudes lui enseigna la technique de la boussole géomantique.

Les positions zodiacales

● Comme déjà indiqué, l’Univers entier, d’après la cosmogonie chinoise, évolue par cycles et non pas de façon linéaire. Dès qu’un cycle se termine, un autre commence, et cela perpétuellement. C’est ainsi que les Chinois, depuis la plus haute antiquité, possèdent un système très élaboré de cycles, qui s’imbriquent les uns dans les autres à la manière, pourrait-on dire, des poupées russes. En Occident, ces cycles sont appelés un peu abusivement « zodiaques », surtout parce que l’un d’eux est très bien connu en astrologie chinoise.

● Pour comprendre le Feng Shui, nous n’avons besoin de connaître que trois cycles : le « Cycle Décimal », le « Cycle Duodécimal », et enfin le « Cycle Sexagésimal ».

● Le Cycle Décimal a dix unités. Chacune des unités, appelée « Tronc Céleste », correspond à un des 5 Éléments et a la qualité soit Yang, soit Yin, comme indiqué ci-après :

Éléments Qualité
Troncs
Célestes
1 Bois Yang
2 Bois Yin
3 Feu Yang
4 Feu Yin
5 Terre Yang
6 Terre Yin
7 Métal Yang
8 Métal Yin
9 Eau Yang
10 Eau Yin

● Souvent on ne mentionne pas les Troncs Célestes par leurs numéros d’ordre, mais plutôt par leurs Éléments correspondants ; cela est surtout vrai quand le Cycle Décimal est combiné avec un Cycle Duodécimal, comme nous le constaterons bientôt.

● Le Cycle Duodécimal a douze unités. Chacune des unités, appelée « Branche Terrestre », a la qualité soit Yang, soit Yin, et est placée sous le signe d’un animal symbolique, comme indiqué ci-après :

Qualités Animaux
Branches
Terrestres
1 Yang Rat
2 Yin Buffle
3 Yang Tigre
4 Yin Chat
5 Yang Dragon
6 Yin Serpent
7 Yang Cheval
8 Yin Bouc
9 Yang Singe
10 Yin Coq
11 Yang Chien
12 Yin Cochon

● Le Cycle Sexagésimal résulte de la combinaison des Cycles Décimal et Duodécimal. Pour former un Cycle Sexagésimal, le Cycle Décimal et le Cycle Duodécimal commencent tous deux par leur unité 1, puis se déroulent normalement. Dès qu’un de ces Cycles se termine, il recommence. Pour qu’un Cycle Sexagésimal complet se forme, il faut que le Cycle Décimal se déroule six fois et que le Cycle Duodécimal se déroule cinq fois. Toutes les combinaisons possibles seront alors faites et seront au nombre de 60. Cela est évident puisque le plus petit commun multiple de 10 et 12 est 60 (10 x 6 = 60 ; 12 x 5 = 60).

● Le Cycle Sexagésimal a donc soixante unités. Chacune des unités, appelée « Arbre », est généralement identifiée par l’animal symbolique de la Branche Terrestre et par l’Élément du Tronc Céleste qui la forment. Ainsi, par exemple, l’Arbre formé par la Branche 3 (Tigre) et le Tronc 1 (Bois) est identifiée comme « Tigre de Bois » ; de même, l’Arbre formé par la Branche 6 (Serpent) et le Tronc 10 (Eau) est identifiée comme « Serpent d’Eau ».

● En Feng Shui, il est important de savoir quelles positions tel ou tel être, telle ou telle chose occupent dans ces trois cycles (ou zodiaques). En effet, leurs positions zodiacales nous renseignent sur leurs nombreuses caractéristiques cosmiques, lesquelles sont susceptibles d’être bénéfiques ou maléfiques dans des conditions bien définies.

● Les Cycles s’appliquent aussi bien à l’Espace qu’au Temps. Ceci revient à dire que les positions zodiacales sont soit spatiales soit temporelles. Pour déterminer des positions spatiales, on se sert d’instruments de mesure spécifiques. Et pour déterminer des positions temporelles, on s’appuie sur calendrier chinois.

