Yanluowang (閻羅王)

YANLUOWANG ROI DES ENFERS Vision de l’Enfer dans la philosophie Chinoise 地獄

Selon les croyances chinoises, « les Enfers » (地獄/ou « Prisons terrestres »), sont au nombre de dix et sont gouvernés par dix juges, que l’on appelle les « Rois Yama des dix Tribunaux » (十殿閻羅王), ou plus simplement les « Dix Rois » (十王/ »ShiWang« ), sans autre désignation. Chacun d’eux est le maître d’un enfer particulier, où, comme dans les « cercles de Dante », on punit exclusivement certaines fautes déterminées par des châtiments fixés.
C’est le Bouddhisme qui a fourni le fond du tableau du monde infernal, et il a apporté avec lui l’antique dieu des morts indo-iranien, « Yama » (閻羅王/ »YanLuo Wang » en chinois), en sorte qu’aujourd’hui, presque oublié dans ses pays d’origine, il a ses statues dans d’innombrables temples de Chine. Le monde des morts tel que se l’était représenté la vieille religion chinoise était trop vague, et ce qu’on en savait était trop aristocratique pour que la conception toute morale des enfers bouddhiques et leurs descriptions précises n’en prissent pas la place rapidement. Dès le VIe siècle de notre ère, la croyance nouvelle était si populaire que, lorsque mourut « Han Qin », un ministre de l’empereur des « Sui » (隋朝/592), le bruit se répandit qu’il était devenu le Roi Yama dans les enfers.

« Enfer des pluies d’aiguilles » (針雨地獄).

Si les livres bouddhiques apportaient une vue d’ensemble des enfers, ils variaient considérablement sur les détails. En particulier ils ne s’accordent pas sur le nombre et la disposition des lieux de supplice :

  • Suivant certains, il y a huit enfers chauds et huit enfers froids;
  • Suivant d’autres, il y a en tout dix huit enfers;
  • D’autres déclarent qu’il y en a huit grands, de chacun desquels dépendent seize petits, ce qui fait en tout cent trente-six enfers, etc.

Ces divergences ne contentèrent pas les Chinois, gens positifs, qui tenaient à être fixés exactement sur le monde infernal où il leur faudrait aller habiter un jour et à se familiariser d’avance avec tout ce qui s’y passe. Aussi y a t il longtemps que les Taoïstes, en copiant les grandes lignes de l’organisation des enfers bouddhiques, ont fixé le nombre des juges infernaux à dix (les souverains des huit enfers, plus un roi qui juge à l’entrée et répartit les âmes entre les différents lieux de supplice, et un autre roi qui juge à la sortie et répartit les âmes par les différentes voies de la « transmigration »), et leur système a été adopté dans un livre bouddhique maintenant perdu, mais qui fut en son temps très populaire, un faux du reste, oeuvre d’un bonze de « ChengDu » (成都), le « Livre des Dix Rois » (王經/ »ShiWang Jing »). Aujourd’hui, c’est d’ouvrages d’édification analogues modernes que les gens du peuple et en général tous ceux qui ne sont pas des religieux réguliers soit bouddhistes, soit taoïstes, tirent la plupart de leurs notions sur les enfers et des juges infernaux : le plus complet est le « YuLi ChaoZhuan » (玉曆鈔傳), qui décrit en détail les enfers et leurs subdivisions. Un autre ouvrage, également très répandu, raconte la descente aux enfers d’un jeune lettré de vie pure arrêté à tort, ses conversations avec les rois infernaux, les scènes qu’il lui fut permis de voir et finalement son renvoi sur terre, où il revint à la vie après plusieurs jours de mort apparente. Il faut y ajouter le chapitre du célèbre roman le « Voyage en Occident » (西遊記), où est racontée la descente aux enfers de l’empereur « TaiZong des Tang » (唐太宗).               

« Enfer du Pilon » (碓捣地狱).

Le premier des Dix Rois est non seulement le souverain du premier enfer, mais aussi le chef des neuf autres rois, et le maître suprême du monde infernal, naturellement sous la dépendance de « l’Auguste de Jade » (玉皇大帝), et de son régent terrestre le « Grand Empereur du Pic de l’Est » (東嶽大帝). C’était, primitivement, dit on, « Yama » lui-même, ou « YanLuo Wang » ou « YanWang », comme son nom est prononcé en chinois, qui jadis occupait cette place. Mais il se montrait trop miséricordieux envers les criminels qui lui arrivaient : il leur permettait trop souvent de retourner sur terre quelques jours pour accomplir de bonnes œuvres et racheter ainsi leurs fautes, en sorte que les autres juges ne voyaient plus jamais personne se présenter à leur tribunal et que les méchants n’étaient pas punis. L’Auguste de Jade, pour le châtier, le dégrada de son rang suprême et l’envoya gouverner le cinquième enfer.

« Enfer des Chars aux Roues ardentes » (火輪車崩地獄).

Actuellement, c’est « QinGuang Wang » (秦廣王) qui remplit cet office. C’est à lui que les morts sont amenés en premier lieu; Il examine l’ensemble de leurs fautes, et les âmes pour lesquelles il trouve que mérites et démérites se compensent sont renvoyées renaître en ce monde sans qu’il leur soit infligé de peines. Pour celles des coupables, il les fait conduire sur la « Terrasse du Miroir des Péchés » (孽鏡台/ »NieJing Tai ») où leur apparaissent toutes leurs victimes, êtres vivants qu’ils ont mis à mort. Ensuite, elles sont menées aux autres rois qui doivent, chacun à leur tour, les juger et les châtier. C’est aussi lui qui renvoie sur terre, comme les démons affamés, les âmes des suicidés, jusqu’à ce que soit achevé le temps de vie qui leur était alloué par le Ciel et qu’elles ont raccourci d’elles mêmes, à moins qu’elles n’aient une excuse sérieuse à présenter, loyalisme envers le prince, piété filiale, chasteté pour les jeunes filles et les veuves. A leur retour, elles sont expédiées à la « Ville des Morts Vaines » (枉死城/ »WangSi Cheng »), dont on ne sort jamais pour renaître. Cependant on croit couramment qu’elles obtiendront de pouvoir revenir naître sur terre, quand elles auront trouvé un remplaçant : c’est pourquoi les âmes des noyés cherchent à faire noyer ceux qui passent la rivière, les âmes des pendus à persuader de se pendre tous ceux qui sont à leur portée, etc. On croit généralement aussi, bien que tous les tracts religieux, aussi bien taoïstes que bouddhistes, fassent ce qu’ils peuvent pour déraciner cette croyance, que le même sort attend non seulement les suicidés, mais tous les morts par accident même involontaire. Le premier roi est le grand juge, mais il ne châtie directement personne. Cependant il garde quelque temps les religieux malhonnêtes qu’il fait enfermer dans un cachot obscur et à qui il impose de terminer la récitation de toutes les prières qu’ils ont négligées pendant leur vie après s’être engagées à les dire.

