Le canard mandarin (Aix galericulata) est une espèce de canard appartenant à la famille des anatidés, originaire d’Asie du Nord-Est. Il peut cependant être observé à l’état sauvage en Europe, où quelques individus échappés de captivité se sont acclimatés et se reproduisent aujourd’hui régulièrement.
APPARENCE
Reconnaissable entre tous, le mâle se distingue par la forme et la couleur si particulières de ses ailes. Il perd ce plumage resplendissant après la période de reproduction (vers la fin du printemps) pour adopter une apparence plus proche de celle de la femelle, au point qu’il peut être difficile de les différencier. Cet oiseau mesure entre 41 et 49 centimètres de longueur pour une envergure allant de 65 à 75 centimètres. Le mâle pèse environ 630 grammes et la femelle près de 570 grammes.
ALIMENTATION
L’alimentation du canard mandarin varie selon les saisons. En automne et en hiver, il consomme surtout des glands et des graines. Au printemps, il se nourrit principalement d’insectes, d’escargots, de poissons et de plantes aquatiques. En été, il privilégie les vers, les petits poissons, les grenouilles, les mollusques et les petits serpents.
COMPORTEMENT ET REPRODUCTION
Le canard mandarin est un symbole de fidélité en Asie (il est parfois offert en cadeau à un couple de jeunes mariés en Chine), car il vit en couple toute sa vie durant. La femelle pond de six à douze œufs par an, qu’elle couve pendant environ 28 jours, entre avril et juillet.
RÉPARTITION
Cette espèce vit dans l’extrême est de la Sibérie, sur l’île de Sakhaline, dans le nord-est de la Chine, au Japon, à Taïwan et en Corée. Les populations continentales hivernent dans le sud de la Chine. Des populations sont également présentes dans certaines régions d’Europe, comme en Grande-Bretagne ou dans la région de Berlin, probablement issues d’individus échappés de jardins zoologiques et ayant réussi à s’acclimater. En France, le canard mandarin reste encore peu répandu à l’état sauvage. Cet oiseau a aussi été introduit aux États-Unis.
HABITAT
Le canard mandarin vit dans les régions forestières comprenant des plans d’eau.
POPULATION ET CONSERVATION
Bien que très répandu en Asie du Sud-Est, le canard mandarin est une espèce menacée en raison de la destruction de son habitat naturel, notamment la forêt. En 1980, le Japon a commandé 3 000 couples de canards mandarins aux Pays-Bas pour repeupler les lacs de son territoire.
En France, le canard mandarin ne figure pas sur la liste des oiseaux protégés fixée par l’arrêté du 29 octobre 2009.
La variété blanche est considérée comme domestique.
En Chine, le canard mandarin est l’un des symboles les plus forts de l’amour et de la fidélité conjugale. Voici ce qu’il représente :
Symbole de fidélité éternelle en chine
Le canard mandarin est réputé pour former des couples soudés et durables, restant ensemble toute leur vie. C’est pourquoi il incarne :
la fidélité
l’harmonie dans le couple
la loyauté
l’amour durable et heureux
On en offre souvent aux jeunes mariés, sous forme de figurines ou de motifs décoratifs, pour leur souhaiter un mariage stable et harmonieux.
Symbole de bonheur conjugal
dans le feng shui
Dans le feng shui, une paire de canards mandarins placée dans la chambre est censée :
renforcer l’harmonie du couple
attirer l’âme sœur chez une personne célibataire
protéger et stabiliser la relation
Ils sont considérés comme les animaux porte-bonheur de l’amour.
Symbole artistique et culturel
On les retrouve dans :
les peintures traditionnelles
les broderies
les poèmes d’amour
les décorations de mariage
Leur image évoque toujours la douceur, la paix et la passion sincère.
Boxeur dont la biographie est disputée par de nombreuses écoles du fait de son obscurité, Dong Hai Chuan serait né un 13 octobre 1813 (d’autres citent 1797, ce qui serait plus proche de la réalité) dans la province du Hebei (河北), au village de Zhu, dans le comté de Wen An. Son véritable nom était Dong Ming Kui (董明魁).