L’âge d’or

L’âge d’or du kānyú s’étendit de 618 à 1279 sous les deux dynasties Tang et Song. Pendant cette période, de nombreuses évolutions se produisirent. Yang Junsong (楊筠松 834-900) fut un des maîtres kānyú les plus célèbres. Il était également appelé Yang Jiupin (楊救貧), ce qui signifie « le sauveur des pauvres », car il aidait les pauvres sans contrepartie financière. Yang Junsong n’a pas eu de descendants car il devint moine. Cependant il enseigna à de nombreux élèves le Yang Gong feng shui (杨 公 风水), dans les montagnes appelées maintenant Yang Xian Ling (monts Yang gong) où il vécut, près de la ville actuelle de Ganzhou.

Yang Junsong (楊筠松 834-900)

Les secrets du feng shui ont été farouchement gardés par les empereurs et durant la dynastie Tang le classique du Ba Zhai (Tong Han Jing) a été écrit par le moine Yi Hang (一行和尚) afin de satisfaire la demande des ambassadeurs des pays voisins. Ce système bazhai étant une forme du feng shui destinée au grand public, n’utilisant que 24 des 72 montagnes créées par Yang Junsong.

Sous la dynastie Song, Xu Jenwang développa les vues de l’école des Trois Périodes et créa celle du xuán kōng (玄空, vide mystérieux).

La dernière phase de développement du feng shui se produisit sous la dynastie Qing (1644-1911) puis sous la république de Chine (1912-1949). Très tôt sous la dynastie Qing, la « Méthode des huit maisons » (bā zhái fǎ, 八宅法) fut créée et appliquée exclusivement au feng shui des résidences. Le bā zhái fǎ cherche à accorder l’astre protecteur des occupants à celui de la maison. Pendant la période républicaine, l’école du xuán kōng avec Jia Da Hong 蒋大鸿 (étoiles volantes) intégra les données géologiques, en tant que complément au système des astres mobiles, dans l’évaluation d’un site. C’est également pendant cette période que le xuán kōng se développa dans l’évaluation des établissements d’entreprise et de commerce.

Géomancie

Des missionnaires chrétiens parcourant la Chine au xixe siècle ont traduit la notion de feng shui en « géomancie », « traduction » en référence au système astrologique contenu dans les applications des Étoiles Volantes (Xuan Kong Fei Xing)

Aujourd’hui

Le feng shui a une place importante dans la construction des bâtiments chinois. En effet, certaines villes voient leurs immeubles quasiment entièrement construits en fonction de ces règles. On a toujours recours aux maîtres de feng shui dans le sud de la Chine, et souvent pour des prix très onéreux. Par exemple, le sens d’une cage d’escalier a dû être inversé dans un immeuble à Hong Kong, suite aux recommandations d’un maître.

Un autre exemple célèbre de l’importance du feng shui est la tour de la Bank of China à Hong Kong qui a engendré une sorte de « lutte » entre plusieurs banques tout cela à cause des angles aigus de ce gratte-ciel.

Le feng shui ne joue pas seulement sur la décoration et l’aménagement des pièces mais aussi sur l’emplacement du terrain lui-même. Il peut être vraiment contraignant du fait que chaque pièce doit être organisée d’une manière spécifique pour pouvoir être harmonieuse, ce qui laisse peu de place à la liberté d’entreprendre. Toutefois, du fait que le Feng Shui ne soit pas une esthétique, mais l’application de règles d’harmonie, ce savoir laisse toute la liberté d’expression à l’habitant pour l’exprimer avec sa propre culture et ses goûts personnels, exactement comme dans tout art: liberté d’expression dans un cadre d’harmonie.

Depuis le milieu des années 1980, le feng shui a fait son apparition en Occident, d’abord aux États-Unis d’Amérique et plus tardivement dans les pays francophones.

Le feng shui classique (classical feng shui en anglais), également connu comme le « fēng shuǐ xuán kōng », comme pratiqué en Asie et en Occident aujourd’hui, est un amalgame de tous les aspects traditionnels du feng shui. Ceci inclut l’école de forme, l’école de boussole et la méthode des étoiles volantes.