« QinGuang Wang » (秦廣王), premier Roi des Enfers.

Le deuxième roi, « ChuJiang Wang » (楚江王), châtie les entremetteurs et les entremetteuses malhonnêtes (on sait que ce sont des intermédiaires absolument nécessaires pour qu’un mariage soit valable en Chine), les dépositaires infidèles, les médecins ignorants, ceux qui ont blessé ou mutilé des personnes ou des animaux, etc. Dans les seize sous enfers particuliers qu’il a sous sa juridiction, les châtiments sont très variés. Il y a un bagne des « Affamés » (餓鬼/les « pretas » bouddhiques), en face duquel on a mis par symétrie un bagne des Assoiffés; Il y en a d’autres où les morts sont dépecés comme des animaux de boucherie, où ils sont dévorés par des bêtes fauves, où ils sont liés à une colonne ardente, où ils sont ensevelis dans un étang de glace, etc.

« ChuJiang Wang » (楚江王), deuxième Roi des Enfers.

Dans le troisième enfer, « SongDi Wang » (宋帝王) châtie les mandarins prévaricateurs et tous ceux qui ont mal agi envers leurs supérieurs, femmes acariâtres avec leurs maris, esclaves qui ont nui à leurs patrons, employés déloyaux, condamnés qui ont échappé à la justice, et aussi les faussaires, les calomniateurs, ceux qui vendent le terrain de sépulture de famille. Aux uns on broie les genoux, aux autres on arrache le cœur ou les yeux, ou on coupe leurs pieds, ou leurs mains; D’autres sont suspendus la tête en bas, d’autres écorchés, ou encore ensevelis dans la vermine, etc.

« SongDi Wang » (宋帝王), troisième Roi des Enfers.

Le quatrième enfer, celui de « WuGuan Wang » (五官王), est celui où l’on punit les riches avares qui ne font pas l’aumône, ainsi que les gens qui, connaissant les recettes pour guérir les maladies, ne les font pas connaître; Les fraudeurs, faux monnayeurs, fabricants de faux poids et mesures, ceux qui déplacent les bornes des champs, les blasphémateurs, ceux qui volent dans les pagodes, etc. Les damnés sont emportés par un torrent, ou ils sont agenouillés sur des bambous aiguisés, ou ils doivent rester assis sur des pointes. Certains sont vêtus d’habits de fer, d’autres sont écrasés sous des poutres ou des rochers, d’autres sont ensevelis vivants, et à d’autres on fait manger de la chaux vive ou des drogues bouillantes. Là se trouve aussi le Lac de Sang Fétide, où sont plongées les femmes mortes en couches pour ne jamais en sortir; La croyance populaire est plus dure que les théories bouddhiques et taoïques qui essaient en vain de lutter contre elle, et on essaie parfois de la justifier en expliquant que, pour mourir en couches, il faut qu’une femme ait commis des crimes très graves, sinon dans cette vie, au moins dans une vie antérieure.

« WuGuan Wang » (五官王), quatrième Roi des Enfers.

Le cinquième enfer est celui du « Roi Yama, YanLuo Wang » (閻羅王). C’est là que sont châtiés les plus grands péchés religieux, mise à mort d’êtres vivants, incrédulité, destruction de livres de piété, etc. Les religieux qui ont manqué à leurs vœux, et surtout les chasseurs, les pêcheurs, les bouchers sont punis là; En ces lieux, ils reçoivent également les châtiments liés à la luxure, la séduction, le rapt et tout ce qui touche à la prostitution, etc. Les coupables sont d’abord envoyés à la « Terrasse d’où l’on regarde vers son village » (望鄉台/ »WangXiang Tai ») : de là, ils voient les malheurs qui ont fondu sur leur famille depuis leur mort et dont la cause est dans les démérites qu’ils ont accumulés. Puis ils sont conduits chacun dans un des seize sous enfers particuliers, où les uns, assis sur un siège de fer et liés à une colonne de fer, ont la poitrine ouverte, le cœur arraché, coupé en morceaux et jeté aux bêtes, tandis que d’autres sont coupés en morceaux sous un grand tranchoir, etc.

« YanLuo Wang » (閻羅王), cinquième Roi des Enfers.

Dans le sixième enfer, « BianCheng Wang » (卞城王) punit tous les sacrilèges : ceux qui maudissent le ciel, la terre, le vent ou la pluie, le chaud ou le froid, ceux qui manquent de respect aux dieux, fondent leurs statues pour en faire des sapèques ou en vendre le métal, déposent des ordures près des temples ou tournés vers la « Grande Ourse » (北斗), qui tissent ou impriment sur des étoffes d’usage profane les noms des dieux ou simplement des dragons ou des phénix, etc. Ceux qui conservent des livres obscènes. Les châtiments consistent à être écrasé par un rouleau, ou scié entre deux planches, ou écorché vif et empaillé; Quelques uns sont plongés dans une mare de boue et d’immondices, d’autres sont rongés par les rats ou dévorés par les sauterelles, et à d’autres on introduit des torches allumées dans la bouche, etc.

« Bian Cheng Wang » (卞城王), sixième Roi des Enfers.