Il fut connu pour avoir révélé la pratique du Bagua Zhang (八卦拳) en 1866, la Chine étant alors sous le règne de l’empereur Tang Muzong (唐穆宗).
l’empereur Tang Muzong (唐穆宗)
Passionné par les arts martiaux, la chasse et les bavardages avec ses amis depuis l’enfance, il devint célèbre dans sa province pour ses qualités chevaleresques, car il avait à cœur de protéger la veuve et l’orphelin. Dong Hai Chuan quitta toutefois celle-ci à la suite d’inondations dans son village. N’ayant pas souhaité participer aux travaux de reconstruction, il fut réprimandé par sa famille, qu’il quitta également, se promettant de ne revenir qu’une fois reconnu et après avoir fait fortune.
Ayant en tête l’idée de passer les examens impériaux, il se rendit bien vite à l’évidence que ses compétences martiales étaient en dessous de celles des autres concurrents, et entreprit alors un voyage à travers la Chine afin d’améliorer ses compétences et ses habiletés en la matière.
Il défia de nombreuses écoles et maîtres pour s’améliorer. Ces maints combats lui valurent de se faire de nombreux amis et ennemis, ce qui le poussa, afin de protéger sa famille et son clan, à changer son nom en Dong Hai Chuan…
Selon certaines sources, toutes différentes, il se rendit d’abord dans le sud de la Chine : provinces du Hebei, du Jiangsu, du Zhejiang et d’Anhui.
C’est dans les montagnes de Jiu Gong (九宮山) qu’il découvrit un jour deux taoïstes s’affrontant et pratiquant une boxe étrange, basée sur la marche en cercle, changeant constamment de direction et développant leurs techniques sur le cercle même.
Alors que cette étrange façon de se mouvoir et de boxer aurait pu rebuter Dong, celui-ci s’y intéressa et se mit à observer discrètement les deux protagonistes.
Bien qu’il ait eu l’envie de se mesurer à eux, il se dissimula d’abord afin de les observer… Mais rapidement débusqué par l’un des deux taoïstes, il fut obligé de se montrer, car il est très mal vu, en Asie, d’observer la pratique martiale d’une personne sans son accord ou en cachette.
Le combat fut inévitable et Dong fut vaincu facilement par cet art qui ne semblait pas suivre les conventions classiques « linéaires » des autres pratiques chinoises. Il était cependant très heureux d’avoir trouvé enfin ce qu’il cherchait au cœur de ses pérégrinations…
Dong Hai Chuan devint ainsi l’élève de l’un des deux taoïstes, nommé Bi Cheng Xia ou Bi Deng Xia, de son véritable nom Dong Meng-Lin. Ce maître était alors âgé de quarante ans.
C’est après huit années d’une pratique intensive – à apprendre la marche en cercle, le Qi gong (氣功) taoïste et la technique de combat qui allait lui permettre d’élever son niveau martial – qu’il quitta son maître pour réintégrer la société.
Reprenant son voyage, il s’arrêta dans la ville de Suzhou (蘇州市), où il apprit que le maire de la ville projetait d’assassiner le père d’une jeune fille qu’il convoitait. Le soir même, Dong se rendit chez le maire et le tua net, libérant ainsi la jeune fille de son funeste destin.
Dès le lendemain, il fut recherché par tout le gouvernement et obligé de fuir, en direction du Henan (河南), où il changea une nouvelle fois de nom.
À Ba Zhou (霸州), dans le Hebei (河北), lors d’une foire, il surprit une brute locale en train de malmener un marchand avec sa bande. La police, corrompue, n’agissant pas, il intervint une nouvelle fois et tua neuf d’entre eux.
Arrêté et jeté en prison, il fut condamné à mort. Le soir même, il fit exploser les chaînes qui le retenaient et s’évada purement et simplement. C’est toute la province, cette fois-ci, qui fut à ses trousses (une province est approximativement grande comme une fois la France, imaginez-vous). Son portrait fut diffusé partout. Il retourna dans le Henan (河南), à Chen Jia Gou (陈家沟, berceau natal du Taiji Quan du style Chen : 陳氏太極拳), chez son beau-frère Dong Yuo-Huo.
Quelques mois plus tard, il fut présenté par un des amis de son beau-frère au palais du « quatrième prince héritier », où il devint eunuque.
Les Taijian (太監), ou eunuques, sont des hommes émasculés qui deviennent serviteurs au sein du palais, et il est ici nécessaire de préciser que toute personne devenant eunuque ou prêtre bouddhiste ou taoïste à l’époque voyait ses peines de prison ou ses poursuites pénales en cours totalement annulées.