Une pratique sans fondement scientifique

Le feng shui s’appuie sur de nombreux postulats non admis par la communauté scientifique, puisque n’ayant jamais été prouvés à travers aucun protocole scientifique. Cette discipline est à ce titre qualifiée de pseudo-science.

Ses détracteurs lui reprochent notamment l’emploi de concepts invérifiables (voir la notion de Réfutabilité développée par Karl Popper) concernant le lien entre un lieu et le bien-être des individus. Certains réclament la réalisation d’une étude répondant à des critères scientifiques, notamment dans le cadre d’une clinique du sommeil, afin de mesurer l’impact du feng shui sur la qualité du sommeil

Quelques mesures positives

  1. Un site de construction doit être orienté vers le sud, avec la perspective la plus dégagée possible. Au nord, l’idéal est d’avoir un rideau de collines, des montagnes, une forêt ou, pour un seul bâtiment, au moins quelques arbres. S’il passe une rivière ou un ruisseau, ce doit être devant et non derrière la maison.
  2. La porte d’entrée d’une maison ou d’un appartement doit être solide, hermétique. Elle doit s’ouvrir vers l’intérieur. Il ne faut pas qu’elle donne sur un escalier, sur des toilettes ou sur une cloison ; s’il en est ainsi, on devrait placer un grand miroir dans l’entrée, face à la porte.
  3. Les portes des pièces d’une habitation doivent absolument s’ouvrir vers l’intérieur. Si ce n’est pas le cas pour l’une d’entre elles, placer une plante verte sur la gauche en entrant, ou un miroir sur le mur en face, ou encore un aquarium dans la pièce concernée.
  4. La salle de séjour devrait avoir deux portes, l’une proche du hall d’entrée et l’autre donnant plus directement sur les autres pièces. Aucun fauteuil du salon ne doit tourner le dos aux portes ou à la cheminée. Une table carrée ou surtout ronde sera préférée à une table trop longue. On peut installer un téléviseur en coin, à condition de mettre sur sa gauche une plante verte.
  5. Dans la cuisine, il ne faut pas que le plan de travail et la cuisinière amènent la personne qui fait la cuisine à tourner le dos à la porte. Cuisinière et évier devraient être éloignés l’une de l’autre. Il faut éviter de faire sa lessive dans la cuisine.
  6. La salle de bains doit être aussi loin de l’entrée de la maison que possible. Elle ne doit pas non plus se situer au fond d’un couloir.
  7. La chambre à coucher est la pièce la plus importante de la maison. L’orientation du lit devrait être en harmonie avec les positions zodiacales temporelles de naissance du dormeur. Le lit ne doit pas être positionné directement face à la porte ; il faut toutefois que celle-ci soit visible depuis le chevet. Pas de poutre apparente ou d’installations électriques au-dessus du dormeur, ni de téléviseur ou d’appareil électronique face à lui. Il faut proscrire plantes vertes et aquarium dans la chambre à coucher.
  8. Il vaudrait mieux ne pas avoir des fenêtres à l’ouest. Le côté supérieur de toute fenêtre doit dépasser la taille des occupants de la maison.

Quelques mesures négatives

Il n’est souvent pas possible de changer de lieu d’habitation ou de modifier profondément un lieu de vie néfaste. Mais il existe des remèdes aux divers problèmes d’harmonisation. Voici quelques-uns de ces remèdes :

  1. Les miroirs nous permettent de renvoyer les bons ou mauvais flux du Chi selon nos désirs.
  2. Les cristaux et boules de cristal neutralisent les mauvais flux. On les dispose dans les coins nus des pièces, de préférence à une certaine distance d’une source de lumière ou de chaleur.
  3. On doit placer les luminaires dans les endroits vides et toujours en position décalée par rapport à l’entrée pour favoriser les bons flux.
  4. Les plantes vertes et les fleurs rééquilibrent le Chi d’un lieu suivant des normes très subtils.
  5. Les aquariums sont presque toujours bénéfiques, sauf dans la chambre à coucher. Dans un commerce – boutique ou restaurant -, ils sont pratiquement indispensables !

 

école du lion d’or

L’école du lion d’or, association Pai Liang Qiao, fut fondée en 2014 par Philippe Reus, élève du maître Hu Dong Liang, dernier descendant de l’école du Lotus Blanc.

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