Le septième enfer est celui du « roi du Pic de l’Est » (東嶽大帝), « Taishan wang » (泰山王), le prince héritier « TaiZi » (太子) du Roi Yama. Le nom garde le souvenir d’un temps (aux environs de l’ère chrétienne), où la religion populaire avait fait du Dieu du Pic de l’Est, présidant à la Vie et à la Mort, le souverain d’un monde des morts s’étendant au dessous de sa montagne; Mais ce n’est qu’une survivance onomastique car actuellement, le roi du septième enfer est considéré, malgré la ressemblance des titres, comme une divinité toute différente. C’est lui qui châtie ceux qui violent les sépultures, qui vendent ou mangent de la chair humaine, ou l’utilisent pour faire des médicaments, ceux qui vendent leur fiancée comme esclave, etc. Les uns sont plongés dans des chaudières d’huile bouillante, d’autres sont dévorés par les bêtes : des chiens leur rongent les jambes; On leur arrache la peau pour la donner à manger aux cochons, des vautours les dévorent, des mules les foulent aux pieds, à d’autres les démons leur ouvrent le ventre pour en sortir les intestins, etc.

« TaiShan Wang » (泰山王), septième Roi des Enfers.

Dans le huitième enfer, celui du « Pingdeng Wang » (平等王), sont punis principalement ceux qui ont manqué à la piété filiale, les damnés sont broyés sous des roues de char; On leur arrache la langue et sont plongés dans la fosse des latrines; On leur enfonce également des clous dans la tête et sont dépecés en dix mille morceaux, etc.

« PingDeng Wang » (平等王), huitième Roi des Enfers.

Le neuvième enfer, domaine du roi de « DuShi Wang » (都市王), est celui des incendiaires, des avorteurs, des peintres ou écrivains obscènes, et de ceux qui regardent ou lisent leurs œuvres. Parmi ses seize petits enfers, il y en a où les âmes sont dévorées par des guêpes, des fourmis, des scorpions, des serpents; Dans d’autres, elles sont moulues dans une meule à grain ou leur tête est cuite à l’étuvée par des démons. C’est aussi de ce roi que dépend la « Ville des Morts par Accident », où sont envoyés tous ceux qui se sont donné la mort sans raison; Leur châtiment consiste à renouveler éternellement leur suicide et à ne jamais renaître. Là aussi sont reléguées toutes les âmes qui, ayant commis des crimes graves aux enfers, sont punies de mort et, après exécution, cessent d’être des âmes pour devenir des « ombres d’âmes », incapables de renaître. La Ville des Morts par Accident est un lieu dont nul ne sort : quiconque y est enfermé n’a plus, comme les autres damnés, l’espérance de voir un jour finir sa peine et de se réincarner en ce monde.

« DuShi Wang » (都市王), neuvième Roi des Enfers.

Enfin le dixième roi est le celui qui fait tourner la Roue de la transmigration, « ZhuanLun Wang » (轉輪王). De même que le premier, il ne commande à aucun lieu de supplices : c’est lui qui décide des transmigrations à la sortie des enfers. Il a quatre vingts bureaux où d’innombrables employés tiennent les comptes des réincarnations; Comme dans ceux du Pic de l’Est, ce sont des esprits des morts qui en occupent les fonctions. Il juge, d’après les actes commis antérieurement, du sort de l’âme : si elle renaîtra homme ou animal, quel sera son rang, son bonheur, etc. Puis l’âme quittant le tribunal du Roi est conduite devant « Dame Meng » (孟婆), vieille femme qui fabrique le Bouillon d’Oubli. Elle vécut sous la « dynastie des Han » (漢朝) et qui, ayant refusé de se marier et ayant pratiqué toute sa vie les interdictions de tuer des êtres vivants et de manger des aliments gras, obtint l’immortalité et fut installée à la sortie des enfers pour y remplir cette fonction. Elle habite un grand bâtiment, avec une salle principale, où elle se tient comme à un tribunal, et de nombreuses salles secondaires; C’est dans celles ci que les bols de bouillon sont préparés d’avance. Des démons séparent les esprits des hommes de ceux des femmes, puis ils les font boire de gré ou de force, de façon que toute mémoire des enfers soit abolie au moment de retourner sur terre pour y renaître sous une forme quelconque. Le bol de bouillon avalé, l’âme est dirigée vers le « Pont NaiHe » (奈何橋), où deux démons l’attendent pour la jeter dans les eaux tumultueuses du « Fleuve de Sang Déferlant » (血河洶湧) afin qu’elle renaisse ailleurs.

« ZhuanLun Wang » (轉輪王), dixième Roi des Enfers.

De grandes peintures murales représentent dans les temples bouddhiques la « Roue de la Naissance et de la Mort » (生死輪) : c’est un tableau où sont figurées les renaissances parmi les diverses espèces d’êtres vivants, en rétribution des actes bons ou mauvais accomplis dans la ou les existences précédentes, que l’on appelle « les six voies » (六道). D’après la plupart des livres bouddhiques, il y a six voies des naissances, dont trois bonnes voies : naissance parmi les dieux (grands mérites), parmi les hommes (mérites moyens), parmi les « Asuras » (阿修羅/faibles mérites), et trois mauvaises voies, dont la naissance aux enfers (grands démérites), parmi les « démons affamés » (餓鬼/démérites moyens), parmi les animaux (démérites faibles).

« Enfer du dépeçage » (剝皮地獄).

« Il faut faire un cercle en forme de roue. Au milieu, placez l’essieu, puis faites cinq rayons pour séparer les représentations des cinq voies : en bas de l’essieu l’enfer, et, des deux côtés, les démons affamés et les animaux ; au dessus, il faut peindre les hommes et les dieux. L’essieu doit être enduit de couleur blanche et, sur ce fond, il faut dessiner un Bouddha, et, devant l’image de ce Bouddha, trois formes : un pigeon pour symboliser la convoitise, un serpent pour symboliser la colère, un porc pour symboliser l’ignorance. Sur la jante il faut représenter les douze causes qui produisent la naissance et la mort. En dehors le grand démon « Impermanence », les cheveux épars, la bouche ouverte, les bras étendus, embrassant la Roue. »

 

« Enfer de la pilule de Fer » (鐵丸地獄).

Les peintres chinois se conforment en général au modèle rituel : souvent, cependant, ils tiennent à ce que les tableaux des voies extrêmes se répondent, celui du paradis à la partie supérieure avec ses jardins et ses pavillons où se promènent les dieux, en face de celui de l’enfer à la partie inférieure, avec son tribunal où sont conduits les damnés et ses cours de supplices où ils sont châtiés; Dans ce cas, les tableaux des voies des Démons Affamés et des Animaux sont nécessairement rejetés tous deux d’un même côté pour faire pendant à celui de la voie des Hommes. Mais cette disposition fait souvent place à une division symétrique en six parties, où quelquefois, mais rarement, les Asuras, reprenant leur place, luttant avec les dieux.