Au cours de la dynastie Qing, cinq catégories d’eunuques existaient : responsable général, responsable de sélection, secrétaire, messager, et enfin serviteur pour les tâches ménagères. Dong intégra cette dernière catégorie… (À noter que d’autres sources précisent que, par la suite, il finit inspecteur des impôts !)
Muté plus tard au palais du cinquième héritier (Xiao Wang = Jeune empereur), Dong y rencontra son premier élève, Quan Kai Ting.
Quan était son voisin et ressentait chez Dong une extraordinaire capacité. Par curiosité, il se mit à l’observer en secret. Un jour, en l’épiant à travers un trou qu’il avait creusé, il vit Dong en train de pratiquer le Qi gong. Il lui posa immédiatement des questions, mais celui-ci nia connaître quoi que ce soit en arts martiaux.
Le soir même, alors que Dong apportait le plateau de potage et de mets au prince, Quan s’empara d’un sabre et l’attaqua par-derrière. L’esquive fut immédiate et, en se retournant, Dong lui asséna un coup de pied.
Alors que Quan fut éjecté, le plateau n’avait pas bougé. Celui-ci se mit alors à genoux et l’implora de le prendre pour disciple. Dong refusa tout net.
Quan resta alors assis devant la chambre du maître toute la nuit, se prosternant la tête contre le sol. Dong finit par accepter devant sa détermination. Le portrait dessiné que tous possèdent aujourd’hui fut réalisé par Quan.
Un tournant crucial dans la vie de Dong se produisit le jour où le jeune empereur donna un grand banquet pour montrer le haut niveau en arts martiaux de son garde du corps personnel. Il y invita ce jour-là beaucoup de monde, et après le dîner eut lieu la démonstration, à laquelle même les serviteurs purent assister.
L’on ordonna que le thé soit servi, mais l’accès à la grande salle était bloqué par le nombre de spectateurs. Dong décida alors de passer par l’arrière-salle en sautant le mur. La femme de l’empereur le surprit et on lui demanda des explications. Il en vint à décrire les circonstances qui l’avaient conduit ici. Comme le prince affectionnait particulièrement les arts martiaux, on lui demanda de faire une petite démonstration.
Il prit la décision de se montrer à son plus haut niveau de pratique et à son meilleur jour. Sa démonstration dérouta tout le monde et en étonna plus d’un. Le jeune empereur demanda alors à Dong d’essayer de vaincre Sha Wei Wei, son garde du corps personnel, en combat.
Dong accepta et ne laissa aucune chance à celui-ci. Le Xiao Wang fut très enthousiasmé et le nomma chef des eunuques, à la place de Sha. C’est à partir de ce moment-là que sa notoriété explosa et que beaucoup d’experts vinrent le défier en combat, dont il ressortit toujours victorieux. Il finit par devenir célèbre dans la capitale et commença à recevoir quelques élèves, quoiqu’en petit nombre.
Grâce aux enseignements et aux efforts de Dong et de ses élèves, le Bagua Zhang (八卦掌) devint rapidement célèbre, non seulement auprès de hauts dignitaires, mais également auprès des simples citoyens.
Dong n’enseignait jamais directement le Bagua Zhang, mais commençait par le Luo Han Quan (罗汉拳, une boxe du Shaolin). D’autres biographies rapportent qu’il ne prenait que des maîtres déjà accomplis dans un autre système d’arts martiaux chinois.
En dehors de ses élèves qui étaient entrés « dans la chambre du maître » (disciples de la Porte interne), les autres élèves étaient formés par les plus anciens.
C’est en 1874, au cours de l’année, que Dong demanda à quitter le palais royal, étant donné son âge avancé. L’on prétend aussi que ce fut à cause de ses fréquentations et des plaintes reçues que le Xiao Wang le licencia : de nombreuses personnes souhaitaient en effet le rencontrer et, parmi elles, certaines fort peu recommandables.
Il décida alors de vivre chez son gendre Shi Ji-Dong, qui avait épousé sa fille adoptive, celle qu’il avait sauvée en tuant le maire autrefois. C’est ainsi qu’il commença à recevoir beaucoup d’élèves.
