Le Bagua Zhang (八卦掌)

DÉCOUVREZ L’HISTOIRE ET LES ORIGINES

DU BAGUA ZHANG (八卦掌)

Le Bagua Zhang (八卦掌), ou « paume des huit trigrammes », est l’un des styles traditionnels des arts martiaux chinois internes Nei Jia Quan. C’est une boxe du Nord, liée mythologiquement aux montagnes de Wudang (武当山). Dans cette famille des arts internes à laquelle appartient le Bagua Zhang, on trouve également, parmi les plus connus, le Xing-yi Quan (形意拳) et le Tai-chi-chuan (太极拳).

Le terme Zhang () signifie « paume de la main », ce qui renvoie aux caractéristiques originelles du style, qui utilise de nombreuses techniques d’attaque avec la main ouverte. Les Bagua (八卦) sont les huit trigrammes qui constituent les 64 hexagrammes du Yi Jing (易经) — ou Yi King, « Le Livre des Mutations ». Cet ouvrage, l’un des cinq classiques de la culture antique, a pris une grande importance dans le taoïsme, auquel le style est rattaché. C’est par référence à cette œuvre que la seconde génération de pratiquants a forgé le nom de Bagua Zhang, et ce n’est qu’à partir de la troisième génération que certains intellectuels ont tenté des rapprochements hasardeux avec ces théories subtiles.

Le fondateur, Dong Haichuan (董海川/董明魁 1797 ou 1813 -1882) avait des préoccupations bien plus pragmatiques. Il n’enseignait son art qu’à des pratiquants expérimentés. Son système reposait principalement sur trois enchaînements alliant déplacements en cercle et changements de paumes, internes et externes. La stratégie du Bagua Zhang consiste essentiellement à frotter ou glisser pour parer les attaques, contourner l’adversaire, et utiliser le célèbre blocage des deux mains adverses par une seule main du pratiquant. Les changements de direction permettent d’exploiter la force circulaire issue de la rotation du corps pour contre-attaquer.

Ainsi, contournements et ripostes se succèdent continuellement, venant sans cesse des huit directions et ne laissant aucun répit à l’adversaire, que l’on tente de désorienter par des changements d’attitude, de direction et de rythme. La finalité technique de ce style est de transformer aussi bien les grands cercles du déplacement que les rotations du corps en méthodes d’attaque et de défense qui s’enroulent autour de l’axe de l’adversaire.

Le Bagua Zhang est un art martial fondé sur une stratégie et des techniques en constante transformation. Il est étroitement lié à la philosophie chinoise et au processus cosmologique : dans les mutations, le Wuji (無极) engendre le Taiji (太极), le Taiji engendre les deux principes premiers, yin et yang (陰陽) ; ces deux principes engendrent les quatre images, puis les huit trigrammes (八卦). Ensuite viennent les cinq éléments (五行), les forces énergétiques et l’apparition des choses. Au sein de cette nature, trois règles fondamentales existent : la règle de la mutation, la règle de l’engendrement et la règle de l’inhibition.

Dans le Bagua Zhang, la position initiale qui précède toute action est liée au Wuji, l’illimité à partir duquel naît le Taiji. Le Taiji se manifeste dans « la marche en cercle », l’exercice fondamental du Bagua Zhang, qui exprime les échanges du Yin et du Yang, les deux extrêmes entre lesquels s’équilibre le mouvement, que ce soit seul ou avec un ou plusieurs partenaires.

Rappelons ces opposés : inspiration et expiration ; vide et plein ; ouverture et fermeture ; avancer et reculer ; extension et flexion ; souplesse et dureté ; élévation et enracinement. La transformation des techniques et de la force adverse se déroule en se conformant à la mutation et au jeu incessant des opposés complémentaires.

Arbre généalogique du Ba Gua Zhang

Les principes du Bagua Zhang

十要, SHI YAO : LES 10 COMMANDEMENTS

Alignements et principes corporels

Tête :
Tête et nuque droites, le regard porté vers l’horizon, le cou « vide » et le vertex étiré. L’esprit et l’intention restent présents.

Dos :
Rentrer légèrement la poitrine et arrondir le dos. La force pousse le corps vers l’avant, sans tension ni raideur ; il se déploie naturellement.

Épaules :
Les épaules communiquent, détendues et relâchées, afin que la force puisse circuler jusqu’aux mains.

Bras :
Le bras avant se déplie ; le bras arrière protège le corps. En roulant ou en perçant, les transformations suivent les inflexions du cœur (l’intention).

Coudes :
Descendre et abaisser les coudes pour que la force se transmette aux mains. Il faut porter une attention particulière aux coudes afin de se protéger lors des attaques.

Mains :
Pouces écartés, majeurs verticaux, quatre doigts serrés. La « Bouche du Tigre » est arrondie.

Taille :
Elle agit comme un essieu : souplesse et dureté alternent. Elle vrille et tourne avec force et agilité.