 

« Enfer du lit de feu » (火床地獄).

Dans l’imagerie populaire, la division en six voies a pris le dessus, grâce à la disposition symétrique qu’elle permet; Cependant, les six voies sont rarement en conformité avec la tradition bouddhique; A côté des enfers des dieux, des humains et animaux qui ne changent pas, on trouve souvent les Asuras remplacés par les divinités terrestres chinoises et les démons affamés par des mendiants humains; Ou bien les animaux à poil, les oiseaux, les poissons, les insectes sont séparés dans des compartiments spéciaux.

                       YAMA DANS DRAGON BALL 

Le grand roi Enma est un ogre gigantesque à la peau rouge claire, il porte une épaisse barbe noire et a de longs cheveux, noirs également. Il porte un casque à cornes, qu’il ne quitte jamais. Il s’habille toujours avec un costume 2 pièces et ne quitte jamais son bureau. Le grand roi Enma est très impatient et s’énerve très vite, même pour des choses futiles. Malgré cela, il est à l’écoute des gens si ils ont besoin d’aide.

On sait qu’il a déjà quitté son bureau, car il s’est déjà rendu chez Maître Kaio pour se faire entraîner. Cela lui permet de gérer les défunts récalcitrants, comme Raditz qui tentera de combattre le grand roi Enma, sans succès malheureusement pour lui. Selon le pamphlet du film Dragon Ball Z – La super bataille décisive autour de la Terre, son niveau de puissance est de 1.300 et dans le jeu de rôle papier Dragon Ball Z: The Anime Adventure Game, son niveau de puissance est de 2.600.

Dans l’anime, la Princesse Serpent nous apprend quelle a réussi à l’attirer dans son palais il y a des centaines d’années et que depuis, ils se sont mariés.

Jīn Yōng (金庸)

Jīn Yōng (金庸 de son vrai nom Zhā Liángyōng, connu en Occident sous le nom de Louis Cha, est né le 10 mars 1924 à Haining et est décédé le 30 octobre 2018 à Hong Kong. Écrivain chinois de romans de cape et d’épée parmi les plus populaires, nombre de ses œuvres ont été adaptées en films et en séries télévisées.

En 1959, il cofonde le journal Ming Pao à Hong Kong, qu’il dirige comme rédacteur en chef jusqu’en 1993. Ses récits, inspirés de l’histoire chinoise qu’il retravaille librement, sont parfois perçus par ses lecteurs comme de véritables fresques historiques, à l’instar de l’influence d’Alexandre Dumas ou du roman des Trois Royaumes.

 

Biographie

Jin Yong, de son vrai nom Louis Cha, naît le 10 mars 1924 dans le district de Haining, province du Zhejiang, au sein d’une famille de lettrés – son père étant jinshi, lauréat des examens impériaux. Deuxième d’une fratrie de sept enfants, il commence ses études au premier lycée de Jiaxing, dont il est toutefois renvoyé pour avoir rédigé un texte satirique visant le directeur politique, représentant du Kuomintang. Il termine ensuite son cycle secondaire au lycée de Quzhou, puis poursuit ses études supérieures à la faculté des langues étrangères de l’Université Centrale de Chongqing. Rapidement, il change de voie et s’inscrit en droit international à l’université de Soochow à Suzhou, avec l’ambition de devenir diplomate.

En 1947, il débute sa carrière journalistique au Ta Kung Pao de Shanghai, avant d’être transféré l’année suivante à Hong Kong, où il s’installe définitivement. Affecté d’abord à la mise en page et à la correction, il devient ensuite rédacteur adjoint au Hsin Wan Pao. C’est là qu’il rencontre Chen Wentong, connu sous le pseudonyme de Liang Yusheng (梁羽生), pionnier du roman de cape et d’épée moderne. Sous son influence, Jin Yong se lance dans l’écriture. Son premier feuilleton, Le Livre et l’Épée, paraît en 1955. Deux ans plus tard, tout en continuant à écrire, il quitte provisoirement le journalisme pour devenir scénariste dans les studios Great Wall Movie Enterprises Ltd et Phoenix Film Company.

En 1959, il fonde avec son ancien camarade de lycée Shen Pao-sing (沈寶新) le quotidien Ming Pao, dont il sera rédacteur en chef pendant plus de trente ans. Il y publie ses romans en feuilleton ainsi que de nombreux éditoriaux. Sa production est intense : après avoir achevé son dernier roman en 1972, il se consacre à la révision et à l’édition de ses œuvres. Une première édition complète paraît en 1979 et rencontre un immense succès dans le monde sinophone, malgré les censures imposées tant à Taïwan qu’en Chine populaire, où ses récits sont tour à tour interprétés comme des critiques de Mao Zedong ou comme des éloges du communisme. Ses histoires inspireront par la suite films, séries télévisées et, à partir des années 1990, jeux vidéo.

À la fin des années 1970, Louis Cha est nommé au comité chargé de rédiger la Loi fondamentale de Hong Kong, mais il démissionne en 1989 pour protester contre le massacre de Tiananmen. Il rejoint néanmoins, en 1996, le Comité de supervision du retour de Hong Kong à la Chine.

En 1993, il cède ses parts du Ming Pao et prend sa retraite. Sa fortune est alors estimée à 600 millions de dollars HK. Marié trois fois et divorcé deux fois, il est père de quatre enfants : deux fils – dont l’aîné est décédé – et deux filles.

Distinctions

En 1981, Louis Cha est fait officier de l’ordre de l’Empire britannique. Il reçoit ensuite les distinctions de chevalier de la Légion d’honneur en 1992 et de commandeur de l’ordre des Arts et des Lettres en 2004.

Il est professeur honoraire dans plusieurs universités prestigieuses, parmi lesquelles Pékin, Zhejiang, Nankai, Soochow, Huaqiao, Tsing Hua, Hong Kong (littérature chinoise), Colombie-Britannique et Sichuan. Il est également docteur honoris causa de l’université de Hong Kong (sciences sociales), de l’université polytechnique et de l’université ouverte de Hong Kong, de l’université de Colombie-Britannique, de l’université Sōka et de l’université de Cambridge.