Dong, âgé, se bornait à corriger les élèves et laissait le soin d’enseigner à ses plus anciens disciples, notamment Cheng Ting-Hua (程廷華).
Dong Haichuan décéda le 15 décembre 1882 à l’âge de 85 ans, de mort naturelle. Cependant, dans son ouvrage L’histoire secrète de Dong Haichuan, Li Zi Ming (李子鳴) relate qu’un jour, sa fille adoptive tomba malade. Dong, s’inquiétant de sa santé, alla consulter le pharmacien. En attendant sa préparation, il s’assit sur la banquette et une femme vint faire de même à côté de lui. Par inadvertance, celle-ci s’assit sur la cordelette avec laquelle Dong attachait sa natte.
Le vieux maître fut d’abord furieux, puis progressivement s’abattit et sombra dans la déprime. Les eunuques étaient très superstitieux et il pensait que cet acte allait lui attirer quelque malheur. Et c’est en effet ce qui se produisit : il commença, depuis ce jour, à soupirer sans fin et rien ne put l’apaiser. Il tomba par la suite malade et quitta le monde. (Certaines personnes racontent qu’il est mort chez la mère de Yin Fu, dans la pauvreté…)
Li Zi Ming (李子鳴)
PARMI LES ÉLÈVES PRINCIPAUX DE MAÎTRE DONG, L’ON RETROUVE :
VOICI COMMENT EST DÉCRITE LA PRATIQUE DE DONG HAI CHUAN
« Fondée sur les déplacements circulaires, dits “marche en cercle” (走圈 : Zou Quan) ou effectués dans les huit directions (八方步 : Ba Fang Bu), sa technique se concentre sur les manœuvres de paumes, notamment le “changement simple de paume” (单换掌 : Dan Huan Zhang) et le “changement double de la paume” (双换掌 : Shuang Huan Zhang).Un enchaînement de huit séries de mouvements exécutés pendant la “marche en cercle”, les “8 paumes anciennes” (老八掌 : Lao Ba Zhang), formalisait l’essentiel de cet enseignement. Par la suite, certains de ses nombreux disciples (on connaît les noms de 56 d’entre eux) enrichirent ce corpus initial de techniques puisées à d’autres sources : Xing Yiquan (形意拳) pour les coups de poing, Tantui (彈腿) et Chuo Jiao (戳脚) pour les coups de pied, Shuai Jiao (摔跤) pour les projections, etc. »
L’on raconte qu’un grand maître de Xing Yiquan (形意拳) du nom de Guo Yun Shen (郭雲深 : 1822-1902) combattit Dong Hai Chuan pendant 3 jours et 3 nuits, sans succès décisif d’aucun côté… La conséquence de ce match fut que les pratiquants des deux arts se respectèrent profondément, et même que, certaines fois, ils échangèrent leurs élèves pour que ceux-ci approfondissent leurs arts respectifs.
Guo Yun Shen (郭雲深 : 1822-1902), assis à droite sur la photo.
Dans une version différente de cette histoire, désirant combattre Dong Hai Chuan, Guo Yun Shen alla d’abord rendre visite à Cheng Ting Hua, un autre natif de la province du Hebei. Le disciple de Dong l’invita à dîner, et Guo souhaita lui démontrer ses « poings divins dévastateurs ». Cheng pria Guo de repenser à sa demande de vouloir défier son maître, car il n’était pas un homme ordinaire.
Guo tenta de démontrer la vitesse de sa main, mais la trouva épinglée à la table par les baguettes de Cheng. Furieux, il se dirigea vers le jardin et le défia de venir goûter à la puissance de son poing broyeur. Alors que Cheng ouvrait la porte, Guo fit exploser sa colère. Cheng se retrouva, en un clin d’œil, derrière lui. Guo se retourna et, de nouveau, le frappa avec un poing écrasant. Cheng tourna sans effort derrière lui et rentra calmement dans sa maison. Il l’invita de nouveau à entrer et finit de dîner avec lui.
Sa rage passée, Guo obéit. Alors qu’ils finissaient de dîner, Cheng expliqua qu’il ne voulait pas vraiment se battre contre le célèbre « inébranlable », mais que, s’il pouvait éviter deux coups de poing écrasants, peut-être ne devrait-il pas se risquer à combattre Dong Hai Chuan pour l’ajouter à ses trophées de combat. C’est uniquement parce qu’ils étaient tous deux originaires de la province du Hebei qu’il ne voulait voir la réputation de personne ternie. Maître Guo le remercia, repensa à la proposition de Cheng et rentra dans le Hebei.