Fesses :
Au « fond de la vallée », resserrer et tirer (contracter le périnée) pour faire communiquer le Renmai (任脉) et le Dumai (督脉). L’énergie descend au Champ de cinabre (丹田). Rétroverser le bassin et rentrer légèrement les fesses.

Cuisses :
L’avant des cuisses guide le mouvement ; l’arrière sert d’appui et de contrôle. Les genoux se rapprochent légèrement vers l’intérieur et les cuisses avancent comme des ciseaux.

  • Pieds: Le pied intérieur avance droit, le pied extérieur est légèrement rentrant, glissant comme sur la boue, orteils verrouillés pour saisir le sol.

八法, Ba Fa : Les Huit Principes

Les 3 DING, Tirer

  • Tirer la tête – pour assurer la verticalité
  • Tirer la langue (contre le palais) : pour produire la salive, considérée comme une liqueur précieuse
  • Tirer les paumes (en cassant les poignets) : pour renforcer les mains, et donner de la force aux doigts

Les 3 KOU, Verrouiller

  • Verrouiller les épaules : pour que la force se transmette aux coudes
  • Verrouiller le dos des mains : pour que la force afflue dans les mains
  • Verrouiller le dos des pieds : en saisissant le sol avec les orteils, de sorte que toute la force enracinée dans les pieds puisse se transmettre à tout le corps et que les positions soient stables

Les 3 MIN, Agilité-Rapidité

  • Le cœur doit être agile et rapide : pour pouvoir s’adapter à toutes les transformations de la situation
  • Le regard doit être agile et rapide : pour discerner les mouvements dans les six directions
  • Les mains doivent être agiles et rapides : pour sortir et piquer l’adversaire

Les 3 BAO, Préserver

  • Préserver le cœur et l’intention : pour que l’énergie ne se perde pas à l’extérieur
  • Préserver les flancs : pour y retenir toute la force
  • Préserver l’audace et le courage : pour rester uni face à l’adversaire

Les 3 CHUI, Descendre

  • Descendre l’énergie au Champ de cinabre (en respirant naturellement).
  • Descendre les épaules, pour permettre à la force de descendre dans les coudes
  • Descendre les coudes : pour permettre au dos de s’arrondir

Les 3 QU, Plier

  • Les bras sont pliés : pour que l’énergie puisse circuler
  • Les jambes sont pliées : pour pouvoir enraciner le corps
  • Les poignets sont pliés : pour pouvoir augmenter la force des mains

Les 3 TING, Dresser

  • Dresser le cou : pour faire monter la vitalité
  • Dresser la taille : pour permettre à la force de circuler dans tout le corps
  • Dresser les genoux : pour qu’ils puissent libérer toute leur force, que l’énergie et l’esprit puissent galoper

Stratégie du combat

L’art du Bagua Zhang est fondé sur une stratégie du contournement. Les déplacements circulaires visent à éviter les pièges d’un rapport de force direct, qui jouerait au détriment du pratiquant. Il s’agit de se soustraire au face-à-face pour passer sur les côtés ou dans le dos de l’adversaire.

Les esquives du corps, basées sur ces déplacements, se font par frottements des membres supérieurs plutôt que par des chocs frontaux.

Ce style inclut également un travail de frappe et un travail de projection — particulièrement dans la lignée Cheng, puisque Cheng Ting Hua (程廷華 1848-1900) était un spécialiste du Shuai Jiao, la lutte chinoise.

Quant au travail de frappe, il est rendu difficile par l’inertie liée à la force centrifuge. C’est pourquoi le Bagua Zhang est souvent étudié en synergie avec des styles qui compensent cet inconvénient. Le plus souvent, il est pratiqué parallèlement au Xing-yi Quan, la « Boxe de la Forme et de l’Intention ». Il est même dit que trois frappes de paume de Bagua Zhang équivalent à une frappe de Xing-yi.

Sun Zhi Jun ( 孫志君 ) est un professeur bien connu du Bagua Zhang du style Cheng , résidant à Beijing , en Chine. Né en 1933 dans le village de Cheng, comté de Shen, province de Hebei et mort en 2016 , Sun a commencé sa formation de Bagua Zhang sous la direction de Liu Zi Yang ( 劉 子楊 ), disciple de Cheng Dian Hua ( le frère cadet de Cheng Ting Hua ). Plus tard, il a également eu l’occasion d’étudier avec Cheng You Sheng ( 程有生 : le fils de Cheng Dian Hua ) et Cheng You Xin ( 程有信 : le deuxième fils de Cheng Ting Hua ) à Beijing. Aujourd’hui beaucoup de disciples qui enseignent son style dans le monde entier.
NB : Voici le lien de nôtre page YouTube sur une vidéo montrant une réunion des plus grands maitres de Bagua Zhang réunis lors de la cérémonie de la date anniversaire de la mort de Dong Hai Chuan.

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