Louis Cha est aussi membre honoraire du St Antony’s College d’Oxford, du Robinson College de Cambridge et Wynflete Fellow du Magdalen College d’Oxford. Soucieux d’obtenir un véritable doctorat, il s’inscrit en 2007 au St John’s College de Cambridge pour y préparer un doctorat en histoire chinoise.

 

Œuvre et romans 

Entre 1955 et 1972, l’auteur a publié quatorze romans ainsi qu’une nouvelle, L’Épée de la fille de Yue. Le succès fut considérable : plus de 30 millions d’exemplaires ont été officiellement écoulés, chiffre qui dépasserait les 100 millions en tenant compte des éditions piratées ou diffusées sous le manteau. Ses œuvres ont été traduites dans de nombreuses langues, dont le coréen, le japonais, l’anglais, le français, le vietnamien, l’indonésien, le birman et le thaï.

Œuvres principales

  • Le Livre et l’Épée (書劍恩仇錄 / 书剑恩仇录), publié en 1955 dans le Sin Wan Pao

  • L’Épée tachée de sang royal (碧血劍 / 碧血剑), paru en 1956 dans le Hong Kong Commercial Daily

  • La Légende du héros chasseur d’aigles (射鵰英雄傳 / 射雕英雄传), 1957, Hong Kong Commercial Daily

  • Le Renard de la montagne des neiges (雪山飛狐 / 雪山飞狐), premier épisode dans le Ming Pao en 1959

  • Le Justicier et l’Aigle mythique (神鵰俠侶 / 神雕侠侣), 1959

  • Autres aventures du renard (飛狐外傳 / 飞狐外传), 1960

  • Vers l’Ouest sur un cheval blanc (白馬嘯西風 / 白马啸西风), Ming Pao, 1961

  • La Danse de l’épée (鴛鴦刀 / 鸳鸯刀), Ming Pao, 1961

  • L’Épée céleste et le Sabre du dragon (倚天屠龍記 / 倚天屠龙记), Ming Pao, 1961

  • Le Secret fatal (連城訣 / 连城诀), Southeast Asia Weekly, 1963

  • Demi-dieux et semi-démons (天龍八部 / 天龙八部), 1963

  • La Ballade des paladins (俠客行 / 侠客行), 1965

  • Le Vagabond au sourire fier (笑傲江湖), Ming Pao, 1967

  • Le Cerf et le Tripode (鹿鼎記 / 鹿鼎记), 1969–1972

 

Nouvelle

  • L’Épée de la fille de Yue – T: 越女劍 S: 越女剑 (1970)

 

Analyse de l’œuvre

Trilogie et temporalité

La trilogie du « Héros chasseur d’aigles » est composée de La Légende du héros chasseur d’aigles, Le Justicier et l’aigle mythique et L’Épée céleste et le sabre du dragon. À cette saga est rattaché, dans une certaine mesure, Demi-dieux et semi-démons. Par ailleurs, certains personnages du Livre et l’épée réapparaissent dans Le Renard de la montagne des neiges et Nouvelles Aventures du renard.

L’Épée de la fille de Yue se déroule au VIᵉ siècle av. J.-C., à la transition entre les périodes des Printemps et Automnes et des Royaumes combattants. Quant à Demi-dieux et semi-démons et à la trilogie du Héros chasseur d’aigles, ils forment une vaste fresque historique centrée sur la dynastie Yuan : l’intrigue commence au XIᵉ siècle, sous les Song du Nord, et se poursuit de génération en génération jusqu’au XIVᵉ siècle, à la veille de l’avènement des Ming.

D’autres romans s’inscrivent à différentes époques :

  • Le Redresseur de torts au XVIᵉ siècle,

  • L’Épée tachée de sang royal et Le Cerf et le tripode au XVIIᵉ siècle,

  • Le Livre et l’épée ainsi que les deux Renards au XVIIIᵉ siècle,

  • Le Secret fatal au XIXᵉ siècle.

Le Vagabond au sourire fier ne précise pas son époque, l’auteur ayant voulu en faire une allégorie. Néanmoins, plusieurs indices situent l’action sous les Ming, tandis que les adaptations cinématographiques la replacent souvent sous le règne de l’empereur Wanli.

Enfin, Jin Yong a composé un poème mnémotechnique réunissant les premiers caractères de ses quatorze romans :

  • Chinois traditionnel : 飛雪連天射白鹿 笑書神俠倚碧鴛

On peut le traduire ainsi :
« La neige tombe sans fin, un cerf blanc est abattu ; [quelqu’un], adossé à un canard de jade bleu, sourit en écrivant les aventures des chevaliers extraordinaires. »

Éditions et réception

De nombreuses œuvres de Jin Yong furent longtemps censurées, aussi bien en Chine continentale qu’à Taïwan. Les autorités communistes comme nationalistes y voyaient chacune une critique voilée et un appui à l’adversaire politique. Durant cette période, les lecteurs n’avaient accès qu’à des éditions piratées, souvent modifiées.

Entre 1970 et 1980, l’auteur entreprit une révision complète de ses romans et publia une première version intégrale, appelée depuis l’ancienne édition. En 1979, la collection authentique fut éditée à Taïwan par Yuenching Publishing House (遠景出版社). En Chine populaire, la publication officielle commença en 1980, dans le magazine Wulin (武林) de Guangzhou. Deux éditions en caractères simplifiés suivirent :

  • 1994 : Sanlian Shudian (三联书店), Pékin,

  • 1995 : Minheshe Singapore-Malaysia (明河社星马分公司).

Une dernière révision eut lieu entre 1999 et 2006, donnant naissance à la nouvelle édition, enrichie d’annotations où Jin Yong répond aux critiques sur ses libertés prises avec l’histoire.

Les passionnés de son œuvre, souvent eux-mêmes amateurs de kung-fu, se sont rassemblés en clubs, puis sur des forums en ligne. Le premier « jinyongologue » fut son ami Ni Kuang, écrivain de science-fiction. Même Deng Xiaoping a reconnu son intérêt pour ces romans.

En 2004, les Éditions éducatives populaires (人民教育出版社) de Chine inclurent un extrait de Demi-dieux et semi-démons dans un manuel scolaire pour le secondaire, malgré les critiques dénonçant une littérature jugée « irréaliste et violente ». Une initiative similaire eut lieu à Singapour pour l’enseignement en chinois.

