Découvrez l’histoire et les origines
du Ba Gua Zhang (八卦掌)
Le Ba Gua Zhang (八卦掌) ou « paume des huit trigrammes » est l’un des styles traditionnels des arts martiaux chinois internes Nei Jia Quan. C’est une boxe venant du nord, liée mythologiquement aux montagnes Wudang (武当山). Dans cette famille des arts internes à laquelle appartient le Ba Gua Zhang, on trouve aussi, pour ne citer que les plus connus, le Xing-Yi ( 形意拳) et le Tai-Ji Quan (太极拳).
Le terme Zhang (掌) signifie « paume de la main », ce qui renvoie aux caractéristiques originelles du style qui utilise de nombreuses techniques d’attaque avec la main ouverte. Les Ba Gua (八卦) sont les huit trigrammes qui servent à la constitution des 64 hexagrammes du Yi Jing (易经) (ou Yi King, Le livre des mutations). Ce livre qui fait partie des 5 classiques de la culture antique, a pris une grande importance dans le Taoïsme auquel le style se rattache. C’est donc par référence à cette œuvre que la seconde génération de pratiquants a forgé le nom de Ba Gua Zhang, et seulement à partir de la troisième que des intellectuels ont tenté des rapprochements hasardeux avec ces subtiles théories.
Le fondateur Dong Hai Chuan avait commencé par des préoccupations bien plus pragmatiques. Il enseigna son art seulement à des pratiquants expérimentés. Son système reposait principalement sur trois enchaînements alliant les déplacements en cercle et les changements de paumes intérieurs et extérieurs. La stratégie du Bagua Zhang réside essentiellement dans le frottement pour parer les attaques, le contournement de l’adversaire, et le fameux blocage des deux mains de l’adversaire par une seule main du pratiquant. Les changements de direction permettent d’utiliser la force circulaire due à la rotation du corps pour la contre-attaque.
Enfin, contournements et ripostes se succèdent continuellement, venant sans arrêt des huit directions et ne laissant aucun répit à l’adversaire que l’on tente de désorienter par des changements d’attitude, de direction et de rythme. La finalité technique de ce style est de transformer aussi bien les grands cercles du déplacement que les mouvements de rotation du corps en des méthodes d’attaque et de défense qui s’enroulent autour de l’axe de son adversaire.
Le Ba Gua Zhang est un art martial fondé sur une stratégie et des techniques changeantes, il est lié étoilement à la philosophie chinoise en rapport avec le processus cosmologique: dans les mutations, le Wuji (無极) engendre le Taiji (太极) , le taiji engendre les deux principes premiers yin et yang (陰陽) , les deux principes premiers engendrent les quatre images ; les quatre images engendrent les huit trigrammes (八卦) ; puis les cinq éléments (五行) , les forces énergiques et les choses apparaissent. A l’intérieur de cette nature, il existe trois règles fondamentales : la règle de la mutation, la règle de l’engendrement et la règle de l’inhibition.
Dans le Ba Gua Zhang la position initiale qui précède toute action est liée au Wuji, l’illimité à partir duquel naît le Taiji. Le Taiji même se manifeste dans « la marche en cercle », l’exercice fondamental du Bagua Zhang qui exprime les échanges du Yin et du Yang, les deux extrêmes entre lesquels s’équilibrent le mouvement soi-même ou avec un ou plusieurs partenaires. Rappelons les deux opposés : inspiration et expiration ; vide et plein ; ouverture et fermeture ; avancer et reculer ; extension et flexion ; souplesse et dureté; élévation et enracinement. La transformation des techniques et de la force adverse se déroule en se conformant à la mutation et au jeu incessant des opposés complémentaires.
Les principes du Bagua Zhang
十要, SHI YAO : LES 10 COMMANDEMENTS
- Tête: Tête et nuque droite, le regard à l’horizon, le cou vide et le vertex étiré, l’esprit et l’intention présents.
- Dos: Rentrer la poitrine, et arrondir le dos, la force presse le corps en avant, sans tension ni raideur ; il se déploie avec naturel.
- Épaules: Elles communiquent, détendues, relâchées, pour que la force arrive dans les mains.
- Bras: Le bras avant se déplie ; le bras arrière protège le corps, de sorte qu’en roulant ou en perçant, les transformations épousent les * inflexions du cœur.