Guo Yun Shen (郭雲深 : 1822-1902)
Aujourd’hui, parmi les nombreuses ramifications de cet art martial, on distingue principalement les styles issus de trois disciples majeurs du maître :
Toutefois, il existe bien plus de courants et de variantes, tels que le Yin Yang Ba Pan Zhang (陰陽八盤掌), le Youshen Bagua Zhang (游身八卦掌, « corps mouvant »), le Liaoning Bagua Zhang (辽宁八卦掌) de Zhong Wei Yi, le Bagua Zhang de la famille Tian, le Wudang Zhang, etc.
Les armes spécifiques qui complètent la pratique du Bagua Zhang sont :
les « crochets Ziwu des canards mandarins » (子午鸳鸯钺 : Ziwu Yuanyang Yue)
les « pinceaux du jugement » (判官笔 : Panguan Bi)
le sabre long d’1m40 (八卦刀 : Bagua Dao)
les « pointes en griffes de coq » (八卦公雞刀 : Ji Zhua Dao)
les épées-faucilles (钩镰剑 : Goulian Jian)
les « roues vent et feu » (風火輪 : Fenghuo Lun)
l’épée longue d’1m40 (八卦劍 : Bagua Jian)
la lance double (八卦雙頭槍 : Bāguà shuāngtóu qiāng), etc.
Son habileté avec une seule technique, le Beng Quan (崩拳, littéralement « effondrement »), fut légendaire, et l’on disait de lui qu’« avec son Beng Quan et un demi-pas, il renversait la terre entière » (半步崩拳打遍天下無敵手). Il était surnommé « l’inébranlable » (不動達).
LA PÉRÉGRINATION VERS L’OUEST (西遊記) SUN WU KONG, DIT LE ROI SINGE
La Pérégrination vers l’Ouest (西遊記) est un roman de Wu Cheng En. Il est aussi connu en français sous d’autres titres : « Le Voyage en Occident », « Le Singe pèlerin », « Le Roi-Singe », « Pérégrinations vers l’Ouest », « Monkey King », « Monkey Goes West », ou bien encore « Journey to the West » dans les pays anglophones, etc. Ces différents titres sont surtout dus à son héros principal, Sūn Wù Kōng, un singe immortel. Ce roman est connu de longue date au Japon sous le nom de Saiyūki (rōmaji) et au Viêt Nam sous le nom de Tây Du Ký. Mais il compte surtout parmi les grands classiques de la Chine.
Il retrace l’expédition du moine bouddhiste Xuán Zàng (玄奘), également appelé Táng Sān Zàng (唐三藏), « Tripitaka de l’Empire des Tang », Táng Sān Zàng étant un titre honorifique pour les moines ayant la maîtrise de l’ensemble du canon bouddhiste, lui-même appelé en sanskrit Tripiṭaka (त्रिपिटक), les « Trois Corbeilles ». Xuán Zàng se rendit de Chine en Inde pour en rapporter les textes authentiques du courant de la « Conscience seule » (yogācāra), afin de les traduire en chinois. Alors que le roman date du XVIᵉ siècle environ, le réel voyage du personnage historique daterait en fait du VIIᵉ (602-664), décrit par son disciple dans le Dà Táng Xī Yù Jì (大唐西域記), le « Rapport du voyage en Occident à l’époque des Grands Tang », en 646 de notre ère.