Parmi les admirateurs célèbres de Jin Yong figurent Deng Xiaoping, Jack Ma et Xi Jinping.

Thèmes

Le nationalisme occupe une place centrale dans l’œuvre de Jin Yong. Ses récits mettent fréquemment en scène la résistance contre des envahisseurs étrangers — Khitans, Jurchens-Mandchous ou Mongols. Cependant, l’auteur se distingue d’un chauvinisme exclusivement Han : il accorde une place importante à des personnages issus des minorités ethniques chinoises, souvent représentés de manière positive. Ainsi, dans La Légende du héros chasseur d’aigles, Genghis Khan et son fils apparaissent comme des figures nobles, supérieures aux fonctionnaires corrompus de la dynastie Song. De même, dans Le Cerf et le tripode, l’empereur mandchou Kangxi est présenté comme un héros chinois à part entière. Le protagoniste de Demi-dieux et semi-démons, quant à lui, incarne le déchirement identitaire entre ses origines khitanes et han.

Les romans de Jin Yong sont également traversés par de multiples références à la culture traditionnelle chinoise : la médecine et l’acupuncture, les arts martiaux (wushu), la musique, la calligraphie, le jeu de weiqi (go), l’art du thé, mais aussi les grands courants philosophiques et spirituels que sont le confucianisme, le bouddhisme et le taoïsme.

Héros

Contrairement aux romans traditionnels de kung-fu, où les protagonistes apparaissent d’emblée comme des maîtres accomplis, Jin Yong choisit de présenter ses héros dès leur adolescence et décrit minutieusement leur formation. Une autre originalité réside dans l’importance qu’il accorde aux héroïnes, certaines étant même des personnages principaux. Il introduit également des figures historiques réelles dans ses récits.

Ses héros incarnent les idéaux confucéens : fidélité au souverain, respect des liens familiaux, loyauté. Le concept de la face y est aussi déterminant. Toutefois, Jin Yong s’autorise quelques entorses, notamment pour explorer des histoires d’amour que la morale traditionnelle aurait réprouvées, comme celle de Yang Guo et Xiaolongnü dans Le Retour du héros chasseur d’aigles. À l’inverse, son dernier roman, Le Cerf et le tripode, rompt avec ces codes en mettant en scène un anti-héros : un enfant de bordel, paresseux, intéressé et indifférent aux convenances.

Parmi les groupes de personnages emblématiques figurent les cinq maîtres wujue (五絕), ou « Cinq excellences », issus de la saga du Héros chasseur d’aigles. Liés chacun à un des cinq orients, ils sont d’abord :

  • Huang Yaoshi, l’« Hérétique de l’Est » (東邪),

  • Ouyang Feng, le « Poison de l’Ouest » (西毒),

  • Duan Zhixing, l’« Empereur du Sud » (南帝),

  • Hong Qigong, le « Mendiant du Nord » (北丐),

  • Wang Chongyang, le « Devin du Centre » (中神通).

Plus tard, cette liste évolue :

  • Yang Guo, la « Folie de l’Ouest » (西狂),

  • Yideng, le « Moine du Sud » (南僧),

  • Guo Jing, le « Héros du Nord » (北俠),

  • Zhou Botong, le « Garnement du Centre » (中頑童).

Comme dans tout roman d’arts martiaux, les combattants appartiennent à des écoles. Dans l’univers de Jin Yong, Shaolin et Wudang occupent une place majeure. D’autres factions sont religieuses, tel le Culte de la lumière (Mingjiao), ou issues de son imagination, comme la célèbre Secte des mendiants (丐幫/丐帮).

Enfin, un personnage mystérieux traverse l’ensemble de l’œuvre : Dugu Qiu Bai (獨孤求敗). Bien qu’il soit évoqué dans Le Justicier et l’aigle mythique, Le Vagabond au sourire fier et Le Cerf et le tripode, il n’apparaît jamais directement.

Éditions françaises

Traductions françaises des œuvres de Jin Yong publiées chez Librairie You-Feng

  • La Légende du héros chasseur d’aigles

    • Tome 1, trad. Jiann-Yuh Wang (2004)

    • Tome 2, trad. Jiann-Yuh Wang (2005)

  • Le Justicier et l’Aigle mythique

    • Tome 1, trad. Xie Weidong & Nicole Tagnon (2013)

    • Tome 2, trad. Xie Weidong & Nicole Tagnon (2013)

    • Tome 3, trad. Xie Weidong & Nicole Tagnon (2014)

    • Tome 4, trad. Xie Weidong & Nicole Tagnon (2014)

  • Tian Long Ba Bu (Demi-dieux et semi-démons)

    • Tome 1, trad. Xie Weidong & Nicole Tagnon (2016)

    • Tome 2, trad. Xie Weidong & Nicole Tagnon (2017)

    • Tome 3, trad. Xie Weidong & Nicole Tagnon (2018)

    • Tome 4, trad. Xie Weidong & Nicole Tagnon (2018)

    • Tome 5, trad. Xie Weidong & Nicole Tagnon (2020)

  • La Ballade des Paladins

    • Tomes 1 & 2, trad. Philippe Denizet (2017)

Adaptations au cinéma

  • 1971 : La Rage du tigre de Chang Cheh
  • 1978 : Heaven Sword and Dragon Sabre de Chu Yuan
  • 1978 : Heaven Sword and Dragon Sabre 2 de Chu Yuan
  • 1980 : A Deadly Secret de Mou Tun-fei
  • 1993 : Le Poison et l’Épée de Poon Man-kit (zh)
  • 1994 : Les Cendres du temps de Wong Kar-wai
  • 2023 : Sakra, la légende des demi-dieux de Donnie Yen
Les Triades chinoises (三合會)

les Triades chinoise

Lointaines héritières des sociétés secrètes de la fin du XVIIe siècle, les triades chinoises (三合會) forment aujourd’hui une mafia puissante qui n’a plus aucun rapport avec la Triade originelle. Ils sont aujourd’hui plus de 250 000 toutes familles confondues.

Histoire

La Triade originelle était une société secrète née en opposition à la dynastie mandchoue des Qing à la fin du XVIIe siècle. Société patriote, elle voulait restaurer l’ancienne dynastie Ming. Pour ce faire, elle a soutenu pendant des siècles de nombreuses révoltes contre la dynastie mandchoue. Ses membres possédaient un langage codé, des signes de reconnaissance et pratiquaient des disciplines de combat tenues secrètes.