- Coudes: Descendre et baisser les coudes pour que la force soit transmise aux mains ; il faut insister sur les coudes, afin de se préserver pendant les attaques.
- Mains: Pouces écartés, majeurs à la verticale, quatre doigts collés, Bouche du Tigre arrondie.
- Taille: Elle est comme un essieu, de sorte que souplesse et dureté alternent ; elle vrille et tourne, avec force et agilité.
- Fesses: Au « fond de la vallée », rétrécir et tirer (contracter le périnée) pour faire communiquer (任脉), Renmai et (督脉), Dumai, l’énergie descend au Champ de cinabre (丹田) ; rétroverser les hanches et rentrer les fesses.
- Cuisses: L’avant des cuisses conduit les mouvements, l’arrière sert d’appui et de contrôle, les genoux sont rassemblés vers l’intérieur et les cuisses avancent comme des ciseaux.
- Pieds: Le pied intérieur avance droit, le pied extérieur est légèrement rentrant, glissant comme sur la boue, orteils verrouillés pour saisir le sol.
八法, Ba Fa : Les Huit Principes
Les 3 DING, Tirer
- Tirer la tête – pour assurer la verticalité
- Tirer la langue (contre le palais) : pour produire la salive, considérée comme une liqueur précieuse
- Tirer les paumes (en cassant les poignets) : pour renforcer les mains, et donner de la force aux doigts
Les 3 KOU, Verrouiller
- Verrouiller les épaules : pour que la force se transmette aux coudes
- Verrouiller le dos des mains : pour que la force afflue dans les mains
- Verrouiller le dos des pieds : en saisissant le sol avec les orteils, de sorte que toute la force enracinée dans les pieds puisse se transmettre à tout le corps et que les positions soient stables
Les 3 MIN, Agilité-Rapidité
- Le cœur doit être agile et rapide : pour pouvoir s’adapter à toutes les transformations de la situation
- Le regard doit être agile et rapide : pour discerner les mouvements dans les six directions
- Les mains doivent être agiles et rapides : pour sortir et piquer l’adversaire
Les 3 BAO, Préserver
- Préserver le cœur et l’intention : pour que l’énergie ne se perde pas à l’extérieur
- Préserver les flancs : pour y retenir toute la force
- Préserver l’audace et le courage : pour rester uni face à l’adversaire
Les 3 CHUI, Descendre
- Descendre l’énergie au Champ de cinabre (en respirant naturellement).
- Descendre les épaules, pour permettre à la force de descendre dans les coudes
- Descendre les coudes : pour permettre au dos de s’arrondir
Les 3 QU, Plier
- Les bras sont pliés : pour que l’énergie puisse circuler
- Les jambes sont pliées : pour pouvoir enraciner le corps
- Les poignets sont pliés : pour pouvoir augmenter la force des mains
Les 3 TING, Dresser
- Dresser le cou : pour faire monter la vitalité
- Dresser la taille : pour permettre à la force de circuler dans tout le corps
- Dresser les genoux : pour qu’ils puissent libérer toute leur force, que l’énergie et l’esprit puissent galoper
Stratégie du combat
L’art du Ba Gua Zhang est fondé sur une stratégie du contournement. Les déplacements circulaires visent à esquiver les pièges d’un rapport de force qui jouerait au détriment du pratiquant. Il s’agit de se dérober au face-à-face et de passer sur les côtés ou dans le dos de l’adversaire.
Les esquives du corps fondés sur ces déplacements se font par frottements des membres supérieurs, plutôt que par chocs.
Ce style inclut également un travail de frappe, et un travail de projection – surtout dans la lignée Cheng, puisque Cheng Ting Hua était un spécialiste de Shuai Jiao, la lutte chinoise.
Quant au travail de frappe, il est rendu difficile par l’inertie de la force centrifuge. C’est la raison pour laquelle le Ba Gua Zhang est souvent étudié en synergie avec des styles qui compensent cet inconvénient. Le plus souvent, il est étudié en même temps que le Xing Yi Quan, la Boxe de la Forme et de l’Intention. Il est même dit que trois frappes de paume de Ba Gua Zhang sont équivalentes à une frappe de Xing-Yi.
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