Dans ce roman fantastique, le moine rencontre toute une série de monstres prêts à le dévorer pour obtenir l’immortalité, car sa chair pure donnerait, dit-on, 10 000 années de vie à qui la mangerait. Il est aidé par des Shén (神) « Divinités », des Xiān (仙) « Immortels », des Pú Sà (菩薩 : Bodhisattva en sanskrit) et des Fó (佛 : Buddha) qui tiennent à protéger son voyage périlleux. Shì Jiā Móu Ní (釋迦牟尼 : Śākyamuni), le Bouddha historique, lui envoie la Bodhisattva Guān Yīn (觀音), la Grande Miséricordieuse, qui lui adjoint pour sa part quatre protecteurs : – un singe immortel, sorte de Hanumân indien, jadis auto-proclamé Qí Tiān Dà Shèng (齊天大聖), « Grand Saint Égal du Ciel », plus connu sous le nom de Sūn Wù Kōng (孫悟空), dont le prénom signifie « Conscient de la Vacuité » ; – un dragon, Lóngwáng Sānjūn (龍王三君) « Troisième Fils du Roi-Dragon », transformé en Bái Lóng Mǎ (白龍馬), le « Cheval-Dragon Blanc », qui sert de monture au bonze ; – un cochon ou sanglier, Zhū Bā Jiè (豬八戒), « Huit Défenses (Interdits Religieux) » ou Wù Néng (悟能) « Conscient de ses Capacités », qui ne pense qu’à manger et à fonder une famille ; – et enfin un bonze des sables, Shā Hé Shàng (沙和尚) « Moine des Sables », aussi prénommé Wù Jìng (悟净) « Conscient de la Pureté », qui ne pense, lui, qu’à devenir meilleur.
Ces quatre personnages fantastiques ont pour mission de protéger le moine Sān Zàng ; il s’agit, pour Sūn Wù Kōng, de s’assagir et de réaliser son potentiel, et pour les deux autres d’effacer les conséquences de leurs erreurs passées qui les ont transformés en Yāo Guài (妖怪) « Démons ». Cette mission leur permettra de racheter leurs fautes, d’être pardonnés par le Ciel et de devenir à leur tour des Bouddhas ou des Saints du bouddhisme.
Ce roman fait partie des quatre livres extraordinaires. On peut entrevoir au travers du récit l’époque Míng (明朝), dont le système politique et administratif est reproduit dans l’entourage des démons et dans leurs relations, ainsi que le syncrétisme idéologique et religieux, mélange de bouddhisme, de taoïsme et de confucianisme. Outre la qualité de l’écriture (descriptions attrayantes, rythme enlevé), un des attraits de l’œuvre est qu’elle offre plusieurs niveaux de lecture ainsi qu’une grande variété de thèmes. À l’instar des autres romans chinois classiques, le récit accorde une large part aux usages ainsi qu’aux combats militaires. Il met au jour les mécanismes du pouvoir, notamment la façon dont sont distribuées les charges mandarinales aux puissants, afin de s’assurer de leur loyauté et non de sanctionner une compétence particulière. À ce double titre, le ton parfois humoristique fait qu’il a pu être interprété comme une satire de la société de l’époque.
Les premiers chapitres décrivent la naissance de Sūn Wù Kōng dans les « Monts des Fleurs et des Fruits » (花果山洞天 : Huā Guǒ Shān Dòng Tiān), son intronisation en tant que « Roi des Singes », son initiation aux arts secrets et magiques auprès d’un Immortel, sa mésaventure avec les « Rois-Dragons » (龍王 : Lóng Wáng) où il va acquérir son arme suprême, le « Bâton de Bon-Plaisir Cerclé d’Or » (如意金箍棒 : Rú Yì Jīn Gū Bàng), son séjour aux Enfers, son ascension mandarinale au Ciel ratée par deux fois, sa révolte et son combat titanesque contre les Armées du Ciel, et finalement son châtiment par le Bouddha, qui le condamne à rester 500 ans emprisonné sous la « Montagne des Cinq Doigts » (五手指山 : Wǔ Shǒu Zhǐ Shān).
龍王
Les chapitres suivants nous racontent l’amitié de Sān Zàng avec l’empereur « Tài Zōng des Táng » (唐太宗), la mission que lui confie Guān Yīn et sa décision de partir chercher les sutras. On passe alors à sa rencontre avec ses disciples : d’abord Sūn Wù Kōng, qu’il délivre en premier et qui lui jure fidélité, puis Bái Lóng, le Prince-Dragon qui dévore sa monture et devient cette même monture pour le reste du voyage, Zhū Bā Jiè, et enfin Shā Hé Shàng.
Le passé humain du moine est même évoqué et l’on apprend qu’il serait en réalité la réincarnation d’un ancien disciple de Bouddha appelé « Cigale d’Or » (金蟬). Le voyage se poursuit, rythmé par la rencontre de nombreuses créatures maléfiques des deux sexes, plus pittoresques les unes que les autres. Les disciples, et plus particulièrement le singe, mettent régulièrement leurs pouvoirs fantastiques au service du bonze, dont la personnalité — mélange d’incroyable naïveté, qui en fait la proie rêvée des démons, et de sagesse — contribue à donner au Voyage sa coloration quelque peu satirique, jusqu’au but du voyage : atteindre le Royaume de Bouddha afin de se faire remettre les écritures sacrées.
JEUX VIDÉO
Enslaved: Odyssey to the West du studio Ninja Theory est un jeu d’action-aventure librement inspiré du conte. SonSon : un jeu d’arcade créé par Capcom, dont le personnage éponyme est une caricature de Sun Wukong. Xiyouji sur la Nintendo NES (1994), un jeu de plateau et de baston basé sur le roman. Saiyuki Journey West : un jeu de stratégie et d’aventure retraçant la trame du roman originel (PlayStation, Koei, 2001). Monkey Magic : jeu de plateau chronométré (sans sauvegarde) sur DS (2007). S.y.k., série de jeux de Idea Factory sortie uniquement au Japon. Les jeux League of Legends, Heroes of Newerth, Heroes of the Storm, SMITE et Dota 2 proposent un personnage jouable inspiré de Sun Wukong. C’est également le cas de Kung Fu Chaos, sorti sur Xbox en 2003, avec le personnage Monkey. Sun Wukong et Seiten Taisei, son homologue japonais, sont des démons récurrents de Shin Megami Tensei. Zhu Baije apparaît aussi dans le spin-off Persona et dans Shin Megami Tensei IV. Le jeu Fate/Grand Order a introduit un événement Journey to the West, qui sert à l’introduction d’un nouveau Servant, Xuanzang Sanzang, qui appartient à la classe Caster.
NB : Voici le lien de notre page YouTube vers une vidéo montrant le célèbre Sun Wu Kong dans une célèbre pièce d’opéra chinois (京劇) du nom de : 京剧《闹天宫》北京梅兰芳京剧团 [Le Roi Singe : Ravages au paradis].
La fondue chinoise (火鍋 : huǒguō, de huǒ, « feu », et guō, « casserole »), beaucoup l’ont souvent vue inscrite au menu d’un restaurant, mais peu savent à quel point elle peut s’avérer savoureuse. Elle est originaire de la ville de Chongqing (重庆), au centre de la Chine, où elle aurait été créée il y a près de 2 000 ans. Elle est souvent comparée à la fondue bourguignonne, à la différence que la fondue chinoise a l’avantage d’être peu calorique (ni huile, ni fromage, et du poisson plutôt que de la viande). À l’époque, le plat fut nommé en référence au bruit que fait le bouillon lorsqu’il est porté à ébullition : « gudong, gudong, gudong ». Ainsi, il fut baptisé « soupe Gudong ». Le plat devint un mets impérial sous la dynastie Qing, au XVIIᵉ siècle, une époque charnière, puisque c’est également à ce moment que la fondue devint très populaire.
LES FONDUES CHINOISES
S’il existe plusieurs types de fondues dégustées en Asie et majoritairement en Chine, on ne les mange pas de la même manière ni avec les mêmes ingrédients selon la zone géographique de l’immense territoire chinois.
On trouve par exemple la fondue de Chongqing (老重庆火锅, lǎo chóngqìng huǒguō), considérée comme la fondue originale, autrefois consommée par les travailleurs des fleuves de la région. Très pimentée et essentiellement composée d’abats, cette fondue est aujourd’hui la grande fondue chinoise par excellence.
On peut également citer la fondue au bouillon, aux saveurs plus douces et non pimentées. Elle est préparée à partir de bouillon de viande, de baies de goji et notamment de jujubes.
Autre recette : la fondue mongole, ou fondue pékinoise, servie dans le nord de la Chine et très populaire à Pékin. Elle contient principalement du mouton. Vient ensuite la fondue cantonaise, riche en poissons et fruits de mer, qui peut rappeler la bouillabaisse française. On trouve aussi la fondue sichuanaise, cousine de la fondue de Chongqing, également très pimentée.
Enfin, âmes sensibles s’abstenir : la fondue au chien, consommée dans le nord-est de la Chine et très appréciée en Corée. C’est malheureusement une version réputée, notamment auprès de la minorité bouyei de Huajiang, dans le Guangxi. On se passera de commentaires.
LA FONDUE CHINOISE TRADITIONNELLE
(FONDUE DE CHONGQING)
En résumé, la fondue chinoise consiste en un bouillon, épicé ou non, placé au centre de la table. Les convives font cuire eux-mêmes leurs ingrédients, placés dans une petite épuisette ou tenus avec des baguettes.
Exemples d’ingrédients courants :
Poissons, crustacés, noix de Saint-Jacques ou autres coquillages.
Viande en tranches très fines (blanche de préférence, mais le bœuf ou le mouton peuvent également être utilisés). Pour obtenir des tranches fines, la viande doit être partiellement congelée. À Chongqing, des tripes grossièrement coupées sont souvent utilisées.
Boulettes de poisson ou de viande.
Chair de calmar ou de seiche, coupée en petits morceaux.
Légumes : chou chinois, épinards, ciboules, champignons noirs, carottes, racines de lotus, algues, etc.
Pâtes chinoises ; au Sichuan, nouilles de riz (mifen) ; au Vietnam, dongfen, vermicelles de haricot mungo.
Tofu (pâté de soja) sous différentes formes.
Petits raviolis variés ou aliments à base de pâte de poisson (type surimi), vendus en supermarchés asiatiques spécialement pour la fondue (mandarin : 火鍋料, huǒguō liào).
LES ÉTAPES DE LA RECETTE DE LA FONDUE CHINOISE ORIGINALE
ÉTAPE 1
Préparer la viande, les poissons, les coquillages et les crustacés en retirant l’excédent de gras et en découpant en lamelles. Réserver les déchets pour le bouillon.
ÉTAPE 2 — PRÉPARATION DU BOUILLON
Dans une grande casserole, porter à ébullition un grand volume d’eau avec tous les ingrédients et les déchets. À savoir : 2 L d’eau + 1 oignon + 1 clou de girofle + 1 piment sec + 1 anis étoilé + sel & poivre selon convenance. Laisser mijoter 2 heures.
ÉTAPE 3
À la fin de la cuisson, filtrer et écumer le bouillon.
ÉTAPE 4 — PRÉPARATION DE LA SAUCE PÉKINOISE
Mélanger énergiquement tous les ingrédients, goûter et rectifier l’assaisonnement si nécessaire. Pour la sauce : 1 filet de jus de citron + 1 cuillère à soupe de ketchup + 1 cuillère à soupe de moutarde + 3 gouttes d’huile pimentée.
ÉTAPE 5
Ciseler finement la ciboulette et mélanger intimement tous les ingrédients.
ÉTAPE 6 — PRÉPARATION DE LA SAUCE CACAHUÈTES
Faire griller les cacahuètes dans une poêle bien chaude, sans matière grasse. À savoir : 3 cuillères à soupe de sauce soja + 2 citrons + 50 g de cacahuètes.
ÉTAPE 7
Mixer les cacahuètes, puis mélanger avec le jus de citron et la sauce soja. Ajouter un peu d’eau si nécessaire.
ÉTAPE 8 — PRÉPARATION DE LA SAUCE NUOC MAM
Mélanger tous les ingrédients jusqu’à dissolution complète du sucre. À savoir : 1 citron + 2 morceaux de sucre + 3 cuillères à soupe de sauce nuoc mam + 1 cuillère à soupe d’eau + 1 gousse d’ail pilée.
ÉTAPE 9 — PRÉPARATION DE LA SAUCE AU GINGEMBRE
Mélanger les deux vinaigres et le gingembre haché. À savoir : 2 cuillères à soupe de vinaigre aromatisé au gingembre + 2 cuillères à soupe de vinaigre pur + un peu de gingembre haché.
ÉTAPE 10
Maintenir le bouillon chaud durant tout le repas. C’est en trempant les morceaux de viande ou de poisson dedans qu’ils cuiront. Servir accompagné de toutes les sauces.
Bien sûr, il existe des appareils à fondue chinoise, permettant de garder au chaud cette recette ancestrale et très goûteuse. C’est un plat que nous aimons manger et partager au sein de l’école du lion d’or. Et ce notamment pour se remplir le ventre après les froids entraînements d’hiver ou pour le nouvel an chinois que nous passons traditionnellement à Paris dans le treizième arrondissement.