Au XIXe siècle, les sociétés secrètes chinoises étaient à la fois syndicats, sociétés d’entraide, organisations politiques, groupes économiques, etc.

Les sociétés secrètes fonctionnaient comme des syndicats souvent contrôlés par des patrons. Celui qui refusait de devenir membre ne pouvait guère espérer trouver un emploi dans les mines d’étain du sud de la Thaïlande ou les moulins à riz de Bangkok.

Les ang-yi ou tua-hia faisaient également office de société d’assurance et d’entraide pour leurs membres. Elles pouvaient honorer les frais d’un procès devant un tribunal, veillaient à ce que les membres emprisonnés reçoivent un traitement décent, s’occupaient de leur personne en cas de maladie et de leur dépouille en cas de décès.

Les triades auront aussi, très tôt, une dimension politique. Le premier président de la République de Chine, Sun Yat-sen, était lui-même un « 426 », soit un responsable de la sécurité et de la discipline, de la triade des Trois-Harmonies. Entre 1903 et 1908, il fit quatre séjours au Siam au cours desquels il contacta les leaders de diverses sociétés secrètes. Les triades participèrent à une révolte en 1911 qui déboucha sur la défaite des Qing et la proclamation de la République. Plus tard, Tchang Kaï-chek utilisa ses appuis au sein de la bande Verte, une autre société secrète, pour éliminer les communistes de Shanghai. Au Siam, la plupart des leaders de triades allaient devenir des protégés des gouvernements européens et constituer ainsi une menace politique d’un autre genre pour les dirigeants.

Tchang Kaï-chek (蔣介石 né le 31 octobre 1887 à Ching Yang Shui et mort le 5 avril 1975)

La dimension économique des sociétés secrètes connaissait des formes très diverses mais était bien réelle. Les leaders des triades pourvoyaient aux besoins des travailleurs immigrés chinois, tels que les jeux, les alcools, l’opium et les prostituées. Ces commerces étaient alors légaux mais lourdement imposés.

Mais, dès le milieu du XIXe siècle, certains de ses membres avaient rompu avec l’idéal des origines et pratiquaient une violence gratuite au service de leurs seuls intérêts. Des loges de la Triade originelle sont ainsi devenues des gangs de voleurs et d’assassins.

En 1949, les communistes les déclarent hors-la-loi. Elles fuient alors la Chine Populaire pour s’installer à Hong Kong, Macao ou Taïwan. Dès lors, ces sociétés ne sont plus qu’un pâle reflet de leur glorieux passé. Toute leur activité se centre alors autour du crime organisé.

Les triades sont au cœur du trafic de drogue en provenance du Triangle d’or et du Sri Lanka. Cette région, située à cheval sur le Laos, la Thaïlande et la Birmanie, produit chaque année la moitié du volume mondial d’opium et de ses dérivés dont principalement l’héroïne. Les triades sont très présentes dans l’économie mondiale. Elles constituent un grand péril financier. En effet, pour donner un exemple, 1,1 % du PNB américain, soit 50 milliards d’euros, ont été produits par les triades pendant les années 1980.

Le rattachement de Hong Kong à la Chine en 1997 a soulevé quelques inquiétudes chez les dirigeants mafieux. Cependant, le gouvernement chinois témoigne d’une étrange mansuétude à l’égard des triades. Ces groupes très riches réinvestissent une large part de leur argent sale sous forme d’investissements en Chine. Ainsi, le ministre de la Sécurité publique chinois d’alors, Tao Siju, a déclaré en 1995 que « les membres des triades ne sont pas tous des gangsters. S’ils sont de bons patriotes, s’ils assurent la prospérité de Hong Kong, nous devons les respecter. » Il a même affirmé que « le gouvernement chinois est heureux de s’unir à eux. » Le rattachement de Hong Kong et de Macao et l’ouverture économique de la Chine, va ainsi permettre aux triades de se réinstaller massivement sur le continent, principalement la 14K, le gang des bambous unis et le gang des Quatre mers.

 

Organisation

Structure hiérarchique d’une triade.

Les groupements mafieux se divisent en trois niveaux. Au sommet trône un chef nommé Tak khunn, la « tête de dragon ». Il donne les grandes orientations à son groupe. Peu de membres connaissent sa véritable identité. Sous ses ordres, il y a plusieurs responsables. Ils ont conservé les noms traditionnels des officiers de loge.

  • L’« Éventail de papier blanc » s’occupe des finances.
  • Le « Bâton rouge », spécialiste en arts martiaux, se charge du respect de la loi interne.
  • La « Sandale de paille » est déléguée aux affaires extérieures du groupe.
  • Le « Maître des encens » a la tâche de recruter les membres.

Enfin, les membres les plus nombreux sont les « soldats » qui constituent le bras armé de l’organisation. À chaque fonction correspond un code chiffré que l’initié exprime par un simple geste : 489 pour une « tête de dragon », 432 pour une « sandale de paille », ou 49 pour les « soldats ».

L’initiation d’un nouveau membre répond à une cérémonie particulière. On décapite un coq dont le sang est mélangé à un breuvage alcoolisé. Le futur nouveau membre jure alors de rester fidèle à la société. Puis, il s’entaille un doigt et verse quelques gouttes de son sang dans la décoction préparée. Tous les membres présents trempent leurs lèvres dans la coupe afin de sceller sa promesse.

Les triades sont indépendantes les unes des autres. En 2016, on dénombre une dizaine de grandes triades chinoises, parmi lesquelles :

la Sun Yee On(新義安)La Sun Yee On à Hong Kong, née en 1919 à Canton, la plus importante des triades avec 50 000 membres répartis aux États-Unis, en Australie, à Macao, en Thaïlande, au Viêt Nam, au Canada et en République dominicaine, en France, au Benelux, en Allemagne, en Espagne, en Tchéquie et en Russie ;

Fondation

Sun Yee fut fondée par Heung Chin, originaire de Chaozhou, en 1919. Il fut déporté à Taïwan au début des années 1950 et continua à diriger l’organisation depuis l’île. On pense qu’ensuite Sun Yee On fut contrôlée par son fils ainé Heung Wah-yim, qui officiellement travaillait comme employé dans un cabinet juridique.

Affaire Anthony Chung

En , un ancien officier de police de Hong Kong, Anthony Chung, qui était devenu un membre de Sun Yee On, demanda la protection de la police. Il identifia Heung Wah-yim comme le chef de la triade et cela conduisit la police à arrêter onze membres de la Triade le . En perquisitionnant le cabinet juridique de Heung Wah-yim, la police trouva la liste de 900 noms numérotés de ce qui semblait être une liste des membres de l’organisation. En octobre, eut lieu le procès de Heung Wah-yim et de cinq complices, les cinq plaidant coupables. Heung Wah-yim protesta de son innocence pendant le procès, proclamant qu’il n’était que le président de la section locale du Lions Club et que la liste trouvée dans son bureau n’était qu’une liste de donateurs potentiels. Chung et un autre ancien membre de l’organisation criminelle étaient les principaux témoins à charge. Le , le jury déclara coupables cinq des accusés (dont Heung Wah-yim qui fut condamné à sept ans et demi de prison) et acquitta le sixième.

Postérité


Chen « Uncle Po » 

Uncle Po est l’actuel Tête de dragon des Sun Yee On depuis plusieurs années. Po aime donner l’image d’un grand-père inoffensif. Il consacre de l’argent et du temps à des œuvres de charité et c’est un bienfaiteur reconnu dans les quartiers contrôlés par les Sun On Yee. Même au sein des triades, il cultive son image de négociateur et d’homme d’affaires pragmatique, mais son apparence « respectable » est à l’opposé de sa carrière de criminel. Son ascension au sein des Sun On Yee a été marquée par une violence extrême à tous les niveaux. L’emprise de Po sur la triade reste totale. Des rapports indiquent que les autres Bâtons rouges se sont résolus à attendre qu’il prenne sa retraite ou meure pour espérer prendre un jour sa place.

Lim Lee

Lim Lee, actuel bras droit d’Oncle Po est une figure emblématique à Hong Kong pour ses nombreux commerces dans la pornographie et le cinéma. Jugé comme un homme d’affaires, Lim a de bonnes relations avec plusieurs membres de la triade dont Henry Chun qui travaillerait avec lui sur plusieurs activités telles que la pornographie ou encore le proxénétisme. C’est un homme d’une grande importance au sein des Sun Yee On même si celui-ci s’avère plus intéressé vers son côté businessman que sa triade.

 

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Henry « Big Chun » Chun

Henry Chun ou encore Big Chun est l’un des Bâton rouge les plus puissant chez les Sun On Yee. Il est largement détesté par les autres Bâtons rouges et de nombreux subalternes de la triade. Le pouvoir de Chun est basé sur deux éléments principaux : sa propension à utiliser des niveaux de violence extrême (même selon les critères de la triade) et la grande quantité d’argent liquide dégagé par ses diverses activités commerciales. Il semblerait qu’Henry travaille avec Lim Lee dans de plusieurs domaines. Big Chun se voit comme le successeur naturel pour remplacer le chef actuel de les Sun On Yee, une fois que celui-ci sera mort. Il n’est pas assez stupide pour agir tant qu’Uncle Po est en vie.

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Sonny « Sun » Wang

Sonny Wang est le dernier membre a avoir été promu Bâton rouge des Sun Yee On pour sa motivation et son dévouement exemplaire. Contrairement à Big Chun, Sonny est une personne ambitieuse s’attachant aux traditions de sa triade. Il contrôle un quartier de la ville de Los Santos avec son gang de rue nommé Dragon Street Boys et son ami d’enfance Wu Shun qui l’a suivit depuis son arrivée à la Sun Yee On.

la Fédération Wo

la Fédération Wo, à Hong Kong, née en 1908, 28 000 membres répartis au Canada, en Chine populaire et aux États- (Boston, Los Angeles, Portland, San Francisco) essentiellement présente à Kowloon, Taiwan.et dans les New Territories.

la 14K,

La « 14K » résulte de l’unification des Triades du Sud-Est de la Chine en 1947 par le chef du Service de Renseignements militaire nationaliste, le général Kot Siu Wong. Elle s’installe à Canton, au siège de la Triade Hung Mun, 14 route Po Wah. Le 14 devient ainsi la désignation de la nouvelle Triade. Dès 1949 elle s’établit à Hong Kong où elle est l’une des plus importantes Triades. Elle est implantée en Australie, au Canada, en Chine Populaire, aux Etats-Unis (Boston, Chicago, Houston, Los Angeles, New York), en Grande-Bretagne, à Macao, aux Pays-Bas, à Taiwan, aux Philippines, au Japon.

le Groupe Luen

le Groupe Luen , à Hong Kong, compte 8 000 membres en Chine et à l’étranger, notamment à Toronto ;

La « Bambou Uni »

La « Bambou Uni », créée en 1956 à Taiwan. Elle est composée de 13 clans, chacun spécialisé dans une forme de criminalité. Elle compterait quelque 10 000-20 000 membres. Elle est active dans les secteurs de la construction, du recouvrement de dettes, de l’usure, des services de gardiennage et des  » salons de massage « .Elle est implantée au Canada, au Japon, aux Etats-Unis (Atlantic City, Chicago, Denver, Honolulu, Los Angeles, Miami, New York, Phonix, San Francisco).

la Bande des Quatre Mers

La « Bande des 4 Mers », est implantée à Taiwan, qui compterait environ 2 000-5 000 membres. Elle est active dans les secteurs de la construction, du recouvrement de dettes, des services de gardiennage et des  » salons de massage « .

le Grand Cercle

Le « Grand Cercle » basé en Chine Populaire, s’est spécialisé dans de trafic de l’immigration illégale et a des ramifications au Canada et aux Etats-Unis.

La Tian Dao Man

La Tian Dao Man, est implantée à Taiwan. Elle compte quelques centaines de membres et s’est spécialisée dans les secteurs du recouvrement de dettes, du gardiennage et des  » salons de massage « .

La « Sung Lian »,

La « Sung Lian », à Taiwan, compte quelques centaines de membres et est spécialisée dans le recouvrement de dettes et les  » salons de massage « .

NB : Voici le lien de nôtre page YouTube sur trois vidéos montrant la triade chinlise de nos jours (reportage d’Arté) . N’hésitez pas à vo us abonnez à nôtre page.  https://www.youtube.com/watch?v=5Egy9uzKuiI